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Cueilli comme un fruit mûr!

De nos jours, le flagrant délit a fait place à la comparution immédiate. Une délicieuse procédure.

Benadel est un gaillard originaire de la wilaya de Médéa, qui a été pris dans un domicile à Alger en flagrant délit de vol de têtes de paraboles et d'effets vestimentaires étendus à même les balcons.
À la barre, dès que les victimes s'approchent, il s'écroule raide. La juge, sans s'affoler aucunement, demande aux policiers de le faire asseoir à l'intérieur du box. Le brigadier fait les yeux de merlan frit et ne comprend pas du tout que la magistrate n'ait pas demandé une ambulance! C'est le minimum pour une personne en danger. L'officier de police s'exécute sans arriver à saisir le pourquoi de cette demande de la juge.
Le détenu est aidé à s'asseoir sur le banc. Il fait mieux... Il s'étend de son 1,78m. Il entend très bien la juge lui rappeler son statut d'inculpé de vol et réciter ses coordonnées.
Elle les énumère une à une. Il rectifie les coordonnées de ses parents et leur adresse: «Donc, vous êtes en état d'être entendu?», questionne la magistrate qui commence par s'intéresser à la provenance des 25 têtes de paraboles. «Je les ai achetées dans un marché informel à Blida». Une des victimes prend le risque de parler sans avoir au préalable demandé l'autorisation à la juge, loi oblige -. «Madame, il les portait à la ceinture comme des grenades».
Toujours étendu sur le dos, Benadel proteste: «Elles sont à moi, je les revends à l'occasion de mon séjour à Blida.» Puis la présidente prie les victimes de décrire les circonstances dans lesquelles il a été neutralisé.
On apprend donc que depuis le deuxième étage, il a volé un ballot de linge qu'il a balancé dans la rue, le temps qu'il redescende: «Lorsque nous avions entendu du bruit, nous nous sommes précipités et en nous voyant, il a couru et sauté du premier étage. il est tombé lourdement, on l'a cueilli comme un fruit mûr», raconte, fier de son exploit, la vieille victime du délit.
Et le délit du jour, n'est autre que le vol, fait prévu et puni par l'article 350 du Code pénal et qui dispose dans le chapitre III de la Section 1/ Vols et extorsions. Article 350 (loi n° 06 -23 du 26 décembre 2006): «Quiconque soustrait frauduleusement une chose qui ne lui appartient pas est coupable de vol et puni d'un emprisonnement d' un (1) an à (5) ans et d' une amende de 100 000 DA à 500 000 DA. La même peine est applicable à la soustraction frauduleuse d'eau, de gaz et d'électricité. Le coupable peut en outre être frappé pour un (1) an au moins et (5) ans au plus de l'interdiction de séjour dans les conditions prévues aux articles 12 et 13 de la présente loi.
La tentative du délit prévue à l'alinéa précédent est punie des mêmes peines que l'infraction consommée.» Tout un programme que cet article! Pour toute défense et toujours depuis le box, le détenu s'écrie: «Ce sont mes 24 têtes de paraboles»! Et la présidente d'ironiser instantanément: «Elles ne le sont plus. Leurs propriétaires légitimes ont dû les reprendre.» La jeune procureure gronde que les voleurs montent les étages, dorénavant, pour commettre l'irréparable.
Pour elle, de tels faits doivent être sévèrement punis. Elle réclame outre 5000 dinars d'amende, une peine de prison ferme de 2 ans.
En écoutant la mise en examen de l'affaire pour la fin de l'audience, annoncée par le juge, Benadel.G. s'oublie, oublie son état et se relève mieux que ne l'aurait fait un jeune athlète, après une lourde chute au cours de l'entraînement: «Alors, inculpé, ça va mieux, maintenant à ce que je vois?», lance, le sourire en coin, la présidente.
À son retour, Benadel était au box et regardait, non pas... l'oeil d'Abel, au fond de la tombe, mais la procureure. Ses demandes seront confirmées et infligées au voleur pris en flagrant délit.

De Quoi j'me Mêle

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