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Septembre 1918-septembre 2020

Il y a 102 ans, naquit Slimane Azem

Né le 19 septembre 1918, Slimane Azem est considéré comme le maître incontesté de la chanson algérienne d’expression kabyle.

Maître, parce que de nombreuses sommités artistiques, venues après lui, s'en sont inspirées. Ils ont pris ses chansons pour exemple et ses textes poétiques comme repères dans leurs propres oeu-
vres.
Dès sa première chanson, Slimane Azem a décidé d'accorder une importance prioritaire au texte même si pour ce faire, il n'a pas du tout négligé l'aspect musical.
La preuve, des dizaines de mélodies de Slimane Azem sont aujourd'hui des chefs-d'oeuvre repris par les plus grands artistes algériens comme Matoub Lounès, Kamel Messaoudi, etc. Slimane Azem a donc apporté une touche inédite à la chanson kabyle en se servant du support musical pour exprimer, en des textes poétiques d'une extrême densité et beauté, des idées sur une infinité de sujets dont certains sont d'ordre social alors que d'autres ont tout simplement une dimension philosophique indéniable. Concernant ces dernières, on peut par exemple citer
«Akem yekhdaâ rebbi a dunit» ou encore «A yul-iw henniyi», «A win yellan del fahem», «Ddunit aka i telha», «Ddunit tetsghourou», etc.
Dans cette catégorie de textes à thématique existentielle, il s'agit pour Slimane Azem de s'interroger, souvent sans apporter des réponses, sur la vie et ses travers. Slimane Azem pose des questions sur le sens de la vie, sur les choix que doit effectuer l'être humain et qui peuvent s'avérer souvent non appropriés, mais qui sont tout de même inévitables car dictés par les contextes.
Dans ce sens, Slimane Azem a révolutionné la poésie chantée.
Poésie des mots
Il y a introduit d'autres thèmes ayant trait à la trahison entre amis et sur «la fin de la confiance». Il a dépeint avec des images poétiques que l'on ne retrouve nulle part chez un autre poète de la même langue, les aléas engendrés par les temps (zman) qui changent.
Slimane Azem imagine, dans la majorité des textes de cette catégorie de sujets, que les temps passés étaient meilleurs que le présent, en ce qui concerne les valeurs humaines. Il fait souvent la comparaison entre hier et aujourd'hui, avec regret. Quand il dit: «Yekfa laman» (la confiance est terminée), Slimane Azem insinue que la confiance entre les gens existait bel et bien à une époque qui est désormais révolue. Et c'est tout naturellement que dans d'au-tres chansons, Slimane Azem aborde des sujets spirituels et religieux pour tenter d'apporter des réponses aux questions existentielles qui taraudent son esprit.
Il fait appel à Dieu dans les textes spirituels où il implore le Tout-Puissant de lui pardonner («Nedlev rebbi adag yaâfou», «A rebbi a lmudebbar», «A yul-iw tub», «Selliw ghef nnbi», etc.).
Les fables dans les textes
La spécificité indéniable de Slimane Azem est le recours aux fables dans ses textes.
Dans une grande partie de sa poésie, Slimane Azem s'adonne au même procédé que La Fontaine dont les fables l'ont profondément marqué. Il a utilisé ce genre même dans les chansons à caractère politique comme dans «Dewarniyi tlata yeqjan», «Yefghed tikouk», «Fegh ayajrad tamurt-iw», «Babaghayou», «Taqsit lewhouch»... L'exil constitue l'essentiel de la thématique de Slimane Azem avec des chansons mythiques comme «A Mouh a Mouh», «Afroukh ifirelès», «Anetsrouhou, Netsoughal», «Daghrib dabaranni», «A madame, encore à boire», etc. l'amour de la patrie est un autre thème sur lequel Slimane Azem a beaucoup écrit comme dans la superbe chanson «Algérie mon beau pays» ou encore «A tamurt-iw aâzizen» entre autres. Slimane Azem n'a chanté que deux titres, au volet de la chanson d'amour:
«Atas ay sebregh» et «Nek aked d kem».
Les mélomanes qui écoutaient les chansons de Slimane Azem, à l'époque où la langue kabyle n'était pas du tout visible dans les médias et dans les autres supports, s'émerveillaient naturellement devant autant de belles expressions qui reflétaient tant ce que tout un chacun vivait ou ressentait au fond de lui-même.
Evoquer Slimane Azem, c'est parler d'une époque où la poésie chantée avait une influence extraordinaire sur les mélomanes. Ces derniers, une fois s'étant rassasiés des chansons de ce grand maître immortel, illustraient avec une fierté à peine voilée leurs discussions avec des vers et des citations de l'enfant d'Agouni Gueghrane: «Aken is yenna Slimane Azem (comme l'a si bien dit Slimane Azem.» Et la majorité de ses citations sont toujours d'actualité. Elles le seront très probablement pour bien longtemps.

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