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La belle soupe salée-sucrée !

A la barre, une vieille femme, trois dames, de la même famille, venues rendre compte des coups et blessures réciproques, servis pour des bribes !

Une interne triste histoire de famille, quoi ! Spectacle unique dans la salle d’audience du tribunal, ce jeudi où se tient un procès singulier en correctionnelle. En effet, tous les acteurs sont des femmes : la juge, la procureure, la greffière, une policière à la barre et trois inculpées libres. Le procès devrait se tenir en deux fois, car les inculpées que l’on va entendre, seront victimes tout à l’heure ! La présidente prend place et de suite commence à faire de l’humour, histoire de dégeler une ambiance surchauffée par la « guerre » que se sont livrée des femmes de la même famille originaire d’une grande contrée des Aurès : il y a là, Camalia, la vieille belle-mère et Sarhouda et Djeghmouma, ses grandes filles, Boudour, la belle-fille et, naturellement Seif Eddine comme témoin de la fin des hostilités. Les faits débutent par une remarque désobligeante et se terminent à la barre, dans l’indifférence... La cohabitation a encore fait des siennes. Rentrée tôt du hammam, Boudour est eng… par sa belle-mère qui ne sera pas, c’est plus que sûr et certain, la dernière. Sauf que cette foi-ci, la bru ne prend pas ces cris de bête blessée, à la légère. En effet, la belle-maman reproche à la belle-fille d’être sortie sans l’avoir au préalable, avertie. Elle se voit vite touchée, blessée et humiliée par une telle remarque, se fâche, grimace et rétorque aussitôt : « Hier soir, Seif-Eddine m’a donné son O.K. pour le bain, et je ne vois pas pourquoi, je devrais vous réveiller avant que je ne quitte mon chez-moi. Ce n’est pas la première fois que je sors tôt, sans informer mon mari, pour revenir aussitôt, préparer le déjeuner. Et puis cela ne vous regarde pas, mon cher époux m’a permis de sortir dès que j’en éprouve le besoin ! ». La belle-maman ne lâche pas le morceau, et, marmonnant des mots méchamment, répond qu’ils sont chez elle, et qu’ils sont tenus à une certaine discipline pour ce qui est des entrées et sorties du domicile familial. Elle a crié si fort pour que Boudour ait le message cinq sur cinq ! De toutes les manières, elle entend de pareilles sottises, depuis quatre ans de cohabitation et d’escarmouches épisodiques sans dégâts, jusqu’à aujourd’hui, quand les belles-sœurs se sont mêlées de la chaude discussion. L’aînée d’abord entre en scène pour chauffer le fer. Elle crie haut et fort, que son «pauvre frère est mené par les oreilles, sans qu’il puisse émettre la moindre protestation. Djeghmouma a agi ainsi afin d’atteindre le but recherché : humilier sa belle-sœur réputée comme étant manipulatrice, comploteuse et jalouse au premier degré. D’ailleurs, Sarhouda, la cadette, est le clone parfait de son aînée ! On peut même affirmer qu’elle est l’écho de sa sœur. Boudour prend la mouche et quitte sa chambre pour le rez –de- chaussée où se trouvent les provocatrices. Elle déclarera plus tard à la présidente de la section correctionnelle du tribunal qu’il y a des limites à l’invective et à l’insulte : «Cela signifie quoi ces assertions ?» dit-elle en colère à la belle famille qui se prélassait au milieu de la courette. Djeghmouma avance vers la dame et répond que «c’est l’effet de la puissante sorcellerie noire qui fait que notre frère soit si conciliant avec toi !». Et pan ! C’est la goutte qui fait déborder le vase. Boudour, avec la vigueur de ses 28 ans, prend les cheveux de sa belle- sœur, la pousse sur le sol et tire, tire, tire, jusqu’à l’arrivée en renfort de la cadette qui ceinture Boudour qui ne lâchera prise qu’après avoir assouvi sa vengeance sur Djeghmouma qui pleurera plus tard, face à la juge, d’avoir été humiliée ainsi. Ensuite, la vieille s’y met elle aussi. Sarhouda entre en scène, et c’est du une contre trois ! La rixe prend fin avec l’arrivée de Seif Eddine ; le mari, le fils et le frère des … victimes ! D’ailleurs, ce jour-là, il met fin à la bagarre et le jour du procès il est témoin ! De quoi ? Allez savoir avec le parquet !
« Quand je suis arrivé sur les lieux du « malentendu », je n’ai fait que tirer ma femme de sous ma mère et mes sœurs qui n’avaient pas voulu lâcher prise ! » dira-t-il, lors de son précieux et nécessaire témoignage. Puis il continua son récit où il déclarera que « la détermination des membres de ma famille était telle que l’empoignade était musclée, acharnée et rude. J’étais catastrophé de voir ce triste spectacle se dérouler sous mes yeux, et moi, j’étais là, impuissant à y mettre un terme. J’étais vraiment confus er malheureux de voir ma chair et mon sang, lutter contre la mère de mes enfants ! Ajoutez les cris et les lamentations de ma mère dont je n’arrivais pas à comprendre la position, et vous aurez un tableau affreux et honteux de ma famille. Sans oublier que mon épouse était littéralement assaillie de coups méchants, tombants sur un corps menu. Elle ne voulait visiblement pas rendre les coups encaissés». La juge a dédramatisé, en empêchant la maman de parler. Elle parla longuement jusqu’à ce que la vieille se jette sur la bru pour s’excuser de la façon dont elle a été traitée au retour du hammam. La bru, en fille de famille fera mieux : elle se jette aux pieds de sa belle –mère, lui demande pardon de n’avoir pas su se taire au mauvais moment et qu’elle a été victime de son ego. Sur cette salutaire et inespérée réconciliation, la juge, demandera au procureur de requérir. Il se limitera à marmonner sept mots ! « Nous laissons le soin au tribunal de trancher ! » Détentrice de la police de l’audience, la juge a requalifié les faits, puisque la réconciliation s’y est mêlée. Elle a même dédramatisé ainsi une affaire de famille qui est née de l’incompréhension et de la bêtise des uns et des autres ! Comme pour retrouver le calme plat, la présidente met le dossier en examen, lève l’audience et rentre dans l’arrière-salle, probablement pour s’abreuver, après ce procès à rebondissements où le bruit était roi, qui a pris fin sur un « happy end » que l’assistance a apprécié, dégusté et aimé.

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