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Il est décédé le 4 avril 2016

Chabane Ouahioune, nature et écriture

Il faut reconnaître que son expérience dans la vie y était pour beaucoup.

La nature était toute sa vie ou presque car il y avait aussi la littérature dans son cœur. Mais même dans cette littérature, la nature occupait la part du lion. Dans les discussions qu’il partageait avec ses amis, la nature était constamment au centre du débat, Chabane Ouahioune s’est nourri de la nature durant toute sa vie. Il n’a pas cessé de la tutoyer jusqu’à son dernier souffle. Dans son village natal, Tassaft Ouguemoun (wilaya de Tizi Ouzou) où il revenait toujours car, disait-il, loin de son village, la vie devenait sèche et insupportable pour lui, il retrouvait la paix intérieure. Chabane Ouahioune, était également d’une modestie frappante. Il suffit de visiter la maison dans laquelle il a vécu et mourut pour s’en rendre compte. Aucun signe ostentatoire d’exhibitionnisme n’y est perceptible. C’est dire que Chabane Ouahioune a compris la vie et son sens.
à chaque fois que nous lui avions rendu visite dans sa maison à Tassaft, Chabane Ouahioune était toujours un homme prêt à disserter pendant des heures sur une infinité de sujets.

Un caractère fort
Même la dernière fois, pourtant très malade, Chabane Ouahioune, n’a perdu aucune once de son sens de l’humour. Un trait de caractère qui avait fait de l’écrivain italien Luigi Pirandello (prix Nobel de littérature en 1934) l’un de ses auteurs préférés. Il n’a pas hésité d’ailleurs à nous offrir l’un des recueils de nouvelles de Pirandello. « Il faut le lire, il est plein d’humour », nous avait-il suggéré. Chabane Ouahioune parlait aussi de Mouloud Mammeri dont il a été le premier lecteur de son roman « La colline oubliée ». « A peine Mouloud Mammeri a-t-il terminé de le rédiger qu’il me l’a donné pour le lire et lui donner mon avis », nous a-t-il raconté.
Même quand la rumeur, voire, certains journaux le donnaient pour mort, tout détendu, il faisait des démentis débordants d’humour, allant jusqu’à promettre au journaliste-auteur de l’impair l’exclusivité de l’information de son décès, quand la mort le surprendrait réellement. Un autre écrivain aurait piqué une colère certaine en pareille circonstance.
Mais Chabane Ouahioune tournait en dérision même les situations les plus déplaisantes. Il faut reconnaître que son expérience dans la vie y était pour beaucoup.
Revenons à cette nature qui ne cessait de l’ensorceler, tous ses livres en sont imprégnés.

Un regard critique sur sa société
On la retrouve d’emblée dans les titres de ses romans et essais : « La maison au bout des champs », « Thiferzizwith ou la parfum de la mélisse », « L’aigle du rocher »… ou encore : « Parmi les collines invaincues ». Chabane Ouahioune s’est aussi intéressé à l’histoire en publiant un récit sur la guerre d’indépendance à travers le témoignage poignant d’un maquisard de la glorieuse ALN : « Itinéraires brûlants de Saïd Akrour ». Chabane Ouahioune, c’est aussi, peut-être surtout, les fameuses lettres de Kabylie hebdomadaires qu’il publiait d’abord dans le quotidien national Horizons puis dans Le soir d’Algérie. Des lettres que les lecteurs attendaient avec impatience.
Des chroniques qui rapportaient fidèlement et avec le talent qui était propre à Chabane Ouahioune, toutes les pensées de cet auteur qui a traversé le siècle tout en auscultant la société, sa société, avec un regard où se mêlait la critique et l’indulgence avec toujours un zeste d’humour caustique.
Maintes fois, nous évoquions la nécessité de publier toutes ses lettres de Kabylie ou du moins celles qu’il pensait être les meilleures sous forme de livre. Ce projet n’a jamais vu le jour. Chabane Ouahioune n’en faisait pas une obsession, il est vrai. Aujourd’hui, il repose dans ce village comme il l’a toujours voulu.

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