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Nesma Bouda, artiste-peintre, à L'Expression

«Peindre le corps féminin est un besoin...»

La jeune aux yeux d'émeraude a tout d'une grande. Peindre le corps féminin c'est son dada, mais n'importe quel corps, un corps franc, gros, tantôt qui s'assume, tantôt fuyant, comme se cachant des regards moqueurs. La peinture de notre belle Asma est énigmatique par les postures que prennent ces femmes nues, parfois assises sur une chaise, posant à peine, le regard biaisé, horrifiées. Des silhouettes masculines omniprésentes font leur apparition, juste derrière ces corps pour certaines. Elles sont là comme assoiffées d'appâts, prêtes à bondir sur leur proie... Le corpus de Nesma Bouda se veut faire fondre le corps avec la matière. Celle-ci, picturale, est faite de plis et de replis, d'épaisseurs, de couleurs sombres et de gestes francs. Pour en savoir plus sur sa démarche artistique hautement esthétique, Nesma vous donne rendez-vous le 10 septembre, à partir de 17h à la galerie Ifru Design, sise 139 boulevard Krim-Belkacem, Télemly, Alger. Elle donne un aperçu de son travail, ici, dans cet entretien...

L'Expression: Vous êtes issue de l'école des beaux-arts d'Azazga. Si vous aviez à résumer ce cursus en Algérie. Que diriez-vous?
Nesma Bouda: Oui je suis issue de l'Ecole des beaux-arts, d'Azazga en Kabylie. Une élève du grand peintre Smail Ouchen. Pour résumer, le cursus de l'école d'art en Algérie, c'est comme une démarche sans suite...on ne fait que nourrir notre passion...

Vous êtes artiste-peintre, qui plus est femme dans une société machiste et vous travaillez sur le corps féminin. Comment vous est venue cette passion des corps féminins dans la peinture et d'autant plus les formes plantureuses?
Peindre le corps féminin dans la peinture ce n'est pas une passion, mais un besoin. L'art algérien réclame à voix haute le nu dans ses galeries puisque on le fait dans nos écoles d'art, mais on ne le voit jamais ailleurs, ici en Algérie... Pour toutes ces formes «la femme obèse» que j'ai traitée s'impose avec autant d'amour ou un double amour (de l'art et d'une femme au destin non rassurant). Plus on a d'attention en peinture, plus on devient conscient vis-à-vis de la condition humaine, la source des conventions pour un combat juste. Le mien était de recourir à la femme obèse dans l'art, ce qui est synonyme d'un engagement, pour l'esthétique d'une image, mais pour les valeurs humaines que cela incombe. Si l'histoire n'a pas encore pardonné à une obèse, l'artiste, au-dessus de ces considérations remet la femme obèse dans son cercle de la féminité. Un idéal à chanter sur les fenêtres du monde. Et que cette femme au corps généreux pardonne au monde et à la culture ce qu'elle a subi, si les lendemains ne sont pas identiques au passé.

Le nu est difficilement tolérable à juste titre dans nos sociétés conservatrices, comment vivez-vous cette chose?
Ce n'est pas que notre société ne tolère pas le nu c'est juste qu'elle est hypocrite vis-à-vis de ça.. On vit un paradoxe socioculturel: d'un côté, le nu est presque interdit, sous l'influence de l'éducation et d'un autre côté, on assiste à une société éperdument frustrée qui regarde mal le corps de la femme. C'est une chose que je digère mal... Mais ma plus grande déception tout de même, ce sont les galeristes d'art d'Alger. Cela fait deux ans que je tape aux portes, aucune galerie n'a accepté d'exposer mes peintures puisqu'il s'agit de nus, à l'exception de Ifru Design.

Vous préparez une exposition pour la rentrée qui s'appellera: « Chair et chère». Pourriez-vous nous en parler?
«Chair et chère» est un concept qu'on peut faire dérouler sur lui-même. Cela traduit une forme d'invitation à l'émancipation des idées par l'exorcisme de ce sentiment qu'est la «grossophobie» qui avilit notre humanisme. Je vous invite donc à découvrir ça le jour de mon vernissage qui aura lieu le jeudi 10 septembre prochain.

Enfin, que représente pour vous l'art contemporain et pensez-vous que c'est assez compris en Algérie eu égard à toutes les violences récemment subies par vos confrères artistes en raison d'une certaine ignorance ou méconnaissance de cet art justement?
L'art contemporain est un terme mal utilisé, puisque il s'agit de la création artistique qui se fait de notre vivant. Si je prends par exemple Lucian Freud né en 1922 et mort en 2012, la majorité de sa production artistique est faite avant ma naissance, est-il vraiment un artiste contemporain? Ou bien «la Fontaine» de Duchamp de 1917! Est ce un art conceptuel? Ou moderne? Pour ma part chaque art est contemporain vis-vis de son temps, c'est-à-dire il appartient à son époque.

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