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Il était une fois...

Quarante-deux ans, c´est certes l´âge adulte pour un être humain, mais ils sont tout à fait insignifiants dans la vie d´un peuple, d´une nation. Ce laps de temps, aussi court soit-il, permet toutefois de mesurer le parcours réalisé lors de ces quatre dernières décennies par l´Algérie indépendante. Dès lors, peut-on en 2004, affirmer que les raisons pour lesquelles des Algériens se sont sacrifiés sont aujourd´hui un fait intégré au vécu quotidien, établi dans les moeurs du pays et du peuple : vivre libre et bénéficier de tous les droits afférents à cette liberté. C´est dans cet esprit que des Algériens ont pris les armes en 1954, pour faire accéder le peuple à la démocratie, à la liberté de dire et de faire, aux droits dont, en général, ils ont été frustrés par la colonisation et par les colons qui ont vite fait de réduire les «autochtones» au niveau de laissés-pour-compte. Vivre libre c´est celle-là la signification première du 5 Juillet et de l´indépendance de l´Algérie qu´il symbolise. En effet, solliciter de vivre libre était une idée à tout le moins curieuse pour les Français qui nous «offraient» la «civilisation». Ils étaient 22 à croire en cette idée insensée de démocratie et de liberté et surtout à celle plus absurde qu´il était possible de bouter hors du pays la troisième ou quatrième puissance mondiale de l´époque. Des farfelus? Un peu oui, à voir des Algériens (cette qualification identitaire n´existait pas en 1954) penser pouvoir battre la grande puissance française. Mais ils avaient la foi qui, comme dit l´adage, ébranle les montagnes. En fait, dans leur conscience il ne s´agissait pas d´abattre militairement la France, mais de faire admettre le postulat qu´il y avait un peuple différent, qui pensait différemment et qui croyait autrement : le peuple algérien. Ils ont su communiquer cette foi à leurs partisans, galvaniser le peuple, le convaincre qu´il pouvait vivre libre sans la tutelle de la France, que cela était possible. Tant il est vrai que, sans le peuple, la Révolution n´aurait pas été. Ce sont ceux-là qui ont écrit en lettres de sang le brouillon du premier chapitre d´une Histoire de l´Algérie en devenir, laissant le soin à ses fils de compléter et de faire connaître l´épopée de ces hommes, de donner à chacun de ses acteurs la place qui lui est due, qui restent à connaître à immortaliser. Pourtant, quarante-deux ans après l´indépendance, cinquante ans après le déclenchement de la Révolution du 1er-Novembre 54, rien n´a été écrit sur cette épopée et il en est qui en sont encore à confisquer les faits d´armes , s´arrogeant le droit de dire ce qu´il faut écrire ou ne pas écrire sur l´histoire de la Révolution, sur les péripéties de l´indépendance. Or, durant ces quarante-deux dernières années, une chape de plomb s´est abattue sur les faits qui ont donné aux Algériens de recouvrer leur souveraineté. L´Histoire, qui devait enseigner aux Algériens ce qu´ont été les luttes du peuple algérien tout au long des siècles pour conserver son identité, a été phagocytée par l´Histoire «officielle» de laquelle, par une sélection drastique, a été éliminé tout ce qui n´entrait pas dans les normes des nouveaux maîtres du pays. En fait, c´était là l´une des amères réalités de l´indépendance, l´Algérie qui pensait avoir recouvré sa souveraineté, s´est retrouvée avec de nouveaux maîtres, et les sanglantes journées de juillet 62 en témoignent suffisamment (cf ; L´été de la discorde - Algérie 1962 de Ali Haroun, Casbah Editions, et FLN Mirage et réalité -Des origines à la prise de pouvoir de Mohamed Harbi, Editions J. A). L´Histoire, quant à elle, enregistre les premières manipulations de son écriture dans la chronologie même qui marque l´avènement de l´indépendance, le 5 juillet, correspondant au 132e anniversaire de l´invasion et de la conquête française de 1830, devenue la date officielle de l´indépendance. La France a reconnu officiellement et solennellement le nouvel Etat le 3 juillet, après le référendum positif du 1er juillet 1962. (cf, M Harbi déjà cité,. Benyoucef Ben Khedda - La fin de la guerre d´Algérie : Les Accords d´Evian - Editions Opu-Enap, Abdelmadjid Belkherroubi - La naissance et la reconnaissance de la République algérienne - Edition Sned). Cette substitution de date voulait sans doute symboliser un retour du pays à ses propriétaires le jour anniversaire de l´invasion de 1830. Cependant, reste ce fait, l´Algérie n´était plus française le 3 juillet, elle ne sera algérienne que le 5 juillet. Donc durant 48 heures, le pays n´a pas existé, placé dans une sorte de zone de non-existence. Cela peut paraître peu signifiant, il n´en reste pas moins que cela donne la mesure des manipulations et falsifications dont a été, et sera, victime l´Histoire récente du pays. Ainsi, les Algériens post-indépendance n´ont appris l´existence de Messali Hadj, militant de la première heure, qu´en 1999 lors de sa réhabilitation par le président Bouteflika, Mohamed Boudiaf, l´un des initiateurs du 1er Novembre 54, n´est découvert par la jeune génération qu´en 1992, pour ne citer que ces cas les plus extrêmes mais également les plus évidents de cette manipulation de l´écriture de l´Histoire. Ce qui n´empêcha pas le colonel à la retraite Tahar Zbiri de dénier aux Algériens d´écrire l´Histoire de ce pays en dehors des cercles officiels et autorisés. L´ancien colonel de la Wilaya I a eu toutefois ces mots pleins de sens lors du forum d´El Moudjahid affirmant que «de nombreux responsables qui ont accaparé le pouvoir depuis 1962, ont tout fait pour occulter l´histoire dans laquelle ils n´ont pas joué les grands rôles» (cf ; L´Expression du 4 juillet 2004). C´est ce déficit de connaissance de l´Histoire nationale qui a induit les situations de crise identitaire que vit le pays. Aussi, n´est-il pas temps de laisser enfin l´écriture de l´Histoire aux historiens par l´ouverture des archives de la Révolution. Toutefois, le témoignage des acteurs encore vivants de la révolution reste, par ailleurs, irremplaçable. Alors à chacun de jouer son rôle pour que l´Algérie et les Algériens retrouvent des repères aujourd´hui perdus.

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