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L'INTOX AUTOUR DES PROGRAMMES SCOLAIRES

"La main de l'étranger"

Le mensonge autour de la présence d'experts français venus en Algérie pour - selon les fantasmes de ces semeurs d'intox - élaborer les programmes scolaires est tellement grossier que seuls des incrédules ou des ignorants sont à même d'y adhérer.

On avait cru que l'argument de la «main de l'étranger» n'était que cet épouvantail que certains politiques algériens ressortent de temps à autre pour camoufler leurs échecs: chercher le bouc-émissaire et qui s'appelle «hizbfrança» ou main de l'étranger. On a même vu des personnes accuser la main de l'étranger pour justifier une défaite de nos équipes de foot ou de hand.
Voilà que cet épouvantail est de nouveau exhibé, non pas par le pouvoir en place, mais par des cercles hostiles aux efforts de modernisation de l'Ecole algérienne. Le mensonge autour de la présence d'experts français venus en Algérie pour - selon les fantasmes de ces semeurs d'intox - élaborer les programmes scolaires est tellement grossier que seuls des incrédules ou des ignorants sont à même d'y adhérer.
Comment confier le programme scolaire de la langue arabe, de tamazight, d'éducation islamique ou d'histoire à des personnes qui ne parlent pas un traître mot de nos deux langues nationales et qui sont étrangers à notre culture?
Ces producteurs de mensonges feignent d'ignorer que le recours à l'expertise étrangère est fixé par les lois de la République et strictement encadré par le ministère des Affaires étrangères. Ces experts ne peuvent intervenir que dans le cadre d'un accord de coopération bilatérale entre deux pays souverains.

Producteurs de mensonges
Dans le cadre de la coopération et de tout temps, le ministère de l'Education nationale a reçu des experts venus d'Angleterre, d'Allemagne, d'Espagne, d'Italie et bientôt de Russie, de Chine et de Turquie. Les langues de ces pays étant enseignées en Algérie ou le seront bientôt. Ils apportent aux personnels du secteur une expertise concernant les dernières avancées dans le domaine du management, de la didactique, de la pédagogie.
A moins de vouloir se recroqueviller dans notre médiocrité, pas un seul Algérien ne refusera un tel apport de savoir et savoir-faire. Il y a lieu de rappeler que le secteur de l'éducation a connu deux périodes fastes en coopération avec la France.
Pendant plus de dix ans, sous l'ère Kharroubi (1978/90), ce sont des dizaines d'experts français qui arrivaient chaque année pour former les personnels algériens chargés de l'arabisation totale et urgente de toutes les disciplines scolaires.
C'était l'époque où des enseignants francophones devaient enseigner en arabe les maths, la physique/chimie, les sciences, la technologie. Et de nos jours, nous payons cash l'impact de cette dérive.
Et en sens inverse des centaines - oui des centaines - d'enseignants, d'inspecteurs et de chefs d'établissements algériens partaient pour de longs séjours de formation à Paris, Lyon, Caen, Marseille, Dijon ou Besançon. Par la suite, au début des années 2000, l'Union européenne octroyait à l'Algérie un prêt en millions d'euros pour appuyer la réforme de l'école, de la formation professionnelle et de l'enseignement supérieur.
A la clé, des dizaines d'experts français sillonnaient le pays pour former nos cadres. Jamais des voix ne s'étaient élevées pour dénoncer la main de l'étranger ou une quelconque tentative de francisation de l'école, de la formation professionnelle ou de l'université (bien que celle-ci le soit depuis 1962 dans certaines filières).
Au fait, pourquoi les détracteurs du MEN ne dénoncent-ils pas le ministère de l'Enseignement supérieur pour le maintien de cette langue dans toutes les filières scientifiques et technologiques? Pourquoi alors dénoncer la présence de trois experts français - pas des dizaines - et leur prêter la mission fantomatique de franciser les programmes scolaires de deuxième génération? Il y a lieu de noter que ces semeurs d'intox n'évoquent jamais la présence des experts anglais ou allemands qui viennent, eux aussi, au pays dans le cadre de la coopération avec le MEN.
En vérité, la présence de ces experts français n'est qu'un alibi pour des desseins inavoués.
En effet, ce sont deux mesures salvatrices pour l'Ecole algérienne qui ont déclenché leur ire. Primo: les contenus culturels des manuels où le référent algérien (écrivains et leurs oeuvres), inexistant jusque là, sera réhabilité à hauteur de 80% dans les manuels scolaires.
Une absence jamais dénoncée auparavant! Les nouveaux programmes n'occultent pas pour autant les auteurs arabes, maghrébins et universels.
Les auteurs algériens seront réhabilités dans toutes les langues enseignées (arabe, tamazight et français).
Dans cet ordre d'idées, une anthologie scolaire est en voie de finalisation avec le concours du ministère de la Culture: une collecte de toutes les oeuvres littéraires algériennes. Elle servira à nourrir l'imaginaire de nos élèves dont certains deviendront nos futurs Benhadouga, Feraoun, ou Assia Djebar.

