{{ temperature }}° C / {{ description }}

Cité introuvable.

Le chèque du «Cheikh»!

La victime d'émission de chèques sans provision, a tenu à assister aux débats, alors que la loi lui permet de rester chez elle, le procureur s'occupant de sa «défense»!

Cette fois, la victime est là et exige les cent-vingt-trois mille quatre-cent-vingt mille dinars restants... des 15 milliards de centimes à payer! Lorsque le prévenu se lève du box, pour l'unique caméra, le procès se déroule en Visiconferénce, la victime a un rictus moche.
Le prévenu a remis 14 chèques datés tous du mois de mars, allant de 2018 à 2020. «Pour prouver ma bonne foi, j'ai déjà versé sept milliards, neuf- cent-cinq millions de centimes», récite l'inculpé, Le président de la chambre pénale tente de saisir en l'air l'escroquerie qui a vu le prévenu écoper en première instance d'une peine d'emprisonnement ferme de 3 ans pour émission de chèques sans provision. Le malheureux détenu a beau ré-évoquer le premier versement, rien à dire. Le juge parle dinars. Alors, le prévenu change de tactique et commence par jurer sur tous les saints de la région, qu'il a été blousé, roulé, humilié mais qu'il reconnaissait avoir remis des chèques en bois.
Comme pour détendre tout ce beau monde, le président de la chambre correctionnelle demande à l'avocat de la partie civile de plaider. Il est alors question d'escroquerie, de mauvaise foi, de parole donnée et reniée. «Monsieur le juge, figurez-vous que de nos jours, la mauvaise foi circule mieux que la piété! Certaines personnes ne croient plus en Allah et ses recommandations: sinon, comment expliquer que Belgacem G. le prévenu, père de six enfants, commerçant de son état, puisse reconnaître sans honte toute bue, qu'il a déjà versé une avance et signé des chèques en bois? Oui, comment expliquer ce phénomène? La cour a suivi les réponses du prévenu et remarqué qu'il n'a même pas eu le courage de demander pardon à Cheikh H, traversant sept wilayas avec tous les risques de la route et du «Covid-19».
La victime qui s'est déplacée de Mila, l'a fait pour récupérer son dû. Nous réclamons notre dû et les dommages et intérêts, et ici, la loi est claire!», a récité le conseil qui a laissé sa place au parquetier qui effectue ses demandes en confirmant le jugement du tribunal. «Il faut que les gens sachent que la mauvaise foi doit être combattue.» Le jeune conseil du prévenu met le doigt sur les difficultés rencontrées quotidiennement: le chômage, la misère, le coût de la vie. «Donnez-lui une chance afin qu'il puisse régler ses dettes!» Puis le confrère avait à coeur d'effacer certains «dépassements», commis par la défense de la victime: «Comment mon cher confrère et ami de longue date, peut - il se permettre de jouer aux donneurs de leçons spirituelles? Comment a-t-il osé dire que mon client a désobéi à Allah? Emettre un chèque en bois, est en soi, un délit, pas un blasphème! Restons sur terre et à la rencontre d'Allah, nous verrons bien ceux qui croient ou pas!», souffle l'avocat qui suit le dernier mot de son client: «Établissez-moi un échéancier pour être en règle avec mon adversaire!», dit, la gorge nouée, le détenu qui venait peut-être de réaliser la gravité de son acte. Le débonnaire juge qui sera, quelques jours plus tard suspendu après la visite d'un inspecteur du ministère de la Justice, pour un début d'enquête autour d'un pot-de-vin émis par l'épouse d'un accusé de trafic de drogue dont le dossier était en examen, parcourt une dernière fois le dossier, dans l'arrière salle.
Il ne tardera pas, le temps pour le trio de juges du siège de vérifier que toute la procédure a été bel et bien respectée et, de retour dans la salle d'audience pratiquement vide, et prononce le verdict suivant: le prévenu écope d'une peine de prison ferme d'un an. Il aura tout le temps de méditer sur l'unique délit, à savoir l'émission de chèque sans provision...

De Quoi j'me Mêle

Placeholder

Découvrez toutes les anciennes éditions de votre journal préféré

Les + Populaires

(*) Période 7 derniers jours