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D’un reniement à l’autre

Il y a toujours une cruelle ironie à voir défiler dans le même journal télévisé des informations contradictoire, les unes tragiques, et d´autres qui le sont moins.
Par exemple hier, juste après les scènes de désolation provoquée par le cyclone Katrina en Louisiane et au Mississipi, les caméras braquent leur zoom sur la fine pour traiter des 80 millions de pièces textiles chinoises bloquées aux ports de l´Europe et des Etats-Unis. Pendant ce temps, une bande de pyromanes met le feu aux bâtiments insalubres de Paris qui servent de squat aux mal logés, la plupart d´origine africaine, faisant des dizaines de victimes.
Le monde est chaotique. Il en a toujours été ainsi. Le rire côtoie les larmes. Jean qui rit taquine toujours Jean qui pleure. Le luxe tapageur s´affiche sans vergogne devant le dénuement le plus total. Le fait que le malheur frappe aujourd´hui un Etat américain, qui est le pays le plus puissant du monde, ne rend pas moins poignantes les images de désolation, de désespoir, de désorganisation, mais aussi de pillage et de secours qui tardent à venir, que les écrans de télé du monde entier repassent en boucle. Cela invite chacun de nous, non pas au défaitisme et à la fatalité, mais à plus d´humilité. L´homme est si petit et désarmé devant ces cataclysmes de la nature, surtout quand l´activité humaine contribue au réchauffement de la planète et au déchaînement des éléments. N´oublions pas qu´avant Katrina, des inondations avaient fauché des contrées entières en Europe centrale, alors que la sécheresse du sud de l´Europe, a entraîné des incendies d´une rare violence, que des vents se sont ingéniés à propager , ravageant des milliers d´hectares de forêts. Quant au cyclone Katrina, il était annoncé depuis le mois de mai déjà par les météorologues. En matière de prévision, on ne peut pas faire mieux. Et pourtant, sa brutalité a surpris les services les plus fiables au monde. C´est à la fois une histoire d´eau et d´inondation. Alors que la côte sud des Etats-Unis est submergée par les eaux de Katrina apportées par des vents soufflant à 220 kilomètres à l´heure, les ports européens sont submergés par les produits textiles chinois, pull-overs, pantalons pour hommes, soutiens-gorge, sous-vêtements et autres textiles synthétiques.
Il n´ y est pourtant pas seulement question du confort petit bourgeois de citoyens français, italiens, ou espagnols, mais aussi de postes d´emploi et de sauvegarde d´industries textiles. C´est-à-dire que les textiles du dragon chinois arrivent comme un ouragan aux portes de l´Europe et des Etats-Unis, qui avaient, là aussi, tout le loisir de prévoir longtemps à l´avance une telle invasion, après la suppression des quotas décidés par l´OMC. L´Union européenne, cheville ouvrière de l´organisation mondiale du commerce, va-t-elle renier les principes de démantèlement tarifaire qu´elle a contribué à élaborer et à faire appliquer? Le cordonnier sera-t-il le premier à être mal chaussé? va-t-elle en plus renier un accord qu´elle a passé ensuite avec la chine de réduire les quotas de textiles, un reniement cachant un autre? Le président de la Commission européenne, M .Barroso, soutient que non: «Il ne s´agit pas d´un retour en arrière. Nous ne faisons pas marche arrière. Nous pensons que l´accord constitue une réponse solide et mesurée au besoin de la Chine et de l´Europe d´aménager une période de transition pour digérer ce bouleversement». Barroso veut bien entendu parler des effets induits par le cyclone économique chinois, qui est aussi fort que Katrina dans son créneau.

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