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Un couple brisé...

Dans certaines régions du pays, la justice se fait encore à travers la « djemaâ ».

Le Code de la famille reste obscur par - et à travers - certains articles muets ou illisibles. Ce dossier met en scène un couple brisé puis recollé avec une omission du mari qui n’a pas notifié le divorce. Puis, la sagesse et réconciliation mènent le couple au remariage par... la seule volonté de la lecture de la « Fatiha ».
De la stupidité, naît la… Ce procès est le résultat d’ une banale et triste histoire d’un foyer qui a craqué.
Au tribunal correctionnel de Sidi M’hamed-Alger, l’affaire concerne un inculpé d’abandon de famille (article 330 du Code pénal). « Est-ce que vous considérez toujours Nadjia T. comme votre épouse ? », demande calmement la juge qui a failli chuter de son siège à la suite de la réponse :
-« Non, nous avons divorcé par la seule volonté de la «Fatiha», marmonne l’inculpé, avec beaucoup de désinvolture. En voilà une réponse. Il n’y a pas de divorce avec de tels procédés.
La «Fatiha» unit plutôt, non ? Et le bonhomme de lancer avec un ton solennel : Dans certaines régions du pays, la justice se fait encore à travers ce qu’ont appelé nos ancêtres, la «djemaâ». Dommage, car, il n’y aurait pas de pareilles dérives ! »
La présidente n’apprécie pas le mot « dérives » et va répliquer sans sourire, ni même rire que les époques passent et ne se ressemblent pas.
«Un peu comme les individus ! », ironise-t-elle, dans l’espoir de faire tomber la tension qui est haut suspendue dans les airs. Dans la salle, un fou rire éclaire la grisaille de l’ambiance déjà morose. Certains avocats attendant que leur tour arrive, prennent note de cette réponse inédite.
L’inculpé perd les pédales et va sur un second impair : « J’ai divorcé avec la... bouche » ! (il voulait comme la majorité des Algériens, probablement dire en arabe dialectal : oralement).
- Vous, là, vous êtes en train de permettre aux rédacteurs du Code de la famille de s’enrichir de nouveaux concepts juridiques. Et si nous abordions l’abandon de famille et libérer un peu le rôle ? préconise la magistrate qui apprend par l’intermédiaire des avocats, que le divorce a eu certes lieu, mais qu’il n’a jamais été notifié à l’épouse.
Ensuite, le couple a repris la vie commune par la grâce de la «Fatiha» et ce, deux années après la séparation. Deux enfants étaient pourtant venus égayer le foyer perturbé.
L’entêtement du mari à écouter sa femme qui voulait réintégrer le foyer conjugal va, par la suite, lui coûter très cher.
Les enfants ne sont pas encore inscrits à l’état civil ! Il lui faudra courir, pour rétablir cette fâcheuse situation. C’est alors que tout va s’accélérer, la juge ayant saisi le comment procéder.
L’avocat de la partie civile demande machinalement, 75 millions de centimes à titre de dommages et intérêts. « Nous sommes en plein abandon de famille ! » ajoute le conseil, à toutes fins utiles. Le procureur, pour sa part, regrette que le couple, originaire d’une région où la djemaâ a toujours été écoutée et suivie, en soit arrivé là. Il demande une peine d’emprisonnement ferme de 6 mois et une amende.
Le vieux conseil, malgré un léger malaise dû probablement à un soudain pic de tension, tente de réparer les dégâts commis par son client : « La victime s’est basée sur l’article 331 du Code de procédure pénale, alors que cet article exige que le jugement dispose au notifiant de préciser la pension alimentaire. Or, rien n’est spécifié. C’est une fausse procédure », conclut l’avocat qui avait évoqué le courrier (même si le courant ne passait plus !) existant entre le couple. « Cela ne prouve pas qu’ils s’étaient retrouvés et ainsi vivre ensemble. » Puis, c’est le brouhaha créé par l’ensemble des acteurs du moment. En effet, tout le monde parlait ensemble et personne n’écoutait plus personne.
Une pagaille qui a alors poussé la juge à la mise de l’affaire en examen.

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