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Didine Karoum, interprète de chaâbi

L’art d’être artiste

A 15 ans déjà, il animait sa première fête de mariage, ce qui n’était pas à la portée de n’importe qui, à une époque où le chaâbi atteignait ses sommets.

Expérimenté, il l'est et maîtrise parfaitement son sujet et l'art qu'il admire, à savoir le chaâbi. Mais au fond de lui-même, il voit les choses différemment des autres. Même si ses compères et fans le considèrent de la trempe des Chouyoukhs (Maîtres), Didine Karoum affirme que son rêve le plus cher est de le devenir un jour. Le fait d'être issu d'un quartier ambivalent ayant conservé sa touche andalouse, mais ouvert sur le chaâbi, fait de lui, justement, estimé au plus haut point. Outre ses qualités morales, il est parvenu, de par son talent, à s'imposer dans un style où il n'est jamais évident de le faire. à 15 ans déjà, il a animé sa première fête de mariage, ce qui n'était pas à la portée de n'importe qui, à une époque où le chaâbi atteignait les sommets. Lors des fêtes de ses débuts de parcours, Didine ébahissait et innovait. Il essayait de toucher à tout, avant de se frayer un chemin et créer son style... le sien.
Comment a été l'attirance de Didine Karoum pourla musique? En réponse, il dira: «La musique est une passion pour toutes les tranches d'âge. Elle accompagne l'individu dans son quotidien et est toujours une source de reconversion. En d'autres termes, c'est une thérapie. J'ai été donc emporté par la musique avant de me frayer un chemin.» Il faut ajouter que le fait de vivre dans un quartier autant traditionnel que moderne, Kouba, dont les habitants respirent la musique, y est pour beaucoup dans le chemin choisi par Didine. Mais pourquoi encore le chaâbi? «à cette époque-là, et c'est toujours le cas, mon quartier fut parmi ceux qui respiraient le chaâbi, surtout avec l'irremplaçable El Hadj M'hamed El Anka, le «Cardinal». Je suis rentré dans ce couloir et j'ai ensuite approfondi mes connaissances. Je ne regrette nullement d'avoir pris la décision de suivre cet itinéraire», se souvient-il.
Etudes - musique, une association réussie
Il se rappelle, comme si c'était hier, des difficultés qu'il endurait pour concilier ses études et sa passion pour la musique, surtout lors de la période où les gens commençaient à se rendre compte de sa présence sur la scène artistique et le fait qu'il soit souvent demandé pour animer les fêtes. «Je voulais prouver que, contrairement à ce que les gens pensaient, on avait allié études et musique. Je voulais aussi prouver que le chaâbi est une musique noble et sans dérives», dira-t-il encore. Une fois son DES en physique obtenu, Didine Karoum se lance et se consacre carrément à son art. Au fil des années et avec l'expérience acquise, il est parvenu à faire le plein des salles. Il a pu, mine de rien, atteindre le faîte de la notoriété et devenir un Cheikh au sens propre du mot... même s'il refuse ce qualificatif jusqu'à nos jours.
Boualem Rahma, le repère
Aussi différencié qu'il soit, son public aura remarqué, par les temps qui courent, que son préféré use d'un amalgame entre les différents maîtres de la chanson populaire. Du «Cardinal» El-Anka, à Amar Ezzahi, El Hachemi Guerouabi, Abderrahmane El Koubbi et autre Kamel Bourdib pour ne citer que ceux-là. De ces piliers, il a appris de loin, mais sa vraie école reste incontestablement celle de Boualem Rahma, chez lequel il a trouvé un appui, voire un guide, après un bref passage à l'association de musique andalouse «El Fen oua el Adab» des frères Boutriche au Ruisseau. Il appréciait Boualem Rahma depuis son plus jeune âge, notamment avec sa célèbre chanson «Ad'ili bel khir ya lemmima», qui a marqué son enfance. «Cheikh Boualem Rahma est ma vraie école. Il a été derrière la découverte et le lancement de plusieurs interprètes du chaâbi, dont moi-même, et reste, jusqu'a nos jours, le repère chez lequel je reviens à chaque reprise», dira Didine. Outre Boualem Rahma, Didine n'est pas du tout prêt à oublier son attachement à un autre grand nom du chant et de la musique algérienne, Hamid Achaïbou en l'occurrence, et peut se frotter les mains en voyant ce dernier revenir sur scène, après des années de retrait de la scène artistique. Certains ont tendance à coller à Didine l'étiquette d'interprète de la chansonnette, alors que la réalité est toute autre. Assister à une de ses soirées ferait changer d'avis ceux qui pensent ainsi. Ses débuts ont été empreints du chant chaâbi fondé sur la qacida, qu'il a toujours aimée et pratiquée jusqu'au jour d'aujour-d'hui. Il est toujours à la recherche d'anciens textes, jamais interprétés ou peu, du patrimoine, surtout, de Sidi Lakhdar Benkhlouf.
L’album, un acte de présence
En 1997, ceux qui ne connaissaient pas encore Didine Karoum l'ont découvert et furent séduits par sa voix sublime. C'était à l'occasion du premier album et le succès fou qu'a eu la chanson en duo avec Radia Adda, tout comme les autres chansons que contenait cet album, notamment celles d'El Badji et Mohamed Cherchali. Vint ensuite l'album «El Koubaouia» qu'il a dédiée à son club de coeur, le RC Kouba, en 1998, dans un album où on pouvait écouter la célèbre chanson de H'sissen Saâdi, «Rayha win». Et comme pour dire qu'il ne peut passer sans tirer profit du travail colossal que fait son mentor, Boualem Rahma, ce dernier lui a composé, en 2000, l'album «Sahel ya Rahmane». Le vrai lancement dans les enregistrements en studio, Didine reconnaît qu'il l'a été à la fin de l'année 2000 avec un album intitulé «Lina», qui a porté le nom de sa fille. Un album, 100% Khaled Sofiane (paroles et musique), qui a connu tant de succès avec une expérience inédite, celle d'un «Live». «Un album est un acte de présence», reconnaît-il. La réussite y est, certes, mais cela ne peut effacer certains souvenirs moins bons et contraintes. Dans ce sillage, Didine dira: «On a tous été victimes de la manie des éditeurs au début de notre carrière. De ma vie je n'oublierai les propos du premier éditeur avec lequel je devais travailler, qui voulait profiter de moi et du regretté Kamel Messaoudi. J'ai pris le bon côté des choses, puisque ses propos m'ont poussé à faire encore plus pour aller de l'avant.» Même s'il estime que le terrain n'est pas favorable à la nouvelle génération du chaâbi, d'autant que «l'artiste n'est jamais estimé à sa juste valeur», Didine reconnaît que l'Algérie peut enfanter de nouveaux talents. Plusieurs jeunes viennent demander conseil à Didine, surtout ceux l'ayant pris comme repère. «Lors des quatre premières éditions du festival du Chaâbi, organisé par Abdelkader Bendaâmache, les deux premières places étaient occupées par un de mes élèves. Je me rappelle que lors de l'édition inaugurale, le vainqueur était mon élève, qui a chanté, avec mon mandole, ma chanson et avec mon propre style. C'est pour moi une fierté», se rappelle-t-il.

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