Bizarre, le timing...
Une anthologie qui fera disparaître les textes d'auteurs inconnus au contenu rétrograde et souvent manipulateurs des esprits de nos enfants.
La deuxième mesure à l'origine des mensonges n'est autre que la volonté du ministère de mettre fin au parcoeurisme qui torture nos élèves et au bachotage (bourrage de crâne). Quel est cet Algérien qui s'opposerait à de telles mesures? Des mesures qui émanent des recommandations des Conférences d'évaluation de la réforme de juillet 2014 et juillet 2015. Et qui n'ont été dénoncées qu'en mars 2016. Bizarre, ce timing!
A titre d'information, cette étude de la Banque mondiale relative aux programmes scolaires des pays arabes et que nos super-patriotes n'ont pas dénoncée. Elle date de 2010. Ses conclusions présentent beaucoup de similitudes avec les recommandations de la Conférence nationale d'évaluation de juillet 2015, organisée par le MEN. Qu'on en juge!
L'étude de la BM a souligné l'archaïsme des contenus des programmes scolaires des pays arabes. Des programmes qui consacrent 60% de leurs contenus à la transmission de connaissances déconnectées de l'environnement quotidien de l'élève.
Les compétences n'y sont présentes qu'à hauteur de 35% mais sans l'indispensable application pratique. Quant aux valeurs universelles, les officiels arabes ne leur donnent qu'une place minime, soit 5% des contenus.
Toutefois, un expert jordanien qui a participé à cette étude a tenu à relativiser: «L'étude a porté sur les programmes en usage dans les écoles publiques, celle des enfants du peuple. Elle n'a pas concerné les programmes des écoles privées où sont scolarisés les enfants des dirigeants et des riches familles arabes.»
Il est vrai que dans ces écoles de riches, la langue arabe n'est pas langue d'enseignement cédant ce statut à l'anglais et parfois au français.

Notre dernière livraison intitulée «Le recrutement externe et l'intégration directe ou la mise à mort de l'école algérienne» nous a valu un nombreux courrier. Ici des extraits de quelques contributions.

TRIBUNE DES PARENTS
De Marie-Claude Barthes (de Toulouse - enseignante, formatrice retraitée)

Merci pour votre article. En vous lisant, je ne peux m'empêcher de penser que l'on connaît aussi en France des difficultés en matière d'enseignement. Lorsque j'étais en activité, je partageais mon temps entre mes élèves de collège et la formation des nouveaux enseignants. Après le concours, ces derniers avaient une année de stage avec une classe dont ils étaient responsables. Ils étaient accompagnés par un (ou une)conseiller pédagogique. Deux jours par semaine, ils avaient une formation pédagogique par groupes disciplinaires et par classe: cours magistraux et travaux pratiques par groupes concernant les différents domaines de la pratique du métier. Ils devaient aussi réaliser et soutenir un mémoire professionnel. Nous allions leur rendre visite dans leurs classes. Nous étions disponibles, s'ils avaient des difficultés ou des problèmes à résoudre. C'était l'âge d'or de la formation. Aujourd'hui, ceux qui ont le concours se retrouvent sans formation autre qu'un accompagnement assuré par des collègues, face à des élèves souvent difficiles, pour ne pas dire ingérables

Baya M.(Paris - enseignante à la retraite)
Merci pour cette longue histoire de l'Ecole algérienne âgée de seulement 50 ans, mais qui vit tant de soubresauts... Il est vraiment émouvant et à la fois choquant de voir des familles se priver pour payer des cours à leurs enfants, palliant ainsi les «manques» de l'école publique. Je n'oublierai jamais les livres de lecture des classes de cm1 et cm2 (années 1980/1990)dans lesquels il y avait des articles dont l'éléve avait tellement de mal à comprendre le contenu, à la place de petites histoires qui font partie de son quotidien. Ainsi, il saisirait vite le sens et dont le contenu l'intéresserait au point de l'enthousiasmer, de lui donner envie de lire.
De plus, un livre scolaire doit avoir de jolies illustrations qui donnent envie à l'enfant de le feuilleter. La réussite au concours d'enseignant est indispensable. De la sorte on pourra savoir s'il possède et la culture générale et la connaissance écrite de la discipline à enseigner.
Ensuite le ministère doit les mettre directement dans une école de formation pédagogique et les préparer à la titularisation garante de l'engagement de l'enseignant dans son métier.

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