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MON CHER VIEIL AMI NOUREDDINE NAÏT MAZI PAR KADDOUR M'HAMSADJI

Pour un temps d'émotion et de souvenir

SÎ noureddine naÏt mazi, né le 15 janvier 1935 à Paris, militant nationaliste entier, vient d'un pas discret de s'en aller de ce monde. Dans le journalisme algérien, il laisse une trace indélébile de son professionnalisme et de ses sentiments les plus chaleureux de formateur de jeunes talents.

Je me sens le devoir et le plaisir, en guise d'hommage à cet exceptionnel ancien directeur général d'El Moudjahid, de reproduire, en ce Temps de lire - bien qu'ayant été très heureusement reprise ailleurs -, ma modeste contribution au double hommage qui lui avait été réservé au cours du 16e Salon du Livre d'Alger (Jeudi 29 septembre 2011) par le journal L'Expression et au Forum d'El Moudjahid avec la projection d'un film documentaire sur sa passion journalistique (samedi 24 novembre 2012). En voici le texte intégral, intitulé Mon cher vieil ami Noureddine Naït Mazi.
(Lire égal. L'Expression du vendredi 15 - samedi 16 avril 2016, p. 2: «Pensée émue pour l'Ami.»
«Mesdames, Messieurs, J'ai un coup de coeur à partager avec vous, mais aucun souci de composition ne le subordonne à une sincérité de circonstance, en tout cas pas à celle-ci qui nous réunit présentement. Je me propose, en effet, de montrer, à grands traits, par un exemple simple, que la vertu fait prendre conscience au journaliste de l'homme indispensable qu'il est à sa société première et, sans doute plus largement, par cercles concentriques successifs, aux sociétés situées au-delà de toutes les frontières. Lorsque l'on rencontre un journaliste, il devient de plus en plus important de croire à la vertu qu'on lui donne qu'à celle qu'il se donne lui-même. Toutefois, la première comme la seconde se méritent non par le préjugé favorable, effet de la profession, mais par la pratique qualitative du dévouement personnel à la profession. Eh bien, notre ami Noureddine Naït Mazi en est un splendide et très utile spécimen; à bien des égards, il l'était déjà pour la génération d'hier - j'allais dire d'autrefois -, il l'est encore aujourd'hui pour ceux qui ont embrassé librement ce métier difficile, mais dont le bonheur est sans limite et son secret dans la façon du journaliste d'exercer la tâche qui lui est échue, c'est-à-dire avec la passion, le sens de la responsabilité et l'honnêteté culturelle requises... J'ai, mon cher Noureddine, bien connu aussi quelques-uns de tes successeurs à la direction générale d'El Moudjahid et notamment l'aimable, l'inoubliable, le dévoué Mohammed Abderrahmani et l'affable, le diligent, le chevronné Abdellali Farah, - Plaise à Dieu qu'ils soient parmi Ahl El Djenna, eux et d'autres journalistes qui ne sont plus de ce monde!

