{{ temperature }}° C / {{ description }}

Cité introuvable.

Dar Abdeltif

De la création et des idées !

Six artistes exposent actuellement à Dar Abdeltif dans le cadre d’un événement baptisé « Rencontre d’ici et d’ailleurs», visible jusqu’au 24 octobre.

Aucune thématique imposée, mais des démarches, des sensibilités, des visions et des médiums artistiques différents, déclinés sur les différents espaces que possède cette grande bâtisse ayant déjà servi de résidence d’artistes durant la colonisation. Au premier étage ou Atelier numéro un , un patchwork appartenant à l’ensemble des artistes y est dissipé çà et là en annonce de ce qui va suivre. Juste comme entrée en matière. Face au chaos du monde et de ses violences Tarik Mesli propose un champ de rose rayonné de lumière qu’il compte planter, confiera-t-il après l’expo dans le jardin même de Dar Abdeltif. Dans la salle en face, nous découvrons son installation qui fait échos à la première. En face du carré où sont disposés également en terre des fleurs, espace que l’on ne peut franchir, car à l’apparence sacré, un peu comme dans un cimetière, est visible sur un bloc blanc, cette inscription qui fait référence à l’amour, le verbe aimer tout court, décliné à la première personne du singulier en arabe, français et anglais. Tout autour sur le mur l’on distingue de nombreux dessins dont on a eu à voir un échantillon lors d’une expo aux Ateliers sauvages. L’on y voit un homme en totale chute dans le vide.
On n’est pas des oiseaux
Ce travail est inspiré des manifestants qui ont été jetés dans la Seine en France en octobre 1962. Un projet intitulé « Nous ne sommes pas des oiseaux » et qui choisit sciemment de débuter par des dessins, ou croquis en inversement du processus de fabrication d’un film, car il s’agit d’un long métrage que l’artiste affirme être en cours de réalisation. Pour sa part, l’artiste, Nadia Spahis, a choisi dans une installation intitulée « décadence, l’homme contre nature » de pointer du doigt la maîtrise des enfants et la violence qui prévaut dans le monde. Aussi elle habillera de paillettes un pistolet qu’elle mettra en apposition surélevée avec une paire de chaussures de femmes entourée de fleurs pour dire que la force sera toujours féminine et que cette dernière remplace la première.
Ce monde absurde
Dans une démarche numérique cette fois, l’artiste s’attaque également à un sujet des plus dramatiques qui mine un peu le monde, à savoir l’endoctrinement des enfants par les groupes terroristes. Aussi elle « pixélise » une photo de classe ou l’on aperçoit un groupe d’enfants remplaçant leur visage par des cagoules de terroristes. Pas loin, nous apercevons une photo dans un landau surplombé par le chariot. En parlant d’éducation elle nous confie :
« La photo de classe pixélisée, car on vit dans un monde virtuel, nos enfants nous échappent… » Aussi, dans un autre tableau l’on aperçoit dans une autre œuvre, du gazon imprimé en noir par un fusil.
Dans un autre tableau des plus expressifs l’on devine un corps moribond que tient dans les bras une autre personne. Par terre, l’artiste a choisi de dissiper des bougies électriques en signe de deuil et de recueillement.
Designer et architecte de formation, Liess Vergès fait un constat sans équivoque sur l’échec des nombreuses tentatives de sauver la casbah d’Alger qu’il impute aux différentes commandes faites ces dernières années et ces expertises à répétition qui sont amenées, selon lui, à inventer parfois de nouvelles problématiques au lieu de trouver la solution et passer concrètement à l’acte.
Casbah connexion
En plus d’une installation créée in situ, représentant un amas de papiers enroulé et coincé dans un gros mur de fils barbelés monté sur des briques, nous apercevons une grande fresque, en longueur alliant photo et peinture, croit-on. Celle-ci met en scène la Casbah rongée par des méduses flottantes, qui semblent surplomber ce paysage comme des sangsues. De l’autre côté du mur, des panneaux avec une vue aérienne sur la Casbah et des inscriptions, tels… donnent le ton de ce qu’est l’illusion répétée de ces tentatives de sauvegarde du patrimoine et les divers obstacles rencontrés. Une belle réflexion esthétique est donnée pour pallier encore une fois les failles d’un dossier brûlant qui n’arrive pas à trouver une fin.
Un troisième sens
Dans la partie des voûtes, nous découvrons le travail de Nouredine Benhamed dont une partie a déjà été montrée par ailleurs, mais aussi d’autres nouvelles œuvres des plus parlantes. L’artiste se plaît, en effet, par un jeu de détournement d’images plus ou moins connues à créer un nouveau sens des plus percutants. C’est le cas notamment avec ce personnage de moudjahid que l’on retrouve dans la pièce de 5 dinars.
A la place du fusil, ce dernier tient non pas une arme, mais un symbole de facebook. Une sorte d’attaque ironique à l’encontre des justiciers de facebook. Dans un autre travail expressif, l’on découvre un homme qui serre la main à un cactus, symbolisant la corruption et voit sa main se transformer dans un autre plan visuel en un cactus à son tour, preuve qu’il a été corrompu et contaminé par ce mal qui pique…dans un autre registre décliné entre dessins naïfs, en l’occurrence, un nounours avec une tête de squelette qui rit, tenant dans la main un ballon rouge emprisonné dans une cage et puis un poème de Mahmoud Darwich inondant le visuel, l’artiste dénonce la vente facile de la liberté et cette euphorie éphémère, sur un fond de réflexion sur la responsabilité et l’honneur.
Des portraits contre l’oubli Pour congédier l’oubli et convoquer la mémoire, deux options se sont présentées pour Arezki Larbi : les portraits en photos et puis en dessins abstraits, que ce soit en fusain, à la plume, feutre ou au crayon. Des visages sombres, des plus clairs aux plus effacés où l’on devine juste quelques traits ici et là. Un travail minutieux, obsessionnel presque, mais farouchement élaboré et fascinant !
Enfin Khadija Seddiki est fondatrice d’une école d’art et de tapisserie d’art contemporain. Aussi, expose-t-elle des échantillons sublimés de son travail et détourné comme des tableaux.
Des toiles évoquant la lumière, la terre et le végétal, habillées de fils de tissage croisés entremêlés de calligraphie.
Une vidéo d’art accompagne l’ensemble de ce travail poétique. Toutes ces
œuvres sont visibles à Dar Abdeltif jusqu’au 24 octobre.

De Quoi j'me Mêle

Placeholder

Découvrez toutes les anciennes éditions de votre journal préféré

Les + Populaires

(*) Période 7 derniers jours