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Emeline Laurens, photographe, à L’Expression

«La photo ça vous rapproche des gens…»

Nous l’avons rencontrée la semaine dernière, lors de son vernissage à l’Insitut français d’Alger, où l’artiste savourait pleinement ce moment. Intitulée «Poésie citadine. Photographier la rue en Algérie», cette expo a été pensée comme une succession de rencontres à travers les différentes pérégrinations de l’artiste à travers l’Algérie.

Aussi, elle a choisi de la décliner sous plusieurs parties, à savoir : «Contrastes», «Héritages», «Conversations», «Solitudes» et enfin «Enfances». Cette expo donne à voir des scènes intimistes d’un quotidien ordinaire de l’Algérien lambda. Rien d’exceptionnel si ce n’est de débusquer ce qui est simple chez ces personnes qu’Emeline tend à capter avec son regard extraordinaire, lors de ses villégiatures et ainsi nous restituer ce qu’on ne sait pas regarder et ce qu’elle retient en particulier. Elle nous parle ici de ses images-là et de son travail... à noter que cette expo est visible à l’IFA jusqu’au 24 décembre.

L’Expression : Pour commencer, pourriez-vous nous parler de la genèse de ce projet ?
Emeline Laurens : Tout d’abord il faut savoir que je travaille ici. Je suis conseillère politique à l’ambassade de France. Cela fait un peu plus d’un an que je suis ici. je suis par ailleurs absolument passionnée de photo. Ça va de soi, le fait de découvrir le lieu où je suis avec mon appareil photo. et concilier ma passion avec l’endroit où je me trouve. Je voulais vraiment venir en Algérie. C’était pour le coup, un vrai projet professionnel. Je trouve cela très enrichissant et très enthousiasmant le fait de pouvoir consacrer mon temps libre, à me promener et ainsi aller à la découverte des gens. Susciter la curiosité aussi. Car, quand on voit une petite blonde qui se balade avec un ou deux appareils photo en général, les gens viennent me parler et c’est super agréable. Ça donne lieu à énormément d’échanges, de conversations, de partage et d’anecdotes. Pour moi, au-delà des paysages, ces photos représentent de jolis souvenirs, ceux que l’on fait lors des rencontres et des découvertes…

Vous avez axé vos photos sur la rue et ses gens. Pourquoi ?
Le thème de l’expo c’est en effet «Poésie citadine. Photographier la rue en Algérie». Tout s’est plutôt articulé autour de l’envie de montrer les scènes de la vie quotidienne. J’aime beaucoup ce qu’on appelle la street photography. La photographie urbaine. De rue. C’est vraiment quelque chose qui m’intéresse beaucoup, parce que c’est une démarche qui consiste vraiment à regarder autour de soi quand on se promène. On n’est pas juste en train de flâner. On est vraiment avec une attention pleine et entière sur ce qui nous entoure. Le projet s’est construit autour de cette idée de montrer les scènes de la vie, qui, à chaque fois, me touche ou m’interpelle en me promenant. Il y a des photos qui datent notamment de 2018, dont celles de Ghardaïa. Avant de m’installer en Algérie, j’avais fait un grand voyage en me disant que ça va être une très belle découverte... Après, il y a aussi énormément de photos qui sont prises pendant le week-end, soit à Alger soit en dehors d’Alger où j’ai pu partir, notamment à Béchar, Taghit…

Vous faites de la photo depuis combien de temps ?
Je fais de la photo depuis le lycée. J’ai acheté mon vrai appareil qui est un Bridge quand j’avais 19 ans. J’ai un oncle qui est passionné de photographie. Je pense que ça a joué aussi. Un oncle qui m’est très proche, que je vois très souvent. J’ai aussi eu la chance de rencontrer Lucien Clerc qui est un photographe français aujourd’hui décédé. On avait un très bon ami en commun. Je l’ai rencontré assez jeune. Quand il a vu que j’avais cet intérêt pour la photo, il m’a beaucoup encouragé. On se voyait en Camargue pendant les vacances, dans le Sud avec cet ami en commun. On faisait des promenades, tout en prenant des photos. Il me donnait des conseils. Il m’expliquait quelles étaient ses démarches, comment lui a débuté. C’était des moments très riches ...

Y a-t-il d’autres formes de photos qui vous intéressent, hormis la street photography ?
C’est la démarche qui me plaît le plus. Après, comme tout le monde, je prends aussi des photos de paysages, de lieux, des portraits... Ce qui m’attire le plus c’est la ligne et les couleurs. C’est d’abord ça qui va attirer mon regard. Après il y a les gens. C’est comme si j’avais appris à les photographier en venant ici. Car, avant, j’étais beaucoup plus focalisé sur l’aspect graphique de la photo. Ici les gens me parlent. Je me souviens de mes premières promenades photographiques à Alger. Il y a un monsieur que j’ai rencontré au Télémly qui me dit : «Ah ! Il faut que vous me photographiez parce que je suis un Algérien typique ! ». On avait éclaté de rire. Je l’ai pris en photo. On a discuté durant prés d’un quart d’heure sur le trottoir. Je me suis dit que c’est génial de pouvoir travailler comme ça. Il m’a raconté l’histoire de son immeuble. Ça a donné une dimension toute autre à cette balade. Après, j’ai eu la démarche inverse, quand je voyais des visages qui m’interpellaient ou des scènes dans des cafés par exemple, j’allais les voir en leur demandant si je pouvais les photographier. Personne n’a jamais refusé. Ça donnait lieu, à chaque fois, à cet échange. Vous avez peut-être remarqué cette photo où l’on voit un escalier coloré avec un groupe de jeunes en haut ? Eh bien, j’étais en contrebas et je leur ai demandé si je pouvais les photographier et ils m’ont répondu : «Comme ça, tu as tous les artistes du quartier sur ta photo !». C’était sympa et après on a discuté. Ils m‘ont raconté leur propre projet… j’ai pris plusieurs photos d’eux. Il y en a d’autres qui serviront dans d’autres contextes peut-être. On verra…

D’autres projets en vue ?
Je ne sais pas. Ce n’est pas mon métier. C’est surtout une chance inouïe de pouvoir faire cette exposition. Je suis incroyablement reconnaissante qu’on m’ait donné cette opportunité. J’adorerai qu’il y ait d’autres occasions de montrer mon travail. J’ai déjà fait une expo à Paris dans un café. En avril/mai, mais c’était beaucoup plus modeste. C’est donc ma première expo dans un lieu culturel à proprement parler. C’est très émouvant pour moi ce moment !

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