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10e Fica

La décennie noire en ligne de mire

Les courts métrages algériens ont fait leur apparition en compétition lundi après-midi à la salle Ibn Zeydoun, dans le cadre du Festival international du cinéma d’Alger, dédié au film engagé.

Parmi ces courts métrages projetés, on citera notamment deux films ayant pour thème commun la décennie noire. Le premier intitulé Hadi Hiya de Youcef Mahsas, se passe dans un huis clos, ce qui lui donne d’emblée des allures d’une pièce de théâtre. D’ailleurs tout le cadre insuffle davantage d’épaisseur psychologique à ses personnages. Amira Hilda qui n’arrête pas de se faire remarquer au cinéma actuellement (Les Bienheureux de Sofia Djama, Point zéro de Nassim Boumaza, Papicha de Mounia Meddour) confirme son talent d’actrice. Elle qui évolue au théâtre, mais aussi au one woman show parvient à camper son personnage avec brio avec toutes les nuances qu’il faut pour incarner tantôt la femme sage et calme, mais qui bouillonne de l’intérieur, tantôt la femme hystérique traumatisé, par la décennie noire et surtout par ses souvenirs d’enfance ayant assisté au massacre de plusieurs membres de sa famille.
Femme et trauma
Ayant grandi, elle s’imaginera panser ses blessures auprès d’un mari aimant avec lequel elle aura une petite fille. Emménageant dans un appartement qui sent déjà le roussi, tout ne se passe pas comme prévu puisque ce mari s’avère un lâche escroc qui se plait à soutirer de l’argent à plein de gens. Si l’histoire se tient même si truffée par un trop-plein de symboles surchargeant le contenu de l’histoire, l’aspect cinématographique est soutenu par une aura fantastique qui rappelle par instant le côté des films d’horreur par la façon de filmer ses personnages. De cette tension qui monte et puis ce délire psychotique traduit par quelques détails obsessionnels comme les choses qui se répètent, nettoyer le sol par exemple ou bien faire bouillir un seul œuf pour manger.
Des silences et des symboles
Des détails saugrenus qui rappellent certains films noirs américains où le cri salvateur est porté au summum comme pour faire naître la peur ou l’exhumer davantage. Si le réalisateur de Hadi Hiya parvient à nous conter son histoire sans heurt, il réussit aussi à nous dévoiler une actrice jusqu’au-boutiste qui n’a pas peur de se lâcher et montrer ce qu’elle a dans le ventre. Un film à saluer malgré ses quelques imperfections. Un film qui donne en effet à faire entendre le son d’une femme et par-delà sa voix qui veut juste « être » pour elle et plus pour les autres. Le second court métrage projeté aussi en compétition est La fausse saison de Menad Embarek. Ayant comme contexte la décennie noire, ce film donne à voir un jeune garçon endoctriné par les islamistes. Nous sommes en 1991. Les informations annoncent l’assassinat de feu Tahar Djaout. Le jeune homme est sur le point de tuer un chanteur de cabaretaux allures d’Elvis.Ce dernier est campé par le comédien Ahmed Medah. Un portrait décalé d’un artiste bien singulier, mais qu’importe. La mère de ce jeune garçon qui semble un peu trop surannée et effacée est interprétée par Amel Kateb. Le père, vieux, n’apprécie pas trop son fils qu’il qualifie souvent de singe.
Printemps qui déchante
Dans ce carcan familial décousu est décrite la situation de l’Algérie à l’époque où les fils veulent devenir islamistes et les filles porter le voile. Mais le feront-ils ? Même s’il semble manquer de quelques éléments pour enrichir son scénario le film a le mérite d’exister en revenant à une période non encore oubliée. Même sans trop montrer le processus par lequel on est arrivé là. Le dispositif cinématographique de Menad Embarek est d’ailleurs assez simple. A la violence annoncée, tel cet artiste qui refuse à sa femme par exemple d’avoir un enfant, ou encore à cette déchirure du fils qui n’arrive pas à tirer et s’oppose la douceur et l’harmonie simple d’un petit chat qui erre dans la maison où gisant dans les bras de cette femme mal-aimée. Un gentil chat certes, même si à côté un oiseau continue à chanter dans sa cage. La fausse saison, titre du film évoquerait ainsi cet acte manqué qui même s’il n’aboutira pas ici, engendrera par la suite des milliers de morts. Ceci n’est pas le printemps arabe, mais bien le contraire car ce que tend à dénoncer le film est non pas la quête vers la démocratie, mais surtout vers un été qui déchante, à contrario d’un printemps porteur d’espoir. 

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