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LE CONSTRUCTEUR ACCUSÉ DE «DIESELGATE» MASSIF

Renault suspecté de fraude

Les conclusions de la direction de la répression des fraudes, rendues en novembre, ont largement contribué à l'ouverture de l'information judiciaire le 12 janvier par le parquet de Paris visant Renault pour «tromperie sur les qualités substantielles et les contrôles effectués».

«Des stratégies frauduleuses» ont été mises en place depuis plus de 25 ans au sein du groupe Renault pour fausser les tests d'homologation de certains moteurs, soupçonne le service français de la répression des fraudes pour lequel «l'ensemble de la chaîne de direction» est impliquée. Le numéro deux du constructeur automobile, détenu à près de 20% par l'Etat français, Thierry Bolloré, a apporté à l'AFP «un démenti formel» à ces accusations. «Renault ne triche pas (...) tous les véhicules ont été homologués conformément à la réglementation en vigueur», a-t-il assuré. Le titre a toutefois plongé de 3,67% à la Bourse de Paris, dans un marché quasi stable. Dans un rapport dont l'AFP a eu connaissance, le service de la répression des fraudes suspecte le constructeur automobile d'avoir utilisé «un logiciel» programmé pour parvenir à respecter les normes européennes antipollution. Ce document se concentre sur des modèles récents, mais le service de la répression des fraudes, qui s'appuie sur le témoignage d'un ex-salarié, estime que certaines pratiques remontent à 1990. «Plusieurs véhicules étaient équipés de dispositifs de détection de cycle» qui permettaient à la voiture de repérer si elle était en train de passer des tests d'homologation. Dans ce cas, l'électronique adaptait le fonctionnement du moteur pour que ce dernier émette moins de polluants, d'après cet ancien technicien qui a quitté le groupe en 1997. «L'ensemble de la chaîne de direction de la société qui rend compte en dernier ressort à son P-DG Carlos Ghosn» est impliquée, selon le rapport. «Aucune délégation de pouvoir n'a été établie par M.Ghosn concernant l'approbation des stratégies de contrôle utilisées pour le fonctionnement des moteurs», relève notamment le service de la répression des fraudes qui conclut à «la responsabilité» du P-DG. L'enquête se concentre sur les moteurs diesel Euro 5 et Euro 6, homologués à partir de septembre 2009. Le document met en lumière des écarts importants entre les performances de certains d'entre eux au moment de leur homologation en laboratoire et leur utilisation en conditions réelles, en particulier les modèles Renault Captur et Clio IV qui dépasseraient le seuil réglementaire d'émission de dioxyde de carbone respectivement de 377% et de 305%.
«Ces résultats permettent de soupçonner l'installation d'un dispositif frauduleux qui modifie spécifiquement le fonctionnement du moteur, pour en réduire les émissions de NOx (oxydes d'azote, Ndlr) dans des conditions spécifiques du test d'homologation, afin que les émissions respectent les limites réglementaires», conclut la Dgccrf dans son procès-verbal. Ses conclusions, rendues en novembre, ont largement contribué à l'ouverture de l'information judiciaire le 12 janvier par le parquet de Paris visant Renault pour «tromperie sur les qualités substantielles et les contrôles effectués». Ces soupçons rappellent le scandale Volkswagen, qui a reconnu en septembre 2015 avoir équipé onze millions de ses véhicules diesel à travers le monde d'un logiciel destiné à tromper les contrôles anti-pollution. Partie des Etats-Unis, cette affaire a coûté pas moins de 23 milliards de dollars au géant allemand dans ce pays. Pour Maître Frédérik-Karel Canoy, avocat de parties civiles dans l'affaire Renault, «ces faits très graves nécessitent une réponse judiciaire qui, conformément au Code pénal prévoit une réparation intégrale pour les parties civiles».
«Nous demandons le remboursement du véhicule litigieux à son prix d'achat, la prise en compte du préjudice moral et des frais d'avocats», a ajouté l'avocat, qui a mis en place une plateforme pour recueillir les plaintes. Le syndicat CGT de Renault, un des plus importants du groupe, a pour sa part déploré que l'image de l'entreprise soit «fortement ternie par ces révélations». Il a appelé la direction à «faire toute la lumière sur cette affaire qui traîne depuis trop longtemps».

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