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Belhimer au chevet du journalisme

Avant d’être ministre, il était journaliste. Aujourd’hui il promet de débarrasser la profession de tous les maux qui l’affectent. Quels maux ? Suivez-nous !…

Sauvetage. «Mettre fin à l'anarchie», bannir le «chantage» et l'«usurpation du métier de journaliste» pour «l'extirper de l'anarchie» et des «forces n'appartenant pas à la famille des médias», le «sortir des zones d'ombre», des «pratiques étrangères à la profession», des «relations avec des forces étrangères suspectes», des «nombreux dépassements», des «intérêts illégaux», etc. Le ministre de la Communication, Ammar Belhimer, a été d'une clarté éblouissante, mardi dernier, dans son intervention lors d'une rencontre avec les syndicats et les organisations de la presse nationale. Il a procédé à un état des lieux, sans complaisance aucune, sur le journalisme dans notre pays. Comme jamais aucun ministre ne l'avait fait avant lui. Il faut dire que Ammar Belhimer bénéficie de l'avantage d'une longue carrière de journaliste avant de faire partie du gouvernement. Il connaît le «malade». Il a lui-même souffert des maux qu'il a énumérés et qui affectent la profession. Fort du programme du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, et dont l'application figure dans le plan d'action du gouvernement, Belhimer a la lourde charge de «remettre sur pied» un journalisme défiguré et qui allait à vau-l'eau. Mission difficile mais non moins exaltante pour un membre de la profession jaloux des valeurs qu'elle véhicule. Il est absolument certain que tous les vrais journalistes le soutiendront et l'aideront à relever le défi. La descente aux enfers de cette corporation a commencé dès l'ouverture du champ médiatique en 1990. Sans renier, tout de même, qu'avant cette date, quelques cas condamnables, mais isolés, ont existé à l'époque de la pensée unique. Ils se comptaient sur les doigts d'une seule main. Alors qu'aujourd'hui on est passé de l'exception à la règle. La descente aux enfers disions-nous restera marquée par la forte demande des journaux naissants alors que l'offre de journalistes sur le marché de l'emploi était nulle. Et pour cause, les seuls journalistes existants étaient ceux des journaux gouvernementaux. De plus, la mesure d'ouverture prise par le gouvernement de l'époque s'adressait à eux pour créer les nouveaux journaux privés qui devaient «nourrir» la démocratie promise. C'était «l'aventure intellectuelle» disait-on dans la corporation. Et quelle aventure! Mais c'est un autre débat. Revenons à la naissance des journaux privés et leurs offres d'emploi. à défaut de journalistes expérimentés, la nouvelle presse privée s'est rabattue sur ce qui était disponible. C'est-à-dire des universitaires de toutes filières qui étaient au chômage et à qui on donnait des feuilles blanches et un sujet de rédaction. Vous l'avez compris, il suffisait de savoir aligner des phrases pour être recruté. La technique journalistique était totalement absente. C'est pourquoi très peu font la différence entre un reportage, une enquête, une chronique judiciaire et un critique cinéma. C'est pourquoi aussi la nomenclature des postes a volé en éclats. Il n'y a plus ces différents paliers obligatoires dans la carrière d'un journaliste. Très peu font la différence entre un reporter et un rédacteur. Entre un rédacteur en chef spécialisé et un chef de rubrique. Tout a disparu. On est journaliste, point barre. Et c'est commode. Par contre, ce que tout le monde a tout de suite saisi, c'est ce formidable pouvoir de l'écrit journalistique sur l'opinion publique. C'est comme si on avait mis subitement les armes à feu en vente libre. Et vas-y que je te monnaye! La bourse ou...l'article! A cette déliquescence s'est ajoutée l'arrivée en force des hommes d'affaires dans les médias. Les uns pour se protéger, d'autres pour renforcer leurs pouvoirs. Quand ce n'était pas les deux à la fois. à cela il faut ajouter la délivrance des agréments de création de journaux, à «la tête du client». Aux copains comme aux coquins. Ce n'était plus des journaux mais de véritables «pompes à fric» que permettait la publicité étatique. Le tirage a minima, juste pour le dépôt légal. Sans aucune création d'emploi non plus. Le contenu du journal était puisé de l'Internet en copier-coller. La perversion à outrance de la profession et personne pour la défendre. Il restait très peu de vrais journalistes passionnés par ce métier trop souvent ingrat. La gangrène s'est étalée à tel point que les petites mains voulaient elles aussi s'en mettre plein les poches. Ce qui a donné comme résultat à toutes sortes de délits comme le racket, le chantage ou pis encore, à l'intelligence avec l'étranger. Triste sort d'une profession si noble et ô combien exaltante. S'il fallait résumer cette descente aux enfers, nous dirions qu'on est passé de «l'aventure intellectuelle» à la délinquance intellectuelle. Nous espérons de toutes nos forces que le ministre de la Communication et journaliste, Ammar Belhimer, réussisse à rendre à la profession ses lettres de noblesse. Les vrais journalistes l'aideront!

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