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Didouche Mourad et la bataille de Zaâtcha

Semaine de la mémoire. Y a-t-il un lien suggéré par le titre? Evidemment...

Flambeau. S'il y a un événement lié à la colonisation de l'Algérie et qui a particulièrement marqué la vie du chahid Didouche Mourad, c'est bien la bataille de Zaâtcha qui a fait l'actualité cette semaine, à l'occasion de la récupération des restes du chahid Cheikh Bouziane qui mena la bataille avec ses troupes contre le corps expéditionnaire français. Avant de donner plus de détails sur cette relation particulière qu'avait Didouche Mourad avec la bataille de Zaâtcha, revenons sur la personnalité de celui qui faisait partie des six chefs historiques qui ont décidé de passer à l'action armée le 1er novembre 1954. D'abord il était le plus jeune de ses cinq compagnons. Né en 1927, il n'avait que 27 ans. L'aîné était Mostefa Ben Boulaïd qui avait 37 ans pour être né en 1917. Benjamin du groupe, Didouche Mourad jouissait d'une grande maturité. Il était précoce. Il avait un cursus scolaire plus long que ses compagnons avec ses études au lycée technique du Ruisseau (actuellement les Annassers). Il passa le cycle primaire à l'école communale de la Redoute (actuellement El Mouradia). Pour s'y rendre, Didouche Mourad, enfant, empruntait inévitablement, en venant de la rue des Mimosas où il habitait, la rue Rouget de l'Isle qui débouchait sur la placette de l'école. Pour ceux qui ne le savent pas, Rouget de l'Isle est l'auteur de la Marseillaise, l'hymne national français. Ainsi donc Didouche Mourad qui passait quatre fois par jour durant plusieurs années par cette rue ne pouvait pas ne pas méditer sur cette «effraction» culturelle que voulait imposer, à tous les Algériens, l'occupant étranger. On imagine aisément le sentiment qui devait le prendre à la gorge, le jeune Mourad, lorsqu'à l'école l'instituteur abordait le sujet de «nos ancêtres les Gaulois». Précoce disions- nous, puisqu'il n'avait que 18 ans lorsqu'il créa la troupe de scouts «El Amal» qui servait, nous le saurons plus tard, de «couverture» à la formation paramilitaire de ses membres. Donc dès 1946, soit une année après les massacres du 8 mai 1945, Didouche Mourad était convaincu de la nécessité de passer à la lutte armée. D'ailleurs et juste après, il participe à la création de l'OS (Organisation secrète) dont l'existence a été découverte en 1950 par les forces coloniales. C'est à partir de là qu'il fut l'objet d'un avis de recherche. N'ayant pas été capturé, il a été condamné par contumace à 10 ans de réclusion criminelle. À cette même période, il était occupé avec son aîné Mostefa Ben Boulaïd à mettre sur pied un atelier clandestin à Alger pour fabriquer des bombes. Nous sommes en 1952 et cette action armée est toujours présente dans l'esprit du jeune Mourad. En 1953 il part en France où il sera, à l'âge de 26 ans, l'adjoint de Mohamed Boudiaf à la tête de la Fédération de France du MTLD. Il fera la connaissance d'Ahmed Mahsas et c'est avec lui et Boudiaf que le projet du mouvement révolutionnaire voit le jour. Un mouvement que tout le monde découvrira le 1er novembre 1954 comme étant le «Front de Libération nationale». Il revient en Algérie au printemps 1954, avec Boudiaf pour préparer le combat. C'est toujours Didouche Mourad qui contacte Lyès Derriche pour tenir, chez lui, la célèbre réunion des 22 en mars 1954. Ils étaient voisins. Le quartier des Mimosas est mitoyen du Clos Salembier (aujourd'hui El Madania). La suite, tout le monde la connaît. Un mot cependant sur la rédaction du message du 1er Novembre 1954. C'est Didouche Mourad qui en est l'auteur. Il l'a ensuite soumise à ses cinq compagnons qui l'ont validé. Krim Belkacem se proposa d'organiser son impression et sa diffusion. Personne d'autre que les six ne connaissait l'existence du message avant son impression. Didouche Mourad était jeune, mature précocement, doué aussi, généreux et très courageux (arrêté à l'âge de 20 ans, il réussit à s'évader de la salle d'audience du tribunal). Il connaissait le danger qu'il allait affronter. En témoigne la conclusion du message: «Quant à nous, résolus à poursuivre la lutte, nous donnons le meilleur de nous-mêmes à la patrie.» Cela n'a pas tardé puisqu'il tomba les armes à la main le 18 janvier 1955. Deux mois et demi seulement après le déclenchement de la lutte armée. Précoce même dans la mort puisqu'il a été le premier des six à quitter ce monde. Revenons maintenant à la bataille de Zaâtcha. On a dit plus haut que Didouche Mourad empruntait la rue Rouget de l'Isle pour rejoindre son école primaire. Pour se rendre au Lycée, l'adolescent qu'il était devenu, passait matin, midi et soir par la rue Zaâtcha que la colonisation présentait comme une victoire. Elle relie le quartier des Mimosas à la «cité Mahieddine» (actuellement salle Harcha). De là le tramway allait directement au Ruisseau où se trouvait son lycée. Pour un érudit comme lui, «pris en tenailles» par ses deux noms de rues durant l'enfance et l'adolescence, cela ne pouvait que forger, pour une grande part, sa conviction et sa détermination de libérer le pays. Notre modeste contribution était nécessaire, car de tous les leaders de la révolution, il est le moins connu.

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