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Tiré par les cheveux

Il y a des jeunes qui picolent jusqu’à oublier où ils mettent les pieds.

Djamel N. s’est trouvé vers zéro heure trente nez à nez avec Farida L., sa voisine, qui s’est déplacée au tribunal de Boufarik pour dire son... pardon (!!!).
Le détenu, lui, parle de raclée reçue chez les L.F. Est-ce Mohamed ou Amr ? Il n’en sait rien. Maître Hadj Bachir Chabane plaide le tout pour le tout. C’est la présidente de l’audience pénale du tribunal de Boufarik (cour de Blida), qui ouvre le bal des délits du jour : l’état d’ivresse, la tentative de vol, fait prévu et puni par l’article 350 du Code pénal. Elle regarde en biais, le jeune frais procureur et invite Djamel N. à s’expliquer sur son geste.
Le tout petit menu frêle-point costaud, bafouille.
Les mots morts sortent un à un inaudibles parfois. Nous allons tenter de vous monter un petit paragraphe, histoire de vous faire une idée sur le sujet : « Je ne sais pas ce qui s’est passé. J’étais ivre. Je ne savais pas où je mettais les pieds. J’étais assis, mais abattu. J’ignore qui...».
Le juge l’aide un peu en lui rafraîchissant la mémoire. Il lui dit entre autres que «lorsque Farida, sa voisine, et son fils avaient été réveillés par le tintamarre que vous aviez brillamment causé par vous, ils avaient cru, durant de longues secondes qui paraissaient être des siècles, avoir en face d’eux un terroriste. Ouh ! la la, vous aviez de la chance que les réveillés soudainement n’avaient rien sur eux comme armes », sermonna la juge, impétueuse et brillante, comme à chaque audience.
Puis ce fut au tour de Farida et son ado de fiston d’éclairer le tribunal.
La première se contentera de « pleurer » le sort de Djamel (un comble), elle a même réussi à arracher un beau sourire au bel avocat, Maître Chabane, qui a derrière lui des décennies de prétoire, en traitant le prévenu de pauvre malheureux « miskine » et donc, sous-entendant par là, « libérable à souhait ». Puis il entra dans les délits qu’il présentera comme des bévues du parquet : «D’abord, il n’y a aucune tentative de vol, car dans une baraque avec une porte en zinc, il n’y a rien qui puisse avoir de la valeur, à emporter. Ensuite, Djamel a été découvert assis et non debout, fouinant dans les affaires.
L’état d’ivresse ? Quelle ivresse, avec les zéro trente neuf d’alcool ? Il a bu, oui, mais pas autant que la loi ne l’interdise ! » plaide le conseil qui a donné la nette impression que ses arguments sont passés comme un pli dans une boîte à lettres, puisque le représentant du ministère public n’a pas trouvé à redire à propos des arguments de la défense. Mohamed, le jeunot enfant de la victime de vol, n’est pas allé aussi loin que sa maman. Il a surtout assuré le tribunal qu’au moment où il arrivait devant la porte, Djamel était assis.
La juge, en magistrate avisée, mène l’instruction en vue d’avoir une nette idée des faits. Par de nombreuses questions très pertinentes, elle apprendra que la porte est en zinc.
Le témoin qui se présente comme retraité et garde communal, lorsqu’il doit donner sa... profession, se fait carrément le second avocat de Djamel. Il dira même que l’inculpé est un ancien très jeune «patriote» comme s’il voulait guider le tir de la justice ou du moins le rectifier. “Nous ignorons s’il a enjambé le muret, s’il a sauté du toit. Je n’ai vu personne l’agresser”. dit le témoin unique qui quittera la barre avec une assidue demande d’indulgence au tribunal. Il soulèvera un déluge de rires aux éclats : «Je demande l’indulgence et même la clémence à cause de sa mère qui est en ce moment même très, très malade et après le pardon de Farida», la propriétaire du domicile visité par l’inculpé. » priée de faire ses demandes, le procureur ne déroge pas à la sale habitude de suivre l’inculpation et le procès-verbal des flics : un an d’emprisonnement ferme outre une amende salée. C’est au tour de la défense de Djamel d’entrer en scène.
Maître Chabane a d’emblée, écarté la tentative de vol qui n’existe pas et a abordé directement l’état d’ivresse qu’il sait comme étant une circonstance aggravante, car le Code pénal de 1966 remanié plusieurs fois est d’essence égypto-française : “Il est temps pour le législateur de se pencher sur ce délit...” a martelé l’expérimenté défenseur qui a souligné que l’alcool a joué un très mauvais tour à Djamel qui saura se souvenir de la magnanimité du tribunal si la présidente lui donnait une chance qui n’est que le sursis. C’est ce que fera la juge sur le siège et qui avertira le frais condamné de ne pas revenir dans cette salle pour cinq ans au moins.
Djamel souffle car il a saisi le mot «sursis» donné en arabe classique (trois mots). Et puis, la longue détention préventive a dû jouer de vilains tours à l’ivrogne du jour qui a payé sa bêtise à ne plus répéter ! Ses proches sortent précipitamment de la salle d’audience, heureux, mais alors, heureux...contents, ravis du dénouement de l’affaire. Ouf !

De Quoi j'me Mêle

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