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La face cachée des césariennes

C’est facile et ça rapporte gros. Les accouchements par césarienne augmentent. Un peu trop. Les autorités ont décidé d’enquêter. Une des raisons est déjà connue. C’est le profit. Malgré les risques élevés pour la mère et l’enfant…

Patient ou client ? Les accouchements par césarienne dans les cliniques privées algériennes, connaissent une hausse anormale. Tellement anormale que le ministre de la Santé, Mohamed Miraoui, vient d’annoncer qu’une enquête est ouverte sur cette hausse des césariennes qu’il juge d’emblée « inacceptable ». Le ministre a même précisé que « les premiers résultats de l’enquête ont révélé que les recettes importantes issues des césariennes constituaient l’une des principales raisons de la hausse de cette pratique ». Autrement dit, les cliniques privées « poussent » à la césarienne pour gagner plus de fric. Un rapide calcul permet de se faire une idée sur ce marché « juteux ». L’Algérie enregistre chaque année un peu plus d’un million d’accouchements. Les cliniques privées facturent chaque césarienne entre 7 et 10 millions de centimes. On vous laisse faire la multiplication. Le taux de césariennes admis par l’OMS est de 10 à 15%. En Algérie certaines sources le situe à 40% et plus. De plus, l’accusation du ministre repose sur des faits avérés. Lorsqu’il déplore que ces césariennes sont pratiquées dans le secteur privé « outre le manque de ressources humaines et de formation médicale au niveau de certaines cliniques », il fait référence à l’activité complémentaire des praticiens du secteur public. C’est-à-dire ceux qui, tout en étant rattachés au secteur public, exercent également dans le secteur privé. Avec armes et bagages le plus souvent. Comprenez en orientant leurs malades du service public vers le secteur privé où ils officient. Ceci est valable pour toutes les disciplines médicales. Y compris évidemment les césariennes. Il faut comprendre également les propos du ministre sur ces « manques de certaines cliniques privées » qu’il arrive fréquemment, pour ne pas dire souvent, que des complications ayant lieu dans des structures privées débouchent sur des évacuations urgentes vers les hôpitaux publics mieux équipés en personnels et en équipements. Cependant, d’autres risques liés à l’accouchement par césarienne sont moins connus. L’OMS parle de « risques à court et moyens terme » chez les enfants nés par césarienne comme l’asthme, le diabète de type 1, l’obésité, la sclérose en plaques, la maladie cœliaque, etc. La mère, quant à elle, court le risque de futures grossesses extra-utérines et de placenta mal placé, voire même d’occlusions intestinales. Ceci dit, cette hausse du « bistouri » chez nous est favorisée par d’autres raisons. Il y a d’abord cette tendance à vouloir accoucher dans une clinique privée. Un signe de statut social lié aux factures « salées ». Avec aussi la différence des prestations de la partie « hôtelière ». Sans oublier que la cicatrice laissée par une césarienne est passée de la verticale à l’horizontale. Esthétiquement plus acceptable. En outre cette pratique de la césarienne que certains n’hésitent pas à qualifier « d’industrielle » tend à faire disparaître le corps de sages-femmes. Le seul chiffre que nous avons pu obtenir est celui du Syndicat national des sages-femmes algériennes (à ne pas confondre avec l’Union nationale des sages-femmes) qui faisait état en 2017 de 3500 sages-femmes au niveau national. A titre comparatif, la France compte dix fois plus de sages-femmes pour une population qui est moins du double de la nôtre. Seuls trois centres de formation de sages-femmes existent en Algérie (à Tlemcen, Tizi Ouzou et Annaba). Même pas dans la capitale. Bizarre, non ? Si ce n’est pas « pousse-toi que je m’y mette ! » cela y ressemble beaucoup. Le ministre serait bien avisé d’instruire ses enquêteurs de « fouiller » dans ce déficit de formation. D’autant qu’il y a à peine un demi-siècle, c’est-à-dire avant l’indépendance (9 millions d’habitants), tous les accouchements en Algérie avaient lieu à domicile. Avec des sages-femmes pas toujours sorties des centres de formation. Ce qui ne veut pas dire qu’il faille retourner au sous-développement, mais se poser la question du recul de cette profession médicale et la hausse des césariennes. De se pencher sérieusement sur ce problème de « boulimie » sans fin de l’argent qui gangrène et pervertit des professions nécessairement vertueuses. Une « religion » de l’argent que l’imaginaire populaire qualifie pourtant de « Zbel Dounia » ! 

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