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La Chronique judiciaire

La mariée était pieds nus

Il arrive souvent aux rédacteurs d’être priés de quitter la salle d’audience sous le précieux prétexte que l’audience se tient à huis clos.

Un concept jamais clairement expliqué depuis des ères car les magistrats sont partagés là-dessus. Il y a plusieurs écoles chez les juges du siège dont seuls les courageux prennent leur rôle au sérieux. Nous allons nous étendre sur le cas du juge « courageux », même si nous mettons le mot courageux entre guillemets, cela vaut le coup d’en parler un moment, histoire d’expliquer la notion de huis clos. Il y a les autres, ceux qui adorent quémander la permission, ceux qui se sont habitués aux instructions de la chancellerie.
Le juge du siège est pourtant réellement indépendant. C’est la loi qui le veut et nullement le bon vouloir du ministre en place.
La notion d’indépendance est comprise selon l’humeur du ministre en place. Et pour qu’il soit bien compris de tous, Belgacem Zeghmati, le dernier ministre de la Justice, garde des Sceaux a réaffirmé que le magistrat du parquet n’est pas indépendant, car il dépend du ministre de la Justice qui reste donc le premier procureur du pays. Allez savoir ce que pensent les éternels pessimistes de ces affirmations. Ceux qui vous percent les oreilles, de ragots telle l’absence de liberté de la justice, comme au bon vieux temps du parti unique, ou encore le régime policier instauré il y a belle lurette.
Le procès du jour était à huis clos. Bien ! Nous avions cru à tort que cette juge allait appliquer la loi. Non, elle appliquera la loi des soumis, des éternels à-plat-ventristes ! Selon des magistrats aguerris, le huis clos est instauré pour les seuls mineurs qui doivent impérativement quitter la salle d’audience. C’est un point de vue respectable car valable, acceptable par les juges du siège vraiment indépendants. Pour une audience à huis clos, c’est raté.
En effet, il y avait ce jeudi au tribunal du coin, un rôle monstrueux et la présidente de la section correctionnelle s’est permis le luxe de commencer son audience, par les non-détenus en attendant que l’on ramène les détenus, exceptionnellement, forts nombreux. Mais amener des détenus de la prison assez éloignée du tribunal, n’est pas chose aisée du fait d’une infernale circulation automobile à l’issue incertaine, selon les responsables eux-mêmes, déroutés par tant de véhicules déversés sur nos routes très tôt, pourtant… Et débuter une audience pénale par les procès se déroulant à huis clos, est vraiment embêtant pour nous qui venons travailler, et non pas nous croiser les bras. C’est pourquoi, nous avons eu la chance de rencontrer la maman d’une fraîche mariée venue divorcer, quatre soirs seulement après la nuit de noces.
Les larmes aux yeux, la mère de la fraîche mariée, toujours vierge, explique le fond de la présence du couple en pleine désagrégation, sommes-nous tentés d’écrire sur le sujet brûlant du malentendu du quatrième soir des noces qui ont pourtant bien démarré le jeudi du dernier mois d’été, une nuit de fête comme seuls les Algériens, savent en vivre.
Le vendredi, le samedi et le dimanche ne virent rien venir en matière de consommation du mariage.
La seule et unique info qu’elle nous fournit, est la non-consommation du mariage.
La patience n’étant pas le fort de quelques familles en mal d’histoires à ne plus en finir, c’est d’abord la famille du marié qui a commencé un carrousel de fausses ou de vraies fausses mauvaises informations, comme par exemple que la mariée n’était pas… vierge. Et c’est là, un scandale qui ouvrit ses bras à la rumeur la plus folle : on parla même de la présence sur les lieux, de l’auteur du forfait nuptial, on avançait des noms, des proches de la pauvre mariée. Ou encore, elle était souffrante, ou pire.
La mariée s’était ravisée et n’a plus voulu de ce mariage car, elle avait quelqu’un d’autre (on évoque avec insistance le cousin émigré qui était en route vers le pays) qui l’attendait et encore et encore, de quoi alimenter la page des ragots à ne pas en finir.
Côté mariée, c’est le buzz. On parle avec insistance de l’impuissance du jeune marié, d’une défaillance, voire d’une maladie passagère du mari qui a été incapable d’honorer mademoiselle.
On raconte aussi une défaillance mentale sexuelle de passage, comme il en arrive à des milliers de maris ligotés par le trac.
Que de ragots, n’entend-on pas ? On a aussi entendu la meilleure : madame aurait abandonné le domicile conjugal, quatre nuits seulement de vie commune, et se serait enfuie pieds-nus !
Allez savoir pourquoi, pieds-nus ! Mais voilà que le couple décide de se séparer au cinquième jour pour, officiellement, tenez-vous, le terme est galvaudé, mais toujours en vigueur : incompatibilité d’humeur ! Et lorsqu’à la fin de l’audience, le juge libéra tout le monde, nous avions beau chercher le pourquoi du divorce, nous avions eu comme réponse un seul mot rafraîchissant les esprits : mektoub (le destin) ! Oui, c’est le destin qui l’a voulu !
Allez comprendre la signification de ce mot presque divin dans une union ratée, nous sommes enclins à écrire, qui n’a même pas débuté.

De Quoi j'me Mêle

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