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La juge a du sang-froid

FERHAT. R. est en taule depuis un semestre. On lui reproche le vol d’une voiture...

Les deux avocats, dont un ancien bâtonnier, se sont fortement démenés comme deux chevaliers dans - et - sur la piste de l’arène en vue de convaincre le trio de magistrats de la chambre correctionnelle de la cour d’Alger, de la bonne foi du justiciable. A cela, s’ajoute l’inébranlable procureur général, cet expérimenté homme de loi, qui ne veut pas prêter l’oreille aux fallacieux arguments de la défense qui a mis toute son expérience pour sauver les meubles de l’inculpé. Oui, le détenu a commis une énorme bévue, en rachetant un véhicule volé, retapé et revendu plusieurs fois. « Notre client n’a pas écopé d’une lourde peine de prison ferme pour un seul délit, en l’occurrence le vol. Non. On lui a ajouté le faux et usage de faux ! », a protesté l’avocate, jeune maman depuis cinq mois, qui a en outre indiqué que l’inculpé n’a pas eu toute l’attention attendue du tribunal. Il a été très mal écouté. Il avait dit la vérité à tous les niveaux des auditions (police judiciaire. juge d’instruction, parquet et section détenus du tribunal). La chambre est interpellée en vue de se pencher sur le dossier qui contient tout, toute la vérité. La présidente est en totale communion avec le jeune conseil. La juge, qui n’aime pas beaucoup que certains plaideurs perdent du temps à souffler dans un cornet écorné, regarde ses conseillers, les bras croisés, signe révélateur d’une attention soutenue, qui murmurent de temps à autre une question du côté de la juge au sang-froid exemplaire qui est aussi, l’unique personne dans cette vaste salle d’audience à posséder le pouvoir de poser les questions. Ferhat répond sereinement, sans balbutier, à toutes les questions, même les plus enfonçantes du représentant du ministère public. Il s’exclamera que « c’est là un signe d’injustice que je sois détenu depuis presque six mois, parce qu’on veut prendre le chef de cette association de malfaiteurs, que les flics ne sont pas arrivés à neutraliser. Il ne se cache pas chez moi ! Je ne le connais même pas !» C’est là un signe - peut-être - qu’il n’y est pour rien dans cette galère où un employé modèle s’est trouvé embarqué en compagnie d’un tôlier, coupable lui, de faux et d’usage de faux, fait prévu et puni par l’article 222 du Code pénal qui dispose que : « Quiconque, contrefait, falsifie ou altère les permis, certificats, livrets, cartes, bulletins, récépissés, passeports, ordres de mission, feuilles de route, laissez-passer ou autres documents délivrés par les administrations publiques en vue de constater un droit, une identité ou une qualité, ou d’accorder une autorisation, est puni d’un emprisonnement de six mois à trois ans et d’une amende de 1500 DA à 15 000 DA. Le coupable peut, en outre, être frappé de l’interdiction de l’un ou plusieurs des droits mentionnés à l’ article 14, pendant un an au moins et cinq ans au plus. La tentative est punie comme le délit consommé. Les mêmes peines sont appliquées :
1/ à celui qui, sciemment, fait usage desdits documents contrefaits, falsifiés ou altérés ;2 / à celui qui fait usage d’un des documents visés à l’ alinéa premier, sachant que les mentions qui y figurent sont devenues incomplètes ou inexactes.
« Madame la présidente, nous réclamons la relaxe pure et simple pour notre client pour une solide raison », a lancé l’ancien bâtonnier qui a ajouté que « l’inculpé Ferhat R. A, dès qu’il a appris le jugement prononcé par la farouche et très sévère présidente de la section pénale de Hussein Dey (cour d’Alger), rejoint le tribunal, tout employé sérieux qu’il était, pour y être entendu. Il est vrai qu’il ne s’était pas présenté le jour de l’énoncé du verdict ! » Revenant brièvement aux faits, l’avocat a rappelé que la bonne foi de l’inculpé a fait qu’il a acquis une auto... volée. « Oui, il a commis une bêtise, même si je m’élève contre le fait qu’il n’y était pour rien dans ce dossier. Il n’a ni volé ni participé au méfait. C’est pour cela que nous demandons qu’il faut juger les faits, certes, auxquels l’inculpé n’est pas concerné, mais aussi se pencher sur la personnalité du client ! », ont dit à l’unisson les deux défenseurs qui hausseront les épaules lorsque le procureur général a requis la confirmation du jugement prononcé en première instance. Pour le traditionnel dernier mot, Ferhat R. a certifié qu’il ignorait tout de la voiture volée, avec en guise de cadeau empoisonné, de faux papiers. Le verdict était attendu, par les proches du détenu, croyant l’affaire achevée. Hélas, la justice a ses procédures, ses règles et ses lois ! Madame la présidente, soulagée et imperturbable, annonce la mise en examen de l’affaire pour la semaine prochaine. Ah ! Bon ? Ça alors, c’est bon signe pour les initiés car la composition va mieux délibérer loin du brouhaha de la salle d’audience et de l’autre... celle des « pas perdus », où les murmures et autres éclats de voix cassent la solennité des lieux.

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