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L'absent ne parle jamais

Il arrive souvent à des magistrats de relaxer un inculpé bien défendu et ce, en l'absence de la victime.

Un magistrat du siège est vite désarçonné par l'absence d'une victime, convoquée trois fois et qui n'a jamais voulu se présenter le jour du procès, surtout si cette personne absente a, lors du dépôt de plainte, trompé la justice en donnant de fausses coordonnées, et donc impossible à toucher. Ajoutez à tout cela, le casier «barbouillé» par des précédents, de l'inculpé, et vous aurez un spectacle insolite!Me Hocine Bouchina, l'avocat de la rue docteur Saâdane, Alger et Me Mohamed Djediat, de la rue Patrice-Lumumba, sont chargés de défendre Kharchi S.un jeune de 22 ans - tout rond- et aussi grand qu'un joueur de basket-ball, version N.B.A. L'article 350 du Code pénal pend au nez du détenu. Il a fait deux déclarations contradictoires. Il en fait une, toute autre, troisième devant la présidente.
Les deux avocats vont alors s'employer à convaincre le tribunal que ce «repris justice» est, cette fois, véritablement innocent «puisqu'il n'a fait que nier depuis son interpellation à la suite de la plainte de la victime», a marmonné Me Djediat, sûr de ses propos.
Le témoin Saridi G., commence par raconter ses péripéties, mais la présidente lui rappelle qu'il doit témoigner sur le vol commis le 2 du mois. «Le 2, jour du vol, j'étais avec Kharchi, je le jure devant Allah». Pour les deux défenseurs, c'était du gâteau dès lors que ces propos sont tombés à point nommé pour édifier le tribunal que le bijou n'avait pas été volé ce jour par l'inculpé.
La procureure, a, «mécaniquement» requis tout de même un an d'emprisonnement ferme car, dira-t-elle: «Kharchi a vu Saridi à 14 heures, alors que le délit a été commis une heure plus tôt. Vous aviez tout le temps de vous rendre auprès du témoin, n'est-ce pas? Le vol, fait prévu et puni par l'article 350 du Code pénal (loi n° 06 -23 du 26 décembre 2006), parle grosso modo de...
«Quiconque soustrait frauduleusement une chose qui ne lui appartient pas est coupable de vol et puni d'un emprisonnement d'un (1) an à (5) ans et d' une amende de 100000 DA à 500000 DA...»
Me Bouchina a axé son intervention sur «les renseignements donnés par la victime qui n'ont rien à voir avec notre client.
Et puis, Madame la présidente, pourquoi ne pas le croire lorsqu'il vous affirme qu'il n'a quitté l'hôpital que vers 15 heures!», a lancé le défenseur qui a vivement réclamé la relaxe. «Pourquoi l'absence aujourd'hui de la pseudo-victime? Elle aurait pu se déplacer et venir réclamer les dommages et intérêts de son bien jamais retrouvé!» a lancé, debout et désabusée, la parquetière. «Simple, Madame la présidente, elle a donné de fausses coordonnées, la concernant, comme elle a donné de faux renseignements.
Donc, avec cet argument, nous nous permettons de rappeler que la colonne vertébrale d'une inculpation reste une bonne lecture et une maîtrise de l'ordonnance de renvoi. C'est un dossier quasi vide, tout comme l'ordonnance de renvoi», a répliqué Me Djediat.
La procureure a néanmoins, réclamé une peine d'un an ferme, sans, évidemment présenter de preuves. «Seule, la relaxe peut redresser cette fâcheuse situation. Un innocent croupit en taule et la victime est chez elle sans se soucier de l'état de ce jeune qui mérite la réhabilitation», avait rugi Me Bouchina.
La magistrate, en juge avisée, préfère réfléchir encore jusqu'à la fin de l'audience pour rendre le verdict suivant: la relaxe de Kharchi S. au bénéfice du doute.

De Quoi j'me Mêle

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