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La chronique judiciaire

Un gamin monstre ?

Un père de famille poursuit son fils pour coups et blessures volontaires, mais dérape devant la juge qui n’est pas O.K avec...

La colère est, dit-on, mauvaise conseillère. Un père de famille se présente à la barre dans un état second, à telle enseigne qu’il n’a pas trouvé les mots qu’il faut pour s’adresser à Folla Ghezloune, la juge du jour. Il est vrai que le monsieur s’était présenté en qualité de victime de coups et blessures volontaires ayant entraîné un arrêt de travail de 25 jours, sauf complications. L’auteur de ce « massacre » n’est autre que son fils cadet âgé de 19 ans ! Oui, le fils qui a donné une mémorable raclée. Cette raclée a vu le père et son enfant devant le juge. Ce dernier aura mille et une difficultés pour tenter d’arriver à la vérité. D’abord, sur le pourquoi de ce drame, car c’en est un que de voir un papa poursuivre le rejeton en justice. En effet, le fiston n’a pas trouvé mieux que de rosser le papa vraiment déçu et franchement démonté par ce qui lui est arrivé. Il a dit son courroux à la juge qui a compris la colère du père blessé, qui a dépassé les limites de la bienséance et de la mesure puisqu’il n’a pas hésité à qualifier son fils de « monstre », un terme qui a déplu à la magistrate qui n’a pas laissé passer ce qualificatif en articulant sans ire ni haine, en direction de la victime que le dégoût a métamorphosée : « Monsieur, vous êtes victime de coups et blessures de la part de votre enfant. La justice fera son travail et vous verrez qu’elle ne s’amuse pas avec la loi ! Alors, laissez le tribunal en paix. Ne le perturbez pas, à condition que le tribunal fasse son boulot dans la sérénité, sans pression aucune ! Oui ! C’est inadmissible que d’apprendre qu’un gosse puisse lever la main sur son papa, mais c’est encore plus inadmissible d’entendre ce même père qualifier son fils de monstre ! C’est triste, mais aussi regrettable d’entendre des propos hideux dans l’enceinte du tribunal qui rejette ces mêmes propos ! Non, monsieur, il ne faut jamais traiter un enfant, un morceau de soi, de monstre ! C’est tout de même votre enfant et il n’est pas permis de traiter quelqu’un de monstre, encore moins son propre fils ! Il n’est jamais recommandé de lâcher ici, au tribunal, des propos dont on regrette sur place la portée. » La vaste salle d’audience qui est pleine comme un œuf, est muette devant le « prêche » de la juge. Il y a par la même occasion, beaucoup de mamans venues assister au procès de leurs enfants poursuivis pour divers délits, Il faut préciser que durant le prêche de la juge, une partie de l’assistance retenait son souffle, craignant une riposte malvenue du paternel révolté par l’audace de la présidente qui a osé s’en prendre au père agressé. Eh, bien, non ! Rien de tout cela ne semble vrai. Le papa ne fit rien qui puisse froisser le tribunal. Au contraire, le pauvre malheureux se confondit en excuses et alla directement se rassoir—-sans la permission de la magistrate qui comprit le désarroi du père, qui venait de recevoir là, une inoubliable leçon, nouvelle pour lui ! Comme quoi, l’adage qui dit qu’ « à chaque chose, malheur est bon », le papa a certes reçu une sérieuse remontrance de la juge, mais c’était uniquement pour son bien. Pendant ce temps, Maître Malek Kouribèche, l’avocat, ne cessait de faire les cent pas dans l’aire du prétoire réfléchissant d’ores et déjà au développement de la plaidoirie qu’il a dû certainement préparer. Et la réflexion de la présidente est tombée à point nommé pour mettre dans la gibecière du plaideur une bonne cartouche de défense qui vaudra ce qu’elle pourra amener au malheureux que rien ni personne ne peut sauver du calamiteux geste qu’il a commis ! Des faits répréhensibles, car aller au-delà des coups, sent le crime abominable que le citoyen normalement constitué flétrit sans réfléchir, puisque Allah a formellement défendu aux enfants d’agresser leurs parents, la mère en tête. Dans notre pays, les « coups sur ascendants », fait prévu et puni par l’article 267 (ordonnance n° 74- 47 du 17 juin 1975 ), dispose que «quiconque, volontairement, fait des blessures ou porte des coups à ses père ou mère légitimes, ou autres ascendants légitimes, est puni ainsi qu’il suit : 1°) de l’emprisonnement à temps de cinq à 10 ans si les blessures ou les coups n’ont occasionné aucune maladie ou incapacité totale de travail de l’espèce mentionnée à l’article 264 ; 2°) du maximum de l’emprisonnement de cinq à 10 ans s’il y a eu une incapacité totale pendant plus de 15 jours. 3°) de la réclusion à temps de 10 à 20 ans si les blessures ou les coups ont été suivis de mutilation, amputation ou privation de l’usage d’un membre, cécité ou perte d’un œil ou autres infirmités permanentes. 4°) de la réclusion perpétuelle, si les coups portés et les blessures faites volontairement, mais sans intention de donner la mort, l’ont pourtant occasionnée. —Lorsqu’il y a eu préméditation ou guet-apens, la peine est : le maximum de l’emprisonnement de cinq à 10 ans, dans le cas prévu au paragraphe 1° ci- dessus; —La réclusion à temps de 10 à 20 ans, s’il est résulté des blessures faites ou coups portés, une incapacité totale de travail pendant plus de 15 jours. La réclusion perpétuelle, dans les cas prévus au paragraphe 3° du présent article ».
Le papa ayant maintenu sa plainte et retiré le mot monstre », le dossier fut mis en examen.

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