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Boxe et cinéma à l’IFA

Femme et combat…

Au menu, deux films de qualité, Black M amba de la réalisatrice tunisienne Amel Guellaty et Shadow boxing de Talia Lumbroso…

L’Institut français d’Alger a consacré mercredi dernier une séance spéciale « Cinéma et boxe » avec la projection de deux films, court et moyen métrage, l’un une fiction et le second un documentaire.
Zoom sur un sport de combat encore très tabou chez les femmes ! A fortiori dans les sociétés maghrébines et arabes en général.
Une métaphore encore plus vraie lorsqu’il s’agit de lutter vraiment pour être.
Black M amba de la réalisatrice tunisienne Amel Guellaty a remporté beaucoup de prix depuis sa sortie en 2017 et a fait pas mal de festivals. C’est l’histoire d’une jeune femme téméraire qui lâche tout pour se lancer dans une carrière de boxe, sa famille, un mari, y compris sa ville... Sarra, jeune fille de la classe moyenne de Tunis, mène, en apparence, la vie ordinaire que sa mère lui a tracée : elle prend des cours de couture et s’apprête à épouser un gentil garçon. Mais Sarra a d’autres plans inavoués à travers lesquels elle veut échapper à sa vie actuelle. Un synopsis qui résume bien la vie de cette jeune fille voilée au caractère bien trempé. La réalisatrice ouvre le film avec un zoom sur le visage blessé de la jeune femme dont d’aucuns l’imaginent avoir été battue. C’est le cas dans son entourage professionnel. Sauf que les coups portés dans son corps proviennent de ce sport pour lequel elle se passionne quitte à tout lâcher.

Lutter pour exister
Choix difficile qu’elle sera amenée à faire au final. Un sujet assez intéressant, d’autant plus incongru, voire très méconnu, celui des femmes boxeuses. Pour les néophytes, ce milieu « masculin » paraît en effet très fantasmé et irréel. Et pourtant, la fiction rejoint bien la réalité lorsque le second film est projeté. Ou quand le réel se veut trop fort et s’apparente à une fiction ! Deux histoires qui se confondent un peu en effet. La réalisatrice de Shadow boxing ,Talia Lumbroso, a mis deux ans pour le faire en suivant le parcours de la jeune Fatia , de Paris à Sétif entre ring et voyage et intimité partagée avec ses proches. Bien que peu éloquente, la jeune boxeuse, à la carrure bien développée, du haut de ses 20 ans, aujourd’hui crève l’écran. « Coûte que coûte, Fatia avance sur le ring. Elle colle son adversaire, esquive peu, saigne et persiste. Ses douleurs, Fatia n’en parle pas. Surtout celle d’avoir perdu son père à l’âge de 10 ans. Sa mère l’inscrit à un tournoi de boxe à Sétif, en Algérie, où son père est enterré. Une occasion pour parler à sa fille de son passé et la libérer », souligne le synopsis du film. Le regard de Fatia en dit long sur son courage et sa forte détermination à vouloir se battre et peut-être vaincre sa douleur enfouie, celle de ne pas avoir assez connu son père, parti trop tôt.

Pour prendre des coups et se relever
Sur les traces de ce père absent, donc, lui aussi boxeur, Fatia et sa mère, qui fait office à la fois de coach et de grande sœur, essuient échec, réussite, comme les coups qu’elle efface d’un revers de la main. Car demain c’est toujours un nouveau jour où l’on pourra remporter cette fois la victoire. Tomber puis se relever. Une victoire contre le mauvais sort ou une façon pour exister et affirmer encore plus son identité algérienne. Ce film, d’ailleurs, la réalisatrice l’a voulu comme une lettre de la mère adressée à sa fille. Devant le mutisme de la fille, la boxe joue le rôle de l’intermédiaire qui vient délier les langues et susciter la communication filiale entre tous les membres de la famille et rapprocher ainsi ses branches.

Sport masculin-image sensuelle
Pas besoin de longs discours, Fatia « est » tout simplement lorsqu’elle apparaît. De la communion malgré l’adversité et un charisme qui saute aux yeux. Shadow boxing distille beaucoup de générosité, de l’émotion à fleur de peau, mais aussi de la pudeur et de la féminité aussi.
Car oui, une boxeuse est une femme comme les autres. L’on oublie presque que c’est un documentaire, tant la narration est ponctuée de plans hautement esthétiques. Un travail bien soigné que Talia Lumbroso a su décliner en nous décrivant le quotidien de cette sportive dont le président du comité des jeux Olympiques algérien a fait l’honneur de venir l’encourager en assistant également à la projection en plus de la famille proche de la jeune femme dont la maman Benalal Karima.
Entre un silence « plein » et une souffrance tue, la réalisatrice Talia Lumbroso a relevé le pari de rendre compte d’une « intensité » qui ne se dit pas, mais qui se lit à travers l’image. Une force de proposition cinématographique sur la boxe que vient contrebalancer une image des plus douces et sensuelles, le plus souvent, pour se clore avec la magique voix apaisante de Souad Massi en générique.

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