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L'humoriste Guy Bedos l'Algérien décède à 85 ans

«Ce n'est qu'un au revoir»

Décédé à l'âge de 85 ans, c'est son fils Nicolas Bedos, qui, à l'instar de son père, n'a pas sa langue dans sa poche, qui a annoncé la triste nouvelle sur les réseaux sociaux...

«Je suis algérien, je suis né à Alger, j'ai vécu en Algérie jusqu'à l'âge de 16 ans. D'abord à Alger, à Constantine, à Souk Ahras puis à Annaba et tout au long de ma vie, j'ai défendu l'Algérie et globalement le Maghreb contre le racisme français et je pense que ce n'est pas passé tout à fait inaperçu», nous a confié l'homme aux cheveux poivre et sel et aux grand yeux bleus rieurs, à L'Expression, en 2013. Cet homme n'est autre que l'humoriste français Guy Bedos, avec lequel on s'était entretenu à l'époque, non pas à la salle Ibn Zeydoun où il s'est produit, mais au stand des éditions Casbah, à l'occasion de la dédicace, au Sila, de son livre, à l'époque intitulé «J'ai fait un rêve» (entretien avec Gilles Vanderpooten). Celui qui s'est toujours défendu d'être un «Algérien» et un «humoriste humaniste» vient de tirer sa révérence en laissant derrière lui un héritage de sketchs colossal, immensément intelligent et drôle qui fera toujours réfléchir sur l'homme et le monde dans lequel on vit. En effet, Le comédien et humoriste français Guy Bedos, connu sur les planches du théâtre et dans le septième art, mais aussi pour son engagement et ses positions humanistes anticolonialistes, est décédé à l'âge de 85 ans, a annoncé jeudi son fils, Nicolas Bedos, sur les réseaux sociaux sous une photo en noir et blanc montrant son père où il écrivit: «Il était beau, il était drôle, il était libre et courageux. Comme je suis fier de t'avoir eu pour père. Embrasse (Pierre) Desproges et Dabadie, vu que vous êtes tous au Paradis.» Pour rappel, Guy Bedos est né en 1934 à Alger, Guy Bedos s'est fait connaître grâce à des sketchs mordants au début des années 60 alors qu'il avait entamé une carrière de metteur en scène et de comédien sur les planches en 1951 aux côtés de Jean-Paul Belmondo.

Une vie engagée
Il a également fait parler de lui au cinéma à partir de 1955 dans «Futures vedettes» du réalisateur Marc Allégret qui sera suivi d'une trentaine d'apparitions sur grand écran dans des oeuvres comme «Un éléphant ça trompe énormément» (1976), «Nous irons tous au paradis» (1977), «Contre l'oubli» (1991), «La jungle» (2006) ou encore «Et si on vivait tous ensemble?» (2012). Il s'est également produit dans de nombreux spectacles comiques dont il est l'auteur, et a fait un passage très remarqué à Alger en 2018 pour la projection du documentaire «Guy Bedos: en toutes libertés». Celui qui n'aura jamais sa langue dans sa poche affirmant à juste titre « l'humour est une langue étrangère» aura touché plus d'un durant ces dernières années grâce à son verbe haut, caustique. D'ailleurs, son fils lui succédera grâce à un talent fou d'orateur où lui aussi n'aura jamais eu peur d'avoir froid aux yeux lorsqu'il s'attaque aux politiques ou aux travers de sa société et ses politiques. La disparation de Guy Bedos a bien évidemment suscité un tollé de messages de peine et d'hommages. Parmi lesquels on citera celui de l'ancien ministre de la Culture et actuel directeur de l'institut du Monde arabe, Jack Lang qui soulignera: «Comme le soleil d'Alger, cette ville qu'il aimait tant, Guy Bedos était lumineux et son sourire ravageur ne pouvait que le prédestiner à interpréter « le dragueur», ce monument des sketchs français, écrit par le regretté Jean-Loup Dabadie».

