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24ème Salon international du livre d'Alger : L’Ifa reçoit l’écrivain Jean Bofané

«L'Occident n'est rien sans l'Afrique!»

Dans le cadre de ses activités culturelles, l’Ifa a organisé lundi après-midi, dans son stand, une table ronde des plus pertinentes, modérée par Marie Desmeures, éditrice chez Acte Sud qui a accueilli un auteur pour le moins cash !

Ce dernier est né en 1954 à Mbandaka (RDC) et vit à Bruxelles. Il a publié ses trois romans chez Acte Sud : Mathématiques congolaises (2008, prix Jean Muno, prix de la Casem, Grand Prix littéraire d’Afrique noire de l’Adelf), Congo Inc, Le testament de Bismarck (2014, Prix des cinq continents de la Francophonie, prix Coup de cœur Transfuge/Meet, Grand Prix du Roman métis, Prix littéraire des bibliothèques de la ville de Bruxelles, prix de l’Algue d’or) et La belle de Casa 2018). Ses ouvrages sont traduits aux USA, Italie, Allemagne, Brésil, Corée et en Slovénie. D’emblée, lors de la discussion à bâtons rompus, l’écrivain Jean Bofané a dressé un réquisitoire sévère contre l’ordre mondial arguant que c’est grâce aux matières premières du congo que l’économie mondial et l’ère industrielle ont prospéré dans le monde. «L’Afrique a toujours été dans la périphérie. On dirait qu’elle est en dehors du monde. J’ai envie de m’exprimer sur ce territoire, cet espace. J’ai envie de répondre aux interrogations. Pourquoi les choses se sont passées comme ça en Afrique et surtout le pourquoi.» «De la décolonisation, pourtant les trois romans sont ancrés dans l’actualité», fait remarquer l’éditrice. Ce, à quoi, Jean Bofané répond : «Je parle d’aujourd’hui. De la nouvelle génération, du monde d’aujourd’hui. je me décris d’ailleurs comme un écrivain du XXIe siècle car mon premier roman est sorti en 2008. Aujourd’hui on arrive un peu dans le paroxysme de l’histoire. Tout ce qui a été pensé au XXIe siècle s’est délité. Sur le plan politique, dans les pays africains on passe, aujourd’hui, par les urnes alors que les résultats sont toujours les mêmes. La démocratie ça craint ! On est loin du compte sur le plan économique. C’est le citoyen qui nourrit l’Etat. Il faut repenser à d’autres systèmes politiques.» Et de souligner : «Le Congo est la première réserve mondiale de matières premières. Quand on extrapole, l’Afrique est la première réserve que ce soit au niveau des énergies, matériaux, comme l’uranium (…) sans le caoutchouc il n’y aurait pas d’ère industrielle, Il n’y aurait pas de téléphone, pas de camions durant la Première Guerre mondiale… Nous sommes au centre du monde. Autrement dit, sans nous il n’y aurait rien ! » Et de citer les atrocités des armées coloniales qui ont décimé des peuples durant la Guerre froide mais aussi la prédation de l’Afrique par l’Occident. «On a créé la guerre pour faire l’économie. Le bilan du Congo c’est six millions de morts dont cinq cents mille femmes violées et mutilées. Chez nous les mines sont à ciel ouvert. Il suffit de gratter le sol. Tous les pays miniers sont là au Congo et tout se passe sur le corps de la femme. Nous produisons 90% du coleton du monde. Ce monde du XXIe me travaille la tête sérieusement.» Abordant le rire dans ce roman, l’écrivain fera remarquer : «On rit beaucoup parce que nous sommes des rescapés. Moi-même j’ai échappé à la mort en ayant connu trois guerres. Je suis béni ! Je me marre. Quelque part c’est tellement ridicule. Tout ça c’est tellement absurde. Ça tient sur rien et pourtant, c’est l’humanité. (…) j’estime aussi que personne n’a un rôle secondaire parmi mes personnages comme dans la vie. Ce rôle secondaire qu’on veut nous attribuer, je le refuse. La manipulation m’intéresse voilà pourquoi j’essaye de rétablir la vérité à partir de ces mémoires dangereuses qu’on veut faire croire. Remettre les choses en place. C’est ça mon travail. Faire resurgir les choses pour regarder les choses en face. Grâce à la fiction moi je cherche le pourquoi des choses. » A propos de la langue française que l’auteur utilise, bien qu’il reconnaisse penser dans sa langue d’origine, le lingala, il expliquera que le français, cette langue longtemps empreinte de violence a été récupérée aujourd’hui tranquillement. «Moi je prends cette langue pour vous servir de la poésie. Je la soigne et je vous la balance pour qu’elle fasse du bien à vos oreilles et votre cœur !» a conclu l’écrivain.

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