{{ temperature }}° C / {{ description }}

Cité introuvable.

Les harkis, passé et futur

Notre jeunesse a soif de connaître son histoire. Comme la séquence des harkis. Pourquoi et comment des Algériens ont décidé de trahir leur pays et leur peuple ?...

Page noire. En cette deuxième partie du mois d’octobre, il nous a paru opportun et utile d’ouvrir quelques dossiers de la guerre de Libération nationale. Pas les plus faciles. Pas les plus traités. Non, ceux qui sont considérés comme des tabous. Comme le dossier des harkis. Ces hommes qui ont été à contre-courant de l’histoire. Pour diverses raisons que nous essayerons d’examiner. On les appelait les harkis, les goumis, les supplétifs, les collabos, les traîtres, mais qui étaient-ils réellement, combien étaient-ils et qu’ont-ils laissé derrière eux ? Au lendemain du déclenchement de la guerre de Libération nationale, le 1er Novembre 1954, les autorités coloniales ont pensé à créer une armée de supplétifs algériens pour « le maintien de l’ordre ». En réalité, c’était des hommes qui étaient présentés comme des groupes d’auto-défense contre les « fellagas » (Moudjahidine, Ndlr) qui étaient armés sans faire partie de l’armée française. C’était une milice, sans statut particulier, que l’armée coloniale allait dresser contre les combattants de l’ALN. C’était, plus simplement, des Algériens dressés pour combattre les Algériens qui s’étaient soulevés contre la colonisation et qui combattaient pour l’indépendance. Il est très difficile de les quantifier vu qu’ils n’étaient pas, pour la plupart, inscrits sur les registres militaires français. Certaines sources les évaluent entre 200 000 et 300 000 harkis. Pourquoi se sont-ils enrôlés contre leurs compatriotes ? Plusieurs raisons à cela. Il y a, tout d’abord, une prédisposition mentale que le grand penseur Malek Bennabi désigne sous le vocable « la colonisabilité ». Une prédisposition qui n’est pas loin du syndrome de Stockholm découvert bien plus tard. On peut résumer cette attitude par une admiration excessive qui mène à la soumission totale. Les sectes utilisent le même procédé. Il y a aussi la condition misérable imposée à tous les Algériens par la colonisation. La faim, les maladies, le froid, etc. Tandis que les artisans du 1er Novembre 1954 avaient mis en place une stratégie pour libérer définitivement l’ensemble du peuple algérien de sa condition infra humaine, les harkis ont eu la courte vue et ont accepté la charité que leur offrait l’occupant. C’était la tenue militaire qui tenait chaud, c’était les repas réguliers, c’était le salaire même misérable et non déclaré, c’était autant de petits avantages qui faisaient des harkis des « privilégiés ». Ensuite, l’enrôlement des Algériens dans l’armée française s’était banalisé après la Première et la Seconde Guerre mondiale où certains, parmi ceux qui étaient revenus vivants, ont même été décorés. Ce qui leur donnait un « statut » social au-dessus de leurs coreligionnaires, mais tout en restant maintenus dans leur état de soumission aux colons. Et enfin, il faut y ajouter le cycle infernal de la vengeance tribale éternelle et héréditaire dès lors qu’a lieu la première exaction et le premier crime fratricide commis. Impossible de revenir en arrière dès que l’on avait posé le pied dans l’engrenage diabolique dressé par le « civilisateur ». Dès le cessez-le-feu, le 19 mars 1962, les harkis ont voulu se sauver en quittant le pays comme le million de pieds-noirs. Analphabètes, non inscrits sur les rôles de l’armée française, le gouvernement français n’a pas voulu d’eux. Quelques officiers français, pris de pitié, ont aidé leurs supplétifs à quitter l’Algérie et rejoindre la France. Certains harkis ont même eu « la chance » d’emmener avec eux leurs familles. Indésirables et ne faisant pas partie du programme des rapatriés d’Algérie, tous les harkis qui avaient réussi à traverser la Méditerranée ont été parqués dans des camps militaires. D’où ils ne sortaient pas et vivaient ainsi que leurs familles comme des prisonniers pendant des années. Il y a un livre intéressant à ce sujet écrit par une fille de harki devenue journaliste et qui s’intitule « Mon père ce harki ». On y trouve toute la laideur d’une vie sans dignité ni honneur et sans racines de ceux qui ont choisi à un moment de leur vie de trahir leur peuple. Aujourd’hui, beaucoup de ces harkis ne sont plus de ce monde. Ils sont partis couverts de honte et en gardant le silence, même à leurs enfants, sur leur indignité. Aujourd’hui, la communauté harkie est plus nombreuse. Leurs descendants jusqu’à la troisième génération représentent environ 500 000 personnes. En Algérie, les enfants et petits-enfants de harkis ne sont pas tenus pour responsables des crimes commis par leurs parents. Ce qui n’exclut pas chez certains d’entre eux un sentiment de vengeance irrépressible. Un aspect que l’Algérie et les Algériens ne doivent pas ignorer. Ni le sous-estimer non plus !

De Quoi j'me Mêle

Placeholder

Découvrez toutes les anciennes éditions de votre journal préféré