{{ temperature }}° C / {{ description }}

Cité introuvable.

Cette liberté qui inhibe l’expression

A quoi bon chanter si, au bout du compte, il s´avère que la chanson n´est qu´un ultime recours? C´est une question, somme toute angoissante, qui turlupine l´esprit de ceux qui utilisent le chant pour défendre une cause.
Aït Menguellet se la pose aussi, pendant ses moments de réflexion et de méditation. Nous la lui avons posée à notre tour.
La question est d´autant plus compliquée qu´elle porte en elle quelques contradictions. Si pendant les années 70 et 80, au regard de la conjoncture qu´il traversait, il était prolixe en termes de production dans la chanson engagée, ce n´est plus le cas actuellement. Pourtant, entre les deux époques, un large fossé s´est creusé.
En effet, comment explique-t-on le fait que durant les années 70, alors que l´autoritarisme battait son plein et que la censure guettait tous les créateurs, les artistes, écrivains et autres créateurs algériens trouvaient une brèche pour transmettre leur message, et maintenant, alors que la liberté de s´exprimer est donnée aux chanteurs, la chanson engagée se retrouve dans ses derniers retranchements? «A l´époque, c´est vrai qu´on ne pouvait pas dire ce qu´on voulait. Les libertés individuelles et collectives étaient muselées. La simple expression portant atteinte au pouvoir pouvait s´avérer fatale, néanmoins, on trouvait des échappatoires pour dire notre rage. Le combat que nous menions trouvait sa source. Nous avions la rage au coeur. Il fallait se battre, cela suffisait pour que l´inspiration retrouve sa source», explique Lounis Aït Menguellet.
L´invité de L´Expression semble dire que c´est dans le malheur et la nécessité que la création, quelle que soit sa nature, éclôt. «Il est vrai que durant les années 70, nous ne nous pouvions pas nous exprimer face à un régime autoritaire, mais on le faisait, tout de même, et à notre manière», s´explique Aït Menguellet. Il faut le dire, à cette époque, la région de Kabylie allait droit dans les ténèbres et le chaos.
L´Histoire retient ceci: les Kabyles se sont vu interdire l´expression chez eux, dans leur langue maternelle. Ce qui apparaît comme une manière de couper la population de son cordon ombilical.
Le combat donc pour la reconnaissance de l´identité et de la langue amazighes, transcendait toute autre lutte. «Nous avions à défendre tamazight, et on le faisait avec acharnement», se rappelle l´invité de L´Expression.
Et maintenant, alors que la langue amazighe est érigée au rang de langue nationale, et que les gens peuvent s´exprimer, plus ou moins librement, qu´est-ce qui empêche la chanson engagée de continuer le chemin déblayé par les anciennes générations de chanteurs? Après un moment de réflexion, Aït Menguellet répond: «Maintenant on veut tuer tamazight par tamazight.»
Notre interlocuteur estime que si ce problème avait été résolu depuis belle lurette, on aurait certainement gagné beaucoup de temps. «Cela est valable aussi pour la démocratie et les libertés.» Tout en réitérant son combat pour les causes nobles et justes, l´invité de L´Expression se défend d´être taxé de politique. «Je ne suis qu´un artiste qui chante ce qu´il ressent et ce qui l´angoisse. Je le fais pour dire mes préoccupations et celles de mes concitoyens. Mais je ne suis pas un politique», revendique l´artiste.
A juste raison d´ailleurs. Et puis, n´est-ce pas que l´artiste et les créateurs, au sens large du terme, sont les porte-parole de leur époque?
C´est l´une des quatre vérités. Il faut y croire!

De Quoi j'me Mêle

Placeholder

Découvrez toutes les anciennes éditions de votre journal préféré

Les + Populaires

(*) Période 7 derniers jours