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Le message d’Erdogan

Pour la plupart des observateurs et plus encore pour tous ceux qui le critiquent, le président turc Recep Tayyip Erdogan est censé incarner la «rupture» avec les régimes antérieurs. Cette conviction découle du fait, indéniable, qu'Erdogan a, effectivement, enterré le rêve de ses concitoyens qui, pendant des décennies, ont attendu, mais en vain, leur entrée dans l'Union européenne, au sein de laquelle bon nombre de pays, et non des moindres, rejetaient cette option, au motif que la communauté européenne est, fondamentalement, judéo-chrétienne. La restitution de la basilique Sainte- Sophie au culte musulman n'est ni une opération de récupération politique, même si l'AKP a encore du mal à se remettre de ses échecs aux municipales qui ont arraché à son emprise le fief d'Istanbul, ni une manoeuvre conjoncturelle par laquelle le chef de l'Etat turc chercherait à redorer son blason. Erdogan, faut-il le rappeler, est le fruit d'un long processus, entamé dans les années 50, et par lequel les chefs militaires qui se sont succédé, sous le label de «gardiens de la laïcité», ont ancré le pays dans sa foi musulmane et dans son ambition ottomane. Partisans de cette synthèse turco-islamique dont l'objectif est de rendre à la Turquie son aura et sa puissance d'antan, ils ont ouvert la voie à ce que le Premier ministre Adnan Menderes consacra, en 1956, quand il décréta que «la nation turque est musulmane» sunnite. Depuis, aucune personnalité laïque n'est venue contredire cette vérité et les partis ont tous oeuvré dans cette seule et unique perspective, la renaissance de la Turquie ottomane. Voilà pourquoi la restitution de Sainte-Sophie à la pratique cultuelle islamique suscite une véritable levée de boucliers, en Europe comme aux Etats-Unis, et, tout particulièrement, dans les pays tributaires de l'orthodoxie byzantine. Depuis la prise de Constantinople, en 1453, par le sultan
Mohamed II Fetih, et la transformation de Ayasophya jamie (mosquée), l'épopée a servi de socle fondateur de l'identité turco-musulmane et a nourri la politique d'Erdogan qui, comme ses prédécesseurs, rêve de faire de son pays «le bouclier et le fer de lance» de l'islam sunnite, dans la stricte lignée de Mohamed Fatih. Depuis 1953, date de la commémoration du 5ème centenaire de Fatih, les islamistes turcs n'ont jamais cessé de manifester devant Sainte-Sophie pour exiger son retour dans la pratique musulmane, le geste de Mustapha Kemal étant taxé de «sacrilège». Necmettin Erbakan, chef d'un gouvernement islamiste de juin 1996 à juin 1997, avait promis cette récupération, sans y parvenir. Erdogan l'a fait, écrivant ainsi une nouvelle page fondatrice de la Turquie ressourcée.

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