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L’ascenseur entre mal-vie et bien-être

Malédiction. L’histoire des ascenseurs en Algérie peut se raconter, mais pas s’expliquer. L’histoire de l’ascenseur, devrions-nous dire. Pas des ascenseurs. Que beaucoup soient en panne pour de longues durées ou que d’autres fonctionnent en « CDD » ne change pas le problème de la relation de nos dirigeants avec l’ascenseur. Car il s’agit d’un véritable problème national. Commençons par le commencement. A l’indépendance, le parc d’ascenseurs se limitait à trois grandes villes (Alger, Oran et Constantine). Il faut dire que l’Algérien qui avait vécu pendant des millénaires à l’horizontal allait subitement en 1962 découvrir la vie à la verticale. Ou en superposition si vous voulez. Il n’en connaissait ni les codes ni les droits ni même que la copropriété (propriété en partage) existait. C’est ainsi que furent occupés les biens laissés vacants par les colons. Ce qui nous intéresse aujourd’hui, ce sont les immeubles des grandes villes qui étaient équipés d’ascenseurs. L’ignorance de tout ce qui a trait à la vie en copropriété a fait que ces ascenseurs ont cessé de fonctionner très rapidement. Pas de syndic. Pas de société de maintenance d’ascenseurs. Aucun ascensoriste sur le marché de l’emploi. S’y ajoutait une phobie certaine chez les Algériens qui, dans leur environnement horizontal, préféraient avoir les pieds sur la terre ferme. Les années passèrent. Les décennies aussi. Alors que les ascenseurs existants étaient toujours hors d’usage, le gouvernement décida, dans les années 80, de construire quelques immeubles au profit des cadres qu’il devait loger plus confortablement. Sauf que les immeubles ne devaient pas dépasser cinq étages. Pourquoi? Parce qu’à partir du 6ème étage, la norme internationale exige qu’ils soient équipés d’ascenseurs. Donc on s’en tint à 5 étages. Sans ascenseur. Pourtant, une entreprise nationale de réparation d’ascenseurs (Enasc) a été créée. Pour qui ? Pour les administrations qui étaient équipées d’ascenseurs comme le Palais du gouvernement, qui vient d’ailleurs d’installer des ascenseurs flambant neuf en remplacement des anciens. Pour le reste, le marché n’existait pas. De temps à autre, on entendait des voix de personnes vieillissantes qui rouspétaient contre les ascenseurs « sans vie » de leur immeuble. Ainsi allait la vie, dans notre pays, sans l’ascenseur. Jusqu’au début des années 2000 et à la faveur du lancement de la location-vente, le gouvernement décida d’introduire dans ses programmes des immeubles à grande hauteur (IGH). Allant jusqu’à 15 étages. Et là évidemment, l’ascenseur s’imposait. Pas de problème, les Chinois qui réalisaient ces logements ont alors installé des ascenseurs. Pendant l’année de garantie qui a suivi la livraison, les ascenseurs ont fonctionné. Ce n’est qu’après que les pannes décimèrent pratiquement tout le nouveau parc. L’Enasc avait son carnet de commande bloqué par les administrations. Impossible pour elle de s’occuper des nouveaux immeubles des années 2000. D’autres sociétés privées ont vu le jour pour l’installation. Pas pour le dépannage ni la maintenance. Ce n’est qu’en 2016, que le gouvernement s’est « réveillé » pour encourager les petites entreprises de l’Ansej à passer des conventions pour l’entretien et le dépannage des ascenseurs de l’Aadl. Sauf que le secteur de la formation professionnelle n’ayant pas suivi cette dynamique, le résultat n’est pas brillant. La wilaya d’Alger s’est lancée, toujours en 2016, dans un projet de réparation de près de 788 ascenseurs en panne dans la capitale. Un budget de 100 milliards de centimes. L’argent sans la formation des techniciens, sans un vrai secteur d’activités des ascenseurs et sans une gestion durable des immeubles, ne peut rien. Une réparation qui n’est pas suivie par un entretien permanent est vouée à l’échec. Les pannes n’en finissent de se produire et se reproduire. Les habitants des IGH vivent avec la crainte d’une panne. Leur angoisse est permanente. Le temps passe et celui qui était jeune finit par vieillir. La valeur du logement elle-même est remise en cause. On est loin des youyous lors des remises des clés. A cause de l’ascenseur, la mal-vie s’installe chez certains copropriétaires. Que ce soit au centre-ville ou dans les cités Aadl. Alors que l’ascenseur a été inventé pour faciliter la vie à la verticale et créer le bien-être. Il faut vivre le calvaire du malade à évacuer en urgence s’il habite un IGH avec l’ascenseur en panne. Ou la femme qui va accoucher. Ou le chef de famille qui rentre avec les couffins chargés et doit prendre les escaliers jusqu’au…15ème étage. On a mis du temps pour comprendre la nécessité de doter les cités d’écoles, de centres de santé, etc. Il ne reste plus qu’à prendre conscience de la profondeur sociologique de l’ascenseur !

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