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Belhimer et les «vrais journalistes»

«Séparer le bon grain...». Dans une interview accordée, mardi dernier, au quotidien El Likaa, le ministre de la Communication, Ammar Belhimer, a abordé plusieurs sujets liés au secteur. Parmi ces sujets et à quelques encablures de la Journée nationale de la presse, le 22 octobre prochain, nous avons relevé dans son intervention ce qui peut être considérée comme la cause principale de tous les malheurs que vit notre profession: celle de l'identification des «vrais journalistes». Après avoir rappelé que son département accordera «un appui fort aux journalistes professionnels», le ministre a ajouté que «toute tentative d'exploitation de la profession de journaliste ou déviation de la bonne voie est considérée comme une atteinte au droit du citoyen à l'information juste» tout en évoquant la révision de la législation qui est en cours pour «permettre aux vrais journalistes d'exercer leur métier dans de meilleures conditions». Et quand un ministre de la Communication parle de «vrais journalistes» ce n'est pas sans raison. D'abord et par déduction, cela signifie qu'il y a lieu de les distinguer des «faux journalistes». Ou pour être moins tranchants, disons qu'il y a des «journalistes non accomplis». Cet état de fait est d'une profondeur telle qu'il devient aujourd'hui urgent d'assainir la profession. Pour une meilleure compréhension du grand public, il faut savoir que dans l'état actuel des choses, l'exercice de notre profession n'est pas codifié. Tout le monde et n'importe qui peut se prévaloir être journaliste sans aucune autre formalité que le bon vouloir du propriétaire d'un organe de presse. Les recrutements n'obéissent à aucun critère de qualification. Ajoutez à cela que la législation a été tellement malmenée, que certains propriétaires d'organes étaient eux-mêmes étrangers à la profession. Un industriel ou un homme politique pouvait créer un organe de presse (pour siphonner l'argent de la publicité publique) en recrutant n'importe quel quidam qui deviendra du jour au lendemain «journaliste». Cela peut étonner le commun des mortels, mais c'est la triste réalité que subit notre profession portant ainsi «atteinte au droit du citoyen à l'information juste» comme l'a si bien souligné Belhimer. Mais aussi, qui porte atteinte à la dignité des vrais journalistes qui se retrouvent, de ce fait, confondus avec les intrus. Ce qui donne lieu également, aux dépassements auxquels on assiste.
Aux diffamations. Aux fake news. À la médiocrité. En pesant les mots, on peut dire qu'il y a actuellement des usurpations de la fonction de journaliste qui est un délit et que la justice devrait combattre. Oui, mais alors que faut-il faire pour sortir de cette «mélasse» et faire en sorte de rendre au journalisme algérien ses lettres de noblesse? Réviser la législation qui est en cours comme annoncé par le ministre? Oui, mais pas que, car avant toute chose il faut définir les critères qui consacrent la qualité de journaliste professionnel. Pas seulement avec un statut de la profession qui n'agit qu'en aval. Il faut réfléchir en amont. Pour faire simple et dans le meilleur des cas, il ne suffit pas d'avoir fait des études supérieures pour exercer le journalisme. À l'inverse, il faut se convaincre que le journalisme est une vocation. Comme pour tous les métiers de la culture (écrivains, comédiens, peintres, musiciens, etc.), le journalisme requiert des dons qui vont de la curiosité à l'esprit d'analyse en passant par un besoin inné de culture générale sans cesse alimentée. Même pour le journalisme spécialisé. Economique, politique, juridique, culturelle, sportive, etc. Ceci dit, il n'est pas rare dans l'histoire universelle de la presse de trouver de grands journalistes qui n'ont pas fait d'études supérieures. Les exemples d'Emile Zola ou plus près de nous de Kateb Yacine suffisent pour l'illustration. Ceci pour dire que les études supérieures, y compris la licence en sciences de l'information, ne suffisent pas pour faire un journaliste professionnel. Surtout si ses professeurs n'ont jamais exercé la profession.
C'est une bonne base, c'est tout. Le but de tous ces détails est d'arriver à l'idée qu'il est nécessaire de créer l'épreuve qui ouvrira la profession aux «vrais journalistes». À l'instar des notaires, des huissiers de justice, des avocats aussi, l'exercice du journalisme doit être validé par un concours national qui, comme pour les autres exemples cités, sera annuel. Pour les journalistes sans diplômes universitaires, un press-book et un stage effectif de 5 ans dans un organe de presse pourraient ouvrir droit au concours. C'est une étape indispensable si l'on veut assainir durablement le journalisme professionnel dans notre pays. Avec une qualité à même de mieux servir les Algériens. La législation en aval sera plus facile. Et les intrus boutés hors champs!

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