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«Fakhamatou» et le large spectre

Indigence. Dès son investiture, le 19 décembre dernier, le président Tebboune avait annoncé la couleur. Il ne veut pas du titre de «Fakhamatou». Tous ceux qui s'adresseront à lui se contenteront de «Monsieur» le président de la République. Le signal a été fort. Il rompt avec une certaine obséquiosité dont l'intelligence se méfie comme de la peste. Tebboune a également, avec cette décision, rendu service à tous ceux et celles qui se sentaient obligés d'être obséquieux. Il leur permet de «purifier» leur mentalité. D'être moins hypocrites. D'avoir une relation saine, basée uniquement sur les droits et les devoirs, avec leur hiérarchie. D'ailleurs, on retrouve ce souci dans la «moralisation de la vie politique et publique» du programme électoral de l'actuel président de la République. C'est au point 4 de ses 54 engagements. Il est question de «rénovation du cadre déontologique applicable aux agents publics». Pour l'anecdote, dans les années 80, un ministre de la République faisait annoncer son entrée en salle de réunion par les trois coups sur le plancher comme au théâtre. Ce qui rendait l'arrivée du ministre pompeusement «royale». À ce niveau, il y a des restes de ces comportements d'un autre âge. Comme celui de «Maâli el Ouazir» qu'on entend ici et là. C'est à se demander si les ministres concernés sont dupes à ce point là pour croire à une once de sincérité chez le flagorneur? Dans tous les cas, ceux qui laissent faire, montrent les signes de jouissance d'une reconnaissance tant espérée. Par manque de confiaance en soi qui a pour conséquence la quête infinie de courtisans pour entretenir l'illusion. Jusque-là on peut dire que la flagornerie est «subie» quand elle n'est pas bien sûr incitée. Sauf qu'il y a plus grave. Qui n'a pas remarqué ces responsables qui accueillent les caméras de la télévision en plaçant au plus près sur leur bureau un présentoir sur lequel sont inscrits leurs nom et prénom ainsi que leur fonction dans une police de caractères visible même par des malvoyants? Comme s'ils avaient la hantise que, lors de la diffusion de leur intervention, la légende, sur l'écran, soit plus petite et si brève qu'elle échapperait aux téléspectateurs. Nous sommes en présence du narcissisme. Ou peut-être même de la mégalomanie. Il s'agit dans les deux cas de symptômes décrits par la psychologie clinique. Avec deux définitions «mésestime de soi» ou «conviction erronée de sa supériorité». À noter que la qualité de ces présentoirs, diffère d'un responsable à l'autre. Il y a les présentoirs élaborés, bien gravés sur du bois noble. Il y a aussi les plus sommaires, voire de mauvais goût, qui consiste à coller l'impression sur feuille blanche sur un support bas de gamme. Ce qui est un autre reflet de la culture de l'auteur. Ce n'est pas fini. Dans tous les pays développés le titre de docteur ou celui de professeur est strictement réservé aux professions médicales. Chez nous comme dans certains pays arabes, on s'affuble de ses titres même s'ils ont été obtenus dans une filière littéraire, économique ou autre. Ils sont même, aux yeux de certains, plus valorisants que les plus hautes fonctions de l'Etat. Sinon, comment expliquer qu'un ancien enseignant en économie persiste à garder son titre de professeur même après avoir été nommé ministre? Ne parlons pas des «doctours» en veux-tu, en voilà qui foisonnent dans tous les secteurs. Il y a comme un mal profond à extirper d'une frange de la société. Celui du paraître qui est utilisé pour mieux masquer l'être. Partant de là, il faut dire qu'il reste du travail à accomplir aux échelons inférieurs. Qu'il faudra descendre plus bas que «Fakhamatou». Tous ces signes ostentatoires renseignent sur les raisons qui freinent le développement durable du pays. Il s'agit de ce mal hérité d'une vie sans horizons inscrite dans notre histoire. Une histoire où nous n'étions ni sujets ni citoyens. Une domination qui nous a refusé même le droit d'exister. Une domination où l'étranger était mieux considéré que nous qui étions dans notre propre pays. Des sévices et une frustration qui laissent forcément des traces comme cette obsession et ce besoin de reconnaissance qui poussent certains d'entre nous à privilégier les artifices du paraître à la profondeur de l'être. Notre jeunesse en est heureusement indemne. L'Algérie nouvelle en construction se fera par eux et avec eux. Il faudra leur éviter toute contamination de ce désordre psychologique. En interdisant par la loi l'utilisation des titres ronflants, sans queue ni tête. Parallèlement en mettant en place une politique culturelle volontariste qui, avec le doigt sur les plaies, nous aidera à changer de mentalité. Pour accorder plus de valeur aux principes nobles et à la compétence qu'aux titres clinquants qui, quelquefois- osons le dire- peuvent même reposer sur un faux parcours. Rappelons juste qu'une opération a eu lieu dans la fonction publique, il y a quelques années, pour détecter les faux diplômes. La «moisson» avait été riche!

De Quoi j'me Mêle

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