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Symphonie au pied du mur

Des musiciens et des artistes venus du monde entier sont au pied du mur, à Jérusalem, pour donner un concert ininterrompu jusqu´à ce que Sharon renonce à construire le mur de séparation entre Israël et la bande de Gaza, que certains ont déjà surnommé le mur de la honte. C´est tout de même assez curieux que le Likoud, qui ne reconnaît pas l´existence juridique d´un Etat palestinien, contrairement aux intellectuels de gauche, s´obstine à vouloir ériger une muraille entre les deux peuples. Yasser Arafat lui-même, figure emblématique et historique palestinienne, est encerclé dans son palais à moitié détruit par Tsahal, à Ramallah, alors, que les maisons des militants nationalistes palestiniens sont dynamitées tous les jours, quand elles ne sont pas détruites au bulldozer.
Pendant ce temps des musiciens, des peintres, des cinéastes, des poètes, des écrivains du monde entier, certains même sont juifs ou arabes, s´échinent vaille que vaille à vouloir jeter des passerelles et prôner la paix entre les deux peuples, qui s´affrontent depuis plus d´un demi-siècle maintenant, dans un conflit qui est l´un des plus longs que l´humanité ait connu. Parmi les projets artistiques qui retiennent l´attention, on peut citer ce film documentaire réalisé par les cinéastes José Reynes et Samir Abdellah sur la délégation du Parlement international des écrivains qui s´est rendue, en 2003, en Palestine et en Israël, sur l´invitation du poète palestinien Mahmoud Darwiche, lui-même assiégé à Ramallah. Dès le début du voyage, chaque écrivain lit un texte dans sa langue au théâtre Al Kassabah de Ramallah. Il y a là le Nigerian prix Nobel de littérature Wole Soyinka, l´Espagnol Goytisolo, le Sud-Africain Breytenbach, l´Italien Consolo. L´Algérie est symboliquement présente à cette rencontre, puisque le Parlement des écrivains a été créé à la suite de l´assassinat, en 1993, du journaliste-écrivain algérien Tahar Djaout. Un appel signé par 300 auteurs va déboucher sur la création du Parlement des écrivains à Strasbourg en 1994, sous la présidence de Salman Rushdie, pour venir en aide aux écrivains persécutés. Rushdie passera le témoin de la présidence à Wole Soyinka en 1997, auquel succèdera Russels Banks en 2000, lui-même membre de la délégation qui répondra à l´appel de Mahmoud Darwiche. On peut également citer le projet de paix Beilin-Rabbo, auquel a souscrit l´écrivain Marek Halter. Se voulant réaliste, ce dernier déclare qu´il ne suffit pas de vêtir l´habit d´une colombe en mettant en avant le slogan «La paix, la paix» pour que cette dernière se fasse. Il est plutôt pour des projets bien définis, comme les accords d´Oslo. A ceux qui lui demandent, côté juif, si Yasser Arafat n´est pas un obstacle, ou le contraire à propos de Sharon côté palestinien, il répond tout simplement qu´Arafat est devenu un symbole et une icône de la cause palestinienne, et que Sharon a été élu démocratiquement. «De toutes les manières, nous ne sommes plus au temps de Moïse qui a attendu dans le désert qu´une génération disparaisse pour accomplir sa promesse.» Arafat et Sharon, il faut faire avec, mais c´est Sharon qui est l´agresseur, et Arafat la victime. Toute la nuance est là. Qui sait ? Peut-être que les poètes, les musiciens, les peintres, les cinéastes, réussiront là où le quartette et l´ONU ont échoué.

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