Mon cher vieil ami Noureddine Naït Mazi
Plus je te regarde et plus je constate que tu as toujours l'oeil limpide et doux et le même léger penchement de la tête tantôt à gauche tantôt à droite pour faire connaître discrètement le sens de ton sentiment. En avais-tu conscience? Cette attitude parfois conciliante, parfois énigmatique, toujours instructive, je l'avais déjà observée, il y a maintenant presque cinq décennies, presque un demi-siècle! Je veux dire que l'image de toi n'a pas changé et certainement le fond non plus.
En vérité, je te rencontrais, à l'époque, surtout dans ton bureau de directeur général d'El Moudjahid presque chaque fois, pendant quelques instants, après que j'ai eu confié mon «papier» au responsable de la page culturelle hebdomadaire ou quand tu m'appelais pour aider un jeune journaliste débutant à corriger la forme de son article. La formation des jeunes, assurer la relève, c'était pour toi une inflexible nécessité. Notre connaissance mutuelle s'était distinguée en ces sympathiques moments, pris au temps, car tu avais ton travail très prenant pour informer et instruire et je me devais de retourner au mien, métier aussi difficile pour éduquer et instruire à distance à l'Éducation nationale.
Toutefois, si même nous nous étions croisés quelques fois auparavant à la porte ou au couloir du Journal, notre première rencontre date, je pense, de juin 1967, lors d'un dîner organisé à l'ambassade de Chine, la veille de mon départ pour Pékin à l'invitation de l'Union des écrivains chinois qui avait, deux ans plus tôt, publié la version chinoise de mon roman Le silence des cendres, paru à l'indépendance...
Mon cher Sî Noureddine Naït Mazi, je ne vais pas évoquer le journaliste émérite qui a débuté, à l'indépendance, au journal Le Peuple, ni le directeur général à El Moudjahid que tu as été par deux fois (de 1971 à 1979 et de 1983 à 1990), car mieux que moi, tes collègues en général et tes confrères du quotidien spécialement, c'est-à-dire les plus proches, ont su le faire par ailleurs avec élégance et estime. Au reste, toi-même, quand l'actualité t'a interpellé, en 1997, tu as publié dans El Moudjahid dont tu n'étais plus le directeur depuis sept ans, un article très significatif de ta passion pour le journalisme de grande portée. Le titre de cet article est: La renaissance du quotidien El Moudjahid: Gestion mouvementée pour un accouchement prématuré. J'y relève une opinion d'une extrême pertinence, car tu as écrit: «Le quotidien El Moudjahid n'a été que la continuation du Peuple sous une nouvelle appellation. Sans tambour ni trompette. Nous étions passés de l'un à l'autre sans presque même en avoir pleine conscience, au milieu du tourbillon émotionnel bien plus vaste que provoquera le 19 juin.»
Mais je dois t'avouer ma perspicacité qui m'a incité à reconnaître en toi un professionnel dont la rigueur et la fermeté sont une exigence de premier ordre dans le journalisme algérien et donc dans le fin management que tu y as conduit. Je le dis honnêtement même s'il m'est arrivé de prendre un petit café avec toi à la table basse de ton bureau, - ce qui, au reste, me paraissait comme un vrai signe autant de considération que d'amitié, ajouté d'une part à ta modestie qui caractérise ta personnalité et d'autre part à ta grande culture qui faisait dire à la plupart de tes collègues que «tu es une véritable encyclopédie ambulante».
De même, j'ai eu bien des moments de hasard d'entendre et de constater comment tu étais avec ton équipe et comment ton équipe était avec toi, que ce soit dans ton bureau, dans la salle de rédaction ou même dans l'imprimerie. Je peux, et certainement pas seulement moi, établir une liste d'activités professionnelles dont tes idées exprimées ou non présageaient d'une belle évolution du journal El Moudjahid dans le fonds et dans la forme. Dans ton langage quotidien, on entendait, me répétait ton entourage, des mots forts de l'instant et de l'avenir: modernisme, informer autrement, curiosité, patience, culture, indépendance, observation, de l'humour pour gommer les humeurs, pour concilier les personnalités, l'ambition, le bon sens critique, la formation des jeunes en vue d'une prise de responsabilité, l'honnêteté intellectuelle, la juste indignation,... La liste est longue de tous ces mots qui ont du sens et qui claquent comme des drapeaux de toute presse nationale, triomphante et salutaire faite par des hommes et des femmes au service de leur société et de leur seul pays l'Algérie.
Pour avoir essayé d'appliquer ce principe, j'ai senti et mesuré ta confiance en moi en constatant que tu m'encourageais à écrire plus souvent dans la page culturelle. Je n'oublie pas ton intervention pour rétablir les faits, lorsque M.le ministre de la Culture et de l'Information, à une époque, avait exigé la réunion des cadres de la rédaction d'El Moudjahid pour exprimer son mécontentement à la suite de l'imprudence d'un journaliste qui avait injustement critiqué un livre qui n'était pas encore paru et dont l'auteur était un penseur français ami de l'Algérie indépendante. J'avais été spécialement convoqué à cette réunion. Comme j'étais arrivé avec un peu de retard, immédiatement, M.le Ministre s'adressa à moi s'étant bel et bien persuadé que j'étais, sinon l'auteur, sans le signer, de l'article objet de sa contrariété, du moins le responsable de la page culturelle dans laquelle avait été publié l'écrit en question. Il en avait conclu que j'avais manqué de vigilance pour laisser passer une information erronée et une critique nourrie d'un fort préjugé contraire à l'éthique d'un journal national.
Heureusement, mon cher Noureddine, sans entendre davantage, tu levas le soupçon pour dire que j'étais un collaborateur régulier du journal et non responsable de la page culturelle, tu désignas le journaliste présent qui était l'auteur du texte condamné par le Ministre et tu fis ta vive autocritique de premier responsable du Journal.
Ce fut pour nous tous une leçon extraordinaire d'honnêteté professionnelle, puisque je m'en souviens encore!
Franchement, Sî Noureddine Naït Mazi, je suis content d'avoir eu l'opportunité d'exprimer ici le respect que j'ai pour l'un des derniers et brillants vétérans de la prestigieuse presse écrite nationale depuis l'indépendance. En ce moment exceptionnel de ta vie d'homme ayant accompli sa mission d'homme, et face à tous ceux qui t'entourent de leur affectueuse présence, tu peux encore laisser - de modestie et d'émotion - s'exprimer ton sentiment par un paisible mouvement de la tête de droite à gauche ou de gauche à droite: oui, sois bienheureux vieux frère Noureddine Naït Mazi! Bonne santé et longue vie!»
... Et, aujourd'hui, je me trouve dans cette simple disposition d'esprit, récurrente: c'est là une leçon de vie d'homme,... une autre leçon de vie humaine, parmi tant d'autres, à retenir pour chacun de nous, pour chacun de nos enfants: «Heureux éternellement celui qui a vécu pour son pays, pour sa famille, pour donner et recevoir, pour l'Autre lui-même, son semblable.»

De Quoi j'me Mêle

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