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10ème FICA

Violence et repentance…

La salle Ibn Zeydoun a accueilli vendredi sa première journée de film en compétition…

D’abord un documentaire divisé en trois parties déjà diffusé sur la chaîne télé Arte. Un choix délibéré et un « vrai coup de cœur» pour le Festival international du cinéma d’Alger, a fait savoir le président du Festival Ahmed Bedjaoui. «Les chefs de la mafia agissent tous de la même façon, quel que soit leur origine, ou confessions. Ils se ressemblent tous en fin de compte». a-t-il estimé avant la projection. Le film de Mosco Boucult met en scène, en effet, le plus grand chef de la mafia que l’histoire a connu en Sicile. Toto Riina : un «tragediatore» («homme qui sème la discorde» en sicilien) devient à 42 ans le chef absolu de la mafia sicilienne. Tommaso Buscetta : un «vaincu» de la guerre de la mafia, qui veut se venger mais n’en a pas les moyens. Giovanni Falcone : un magistrat, qui convainc ce dernier de collaborer avec la justice pour instruire le premier procès de la mafia sicilienne et condamner Toto Riina à la perpétuité incompressible.
Et qui y parvient. «Une trame quasi shakespearienne autour de l’éternel conflit entre la soif du pouvoir et la vertu de la loi.» Dans ce documentaire passionnant, mais un peu long, le réalisateur dresse le portrait de cet homme à l’apparence sage, calme et surtout doué d’une grande moralité. Un manipulateur doublé d’un dictateur qui menait les gens à la baguette poussant à tuer toute personne qui se met sur son chemin. Le film donne à écouter plusieurs témoins dont les magistrats qui ont suivi cette affaire mais aussi de nombreux apprentis au visage cagoulé. La Costa Nostra est décryptée, minutieusement par le réalisateur qui avouera avoir eu du mal justement à obtenir des témoignages de l’intérieur de la mafia. Un film qui, en dressant le portrait de cet homme Riina, nous donne un large aperçu de l’histoire de tout un pays qui retenait son souffle à chaque fois que le nom de la mafia retentissait.
Une organisation que l’Etat a mis des années à démanteler et dont l’affaire en justice a fait échos dans le monde entier grâce à un procès légendaire qui avait réuni dans une prison phénoménale, quasiment tous les premiers commanditaires avant de mettre la main sur la tête pensante de cette mafia longtemps en fuite. Le film est agrémenté de documents d’archives audiovisuels, mais de coupures de presse qui montrent les horreurs commises par ces sanguinaires qui ne les empêchent pas d’être généreux et bienveillants envers leurs voisins et amis, comme le révèlent ces « repentis ». Une double casquette qu’ils endossaient de façon naturelle et qui leur assurait respect et sécurité. De la violence autrement, il en sera aussi question dans le long métrage fiction The Mercy of the Jungle (La Miséricorde de la jungle) un film franco-belge de Joël Karekezi sorti en 2018. Projeté en compétition officielle, ce film, rappelons –le, avait été salué lors du dernier Fespaco en raflant l’Etalon d’or de Yennenga. Tiré de faits réels et inspiré en partie du vécu de son cousin, s’étant perdu lui aussi en forêt durant des mois, l’histoire de La Misériroce de la jungle se passe en 1998, au début de la Seconde guerre du Congo. Elle met en scène dans une jungle à la fois hostile et faramineuse, deux soldats de l’armée régulière congolaise qui vont être séparés de leur bataillon dans les montagnes du Sud-Kivu à la suite d’une offensive sur Kalemie. Le sergent Xavier, vétéran rwandais, et le soldat Faustin, paysan des Hauts-Plateaux orphelin de guerre, se retrouvent alors encerclés par les rebelles qui envahissent le pays en progressant vers l’ouest. Ils vont alors devoir s’aider mutuellement pour rejoindre leurs troupes à travers les montagnes et la jungle du Kivu jusqu’au Kasaï. Ayant réussi à rejoindre leurs troupes à Kabinda, ils vont se retrouver séparés. A noter que le réalisateur est un rescapé de guerre puisqu’il qu’il n’a que huit ans lorsqu’il assista au meurtre de son père. Il s’enfuira lui et sa sœur. Le cinéma deviendra pour lui plus tard une sorte d’arme pour dire les atrocités qui ont été commises sur sa population et sa famille. âgé seulement de 33 ans, le réalisateur parvient avec ce film sensible à poser un regard lucide sur la notion de violence tout en rejetant l’aspect de vengeance qui ne mène nulle part selon lui.
A ce terme il rejoint l’idée de repentance ou de clémence par lequel on devrait passer pour aller mieux, pour passer à autre chose sans doute et se reconstruire, même si on n’oublie jamais au fond. Pour ou contre la clémence, ce film donne en tout cas à réfléchir en faisant écho à la tragédie nationale à quelques points de vue, sachant qu’un terroriste qu’il soit au Rwanda ou en Italie est un être illuminé, condamnable qui mérite d’être puni pour ses crimes. Le film de Joel Karekezi donne la part belle à Dame nature qui se rebelle et vous engloutit quand elle le décide. Troisième protagoniste dans le film, le réalisateur parvient à capter ses silences tout comme le cri de rédemption de ses damnés…

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