El Fhama revient à l’écran sous forme de chaîne après 19 ans d’absence
L’émission satirique El Fhama, qui avait marqué sa présence sur l’écran de la télévision algérienne publique pendant plus de 7 ans, au début des années 2000, revient sur le petit écran, pas en tant que programme audiovisuel mais sous forme d’une chaine de télévision ! Le producteur de Badivision, Mohamed Sahraoui, a annoncé sur sa page facebook le lancement d’El Fhama TV sur le satellite Eutelsat 7W. On s’interroge sur le pourquoi du lancement de cette chaîne maintenant, alors que la majorité des membres a quitté la production.Lancé au début des années 2000, par le DG de l’Entv de l’époque, HHC, l’émission El Fhama avait connu le succès grâce à son ton libre et ses comiques, dont l’un deviendra député, et l’autre ministre. Ils étaient comparés aux Nuls ou aux Inconnus. Mais après le départ de HHC, en 2009, le nouveau DG de l’Entv, Abdelkader Leulmi, a stoppé l’émission populaire El Fhama et cela après plus de 7 ans de présence sur le petit écran de l’Unique. La direction de la télévision a notifié l’arrêt de la diffusion de cette émission loufoque par courrier. C’est au directeur de la programmation à l’Entv qu’est revenue la délicate mission d’annoncer la mauvaise nouvelle à Mohamed Sahraoui, le patron de Badivision. A l’époque, on avait prétexté que l’émission coûtait cher et ne rapportait rien. En effet, le concept d’El Fhama était simple : une émission comique, burlesque, réalisée par une mise en scène simple, des moyens modestes basés sur le reportage et l’incrustation, et avec des comédiens amateurs et anonymes (seul Hakim Guemroud a fait du théâtre et est diplômé de l’École supérieure de banque).L’émission reprenait des situations de la vie quotidienne algérienne avec un ton loufoque, voire comique. Certains épisodes de cette émission étaient saupoudrés de messages forts et touchaient surtout des sujets sensibles comme le chômage, la crise du logement, la violence, la délinquance, la drogue, l’ignorance et même la bureaucratie. El Fhama, qui signifie intelligence, diffusait aussi des télés-trottoirs de la vox populi, très intéressants, sur des sujets variés comme le mensonge, la peur, la franchise ou encore l’infidélité. Mais l’une des forces de cette émission était surtout la reprise de chansons du répertoire algérien, ponctuées par des danses et des costumes très originaux. L’émission, qui dérogeait aux règles élémentaires de la mise en scène et de la comédie à la télévision, avait été pourtant acceptée par l’ancien DG de l’Entv, Hamraoui Habib Chawki. En l’espace de trois ans, El Fhama explose et gagne en audience. Elle était devenue le symbole de la liberté de ton et d’expression à la télévision. El Fhama a même servi de success story dans l’émission Les télés du monde (spécial Algérie) produite par Point Virgule et diffusée sur Arte. Mais un épisode va stopper l’élan de son producteur, Mohamed Sahraoui. Un sitcom Hal Oua Ahouel, produit par Bady durant le Ramadhan 2008, sera stoppé par le DG de l’Entv suite à une violente critique sur la presse. Cet arrêt a conduit automatiquement à la fin d’El Fhama. Après l’ouverture audiovisuelle, les comédiens d’El Fhama se sont dispersés et volé de leur propres ailes. Le lancement très tardif de la chaîne El Fhama TV ne sera qu’un espace de rediffusion des anciens programmes en l’absence d’un véritable retour de toute l’équipe d’El Fhama.
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