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Des inculpés bavards

Jamais, depuis qu’il a commencé dans la magistrature, le juge n’avait conduit une aussi facile audience, débutée par une, pourtant, ardue inculpation.

Une audience où nous relevions d'habitude la résistance d'un inculpé malgré l'évidence, les preuves, les témoins à charge, et toute la chaîne propre aux magistrats bien formés, est, cette fois - ci, aisée. Eh, bien oui! Rahim.G. Sakhri.H. Et Fouad.C. Ces inculpés de 22, 26 et 29 ans, ont de suite montré au tribunal, leur disponibilité à «coopérer» avec la justice.
Les jeunes copains décident, sur proposition de Rahim.G.
Le plus jeune et le plus entreprenant d'entre eux, de dévaliser la bijouterie de la cité voisine. C'était là, une entreprise osée car les jeunes malfaiteurs savaient très bien que cette cible était située dans un coin bien gardé. «C'est généralement dans ces coins-là, que les coups réussissent!» a expliqué Rahim à ses amis.
Le juge est curieux de savoir qui avait fait le guet, qui a pénétré dans la boutique et qui a ramassé les bijoux. Fouad lève la main pour expliquer qu'il s'était porté volontaire pour faire le guet, grâce à son ouïe fine.
«Et vous n'avez absolument rien entendu durant l'opération?» articule, le juge.
À une dernière question à Fouad, le juge a délibérément voulu laisser libre court à l'inculpé de choisir de dire ou non la vérité.
«Fouad, dites-nous un peu et exactement, qui avait eu l'idée de commettre ce méfait, à cet endroit et à cette heure, midi trente.»
La réponse viendra de Rahim qui lèvera une seconde fois le bras pour répondre à cette question. Il se lève, rejoint la barre et commence un véritable mea-culpa qui réjouit beaucoup plus le procureur. Rahim prend la parole et commence par le serment de ne dire que la vérité.
Le juge le stoppe net pour lui expliquer qu'il n'était pas un témoin pour jurer quoi que ce soit!
L'inculpé va alors droit au but. «Je suis arrivé à convaincre les deux amis «qu'à midi, les magasins et boutiques baissaient le rideau, certains pour la prière du ‘‘Dhohr'' et que le moment était plus que favorable pour passer à l'acte et dévaliser le bijoutier, un homme qui ne sait pas ce que c'est que l'aumône, surtout que ‘‘Achoura'' était dans les parages, ce bon à rien va être obligé de donner le dixième de sa fortune! C'était, pour moi, le moment favorable de passer à l'acte! J'avais tout prévu sauf le retour avancé du propriétaire! C'en était terminé pour mon voeu de vite m'enrichir, ainsi que Rahim et Sakhri!» Ce fut au tour du dernier inculpé de passer à la moulinette et de raconter sa version des faits.Ce sera le seul inculpé à ne pas s'étendre sur l'opération qui, selon lui, aurait réussi si seulement, ils avaient cru en leur
chance: «Nous étions près du but, n'était-ce cette arrivée impromptue du propriétaire de la bijouterie qui a mis bas notre désir de vite nous enrichir. Nous avions été surpris de voir, là, Abdelkoudous.B.
Le patron, debout, avec un fusil nous pointant, qui déclara que nous étions pris et que toute résistance était inutile car il jura qu'il tirerait sur le premier qui tenterait quoi que ce soit!»
Le juge est tout content de ce happy end et attend deux mots de la part des trois tristes et malchanceux apprentis-voleurs! Il transcrivit les 3 ans d'emprisonnement ferme, réclamés par le procureur. Auparavant, il a vanté la chance du bijoutier qui a eu la présence d'esprit de vite regagner sa boutique, avant l'heure prévue, un bien, très bien gardé, faut-il le souligner, témoin l'arme qu'avait sur lui le bijoutier, au moment où il confondit le trio de malfaiteurs. Il profitera de l'amabilité du juge en entamant un véritable discours où il rappela les termes de l'article 350 (loi n° 06 -23 du 26 décembre 2006). Il s'amusera même à dire haut et fort que quiconque soustrait frauduleusement une chose qui ne lui appartient pas est coupable de vol et puni d'un emprisonnement d' un (1) an à (5) ans et d'une amende de 100 000 DA à 500 000 DA.
«Heureusement que le méfait a échoué et c'est tant mieux! N'empêche que la tentative est punie de la même peine que celui qui réussit son coup!» Le président en avait assez entendu, prit son stylo et décida, en toute âme et conscience, d'infliger sur le siège, une peine de 2 ans ferme pour effraction et tentative de vol!

De Quoi j'me Mêle

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