Et d'ajouter dans un communiqué:
«C'était un militant humaniste, engagé, à la fois idéaliste et critique. Il ne lâchait rien et pouvait être très sévère. Guy Bedos était exigeant et déterminé. J'aimais sa franchise toute méditerranéenne, il allait droit au but, sans contrefaçons. Il ne transigeait jamais, surtout pas avec ses convictions et ses passions.»
Pour sa part, Muriel Robin a fait savoir par l'AFP que «Guy était un sale gamin qui aimait aller là où ça pique. C'était un homme courageux et d'engagement, jusqu'à l'acte sur le terrain. Il ne se contentait pas de penser dans son salon. Guy était comme mon grand-frère. Dans la vie, il était beaucoup de tendresse et de douceur....C'est une partie de nos vies qui s'en va» dira celle qui avait joué à ses côtés sur scène en 1992-1993. D'autres humoristes qui l'ont bien connu ont exprimé également leur tristesse.

Une pluie d'hommages
On citera Anne Roumanoff qui confiera:
««Guy Bedos a été le créateur de l'humour politique en France. Il a porté très haut l'art de la revue de presse en commentant directement l'actualité bien avant les Guignols.
Il y a eu avant les chansonniers dans les cabarets, mais Guy Bedos l'a hissé au rang d'art et l'a rendu populaire. Il a créé un style à nul autre pareil. Il incarnait l'irrévérence, la férocité, une cruauté, mais aussi une grande tendresse. à une époque où ll n'y avait que trois chaînes de télé, il ne s'est pas privé de critiquer la gauche alors qu'il était de gauche. Il a eu un impact énorme. Il était courageux et libre.» Pour sa part le ministre de la Culture Franck Riester a estimé sur Twitter «Guy Bedos partageait son humour et ses convictions avec la même sincérité et la même passion. Nous nous souviendrons, notamment de ses grands rôles au cinéma, de ses spectacles inoubliables et de sa parole libre. Je pense à sa famille et à ses proches dont je partage la peine.» Quant à Gilles Jacob, ancien président du festival de Cannes, il a lui aussi mentionné sur Twitter: «Il suit Jean-Loup Dabadie de près, comme si la bande s'éteignait. Il était rosse, il était drôle, il était tendre, il était profond, il était excellent dans ses seuls en scène comme au cinéma. Il avait une façon de faire rire en deux temps qui pliait les salles en deux, Guy Bedos». Aussi peut-on lire: «On se souviendra de tous ses engagements contre les injustices et le racisme et en faveur de la dignité de toutes et tous», a salué SOS Racisme, dont il a été un des premiers parrains, rappelant aussi qu'il forma sur scène un trio avec les humoristes Smaïn et Michel Boujenah en 1991 («Coup de soleil à l'Olympia») pour dénoncer les tensions entre communautés. Harlem Désir, fondateur de SOS Racisme, a ainsi exprimé sa «grande tristesse» en rappelant «sa présence avec Coluche au concert de la Concorde» organisé par l'association en 1985.

Engagements contre l'injustice
«Un engagement chevillé au corps», disait Guy Bedos, n'hésitant pas à avouer qu'il avait eu une mère raciste, gardant une photo de Pétain dans son sac. à propos de l'engagement de Bedos, raconte Jean-Michel Ribes, directeur du Théâtre du Rond-Point, dernière scène où l'humoriste s'est produit: Il a été le seul à être très engagé en défendant beaucoup de causes et, en même temps il ne se prenait pas au sérieux. Pour lui, le sérieux était le cholestérol de l'imaginaire», a-t-il estimé à l'AFP. Pour info, Guy Bedos s'était marié trois fois - avec Karen Blanguernon, Sophie Daumier et Joëlle Bercot. il était père de 4 enfants, Leslie, Mélanie, Victoria et Nicolas. Ce dernier suit un peu aujourd'hui les traces de son père puisqu'il est devenu scénariste et réalisateur à succès. Affuteur des mots, luis aussi, incontestablement! 

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