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Amina Zoubir, artiste plasticienne, réalisatrice et commissaire d'exposition d'art vidéo, à L'Expression

«Le pouvoir du mythe et de l'image des femmes algériennes»

Amina Zoubir vit et travaille entre Paris (France) et Alger (Algérie). C'est une artiste plasticienne, réalisatrice et commissaire d'exposition d'art vidéo. Elle compte à son actif de nombreuses expositions de par le monde. La dernière en date a lieu en ce moment en Suède. Femme courageuse et tenace, l'artiste a tenu à aller jusqu'au bout de son travail en résidence et rendre compte de ce travail qui concerne les femmes et, notamment les femmes algériennes du temps des reines berbères et leur impact dans l'histoire contemporaine. Une exposition individuelle très riche, déclinée sur plusieurs supports. Pour en savoir plus et comprendre surtout les intentions de l'artiste, à lire au plus vite ses propos des plus pertinents...

L'Expression: Vous exposez actuellement depuis le 27 avril et jusqu'au 27 juin une grande exposition individuelle en Suède, intitulée «Amina Zoubir prend position sur les reines berbères: histoire et mythologie». L'exposition représente le dernier chapitre de vos recherches sur la représentation des femmes dans l'histoire, en particulier en Afrique du Nord à travers les reines berbères et l'imagerie coloniale des cartes postales, mais aussi votre travail sur le corps féminin. En quoi le choix de ces reines berbères participe-t-il à parler de la situation de la femme algérienne contemporaine?
Amina Zoubir: Nous avons besoin de nous rappeler des figures féminines puissantes qui ont compté dans notre histoire collective, afin de transmettre leur mémoire aux nouvelles générations. «L'exposition de Amina Zoubir prend position sur les reines berbères: histoire et mythologie», au Södertälje Konsthall en Suède, c'est ma première exposition personnelle dans ce pays, présentant une sélection de sculptures, de collages, de dessins, de papiers peints ainsi qu'une installation de documents de recherches compilés au cours des trois dernières années, d'une exploration sur la représentation féminine dans l'histoire de l'art en Afrique du Nord, à travers l'imagerie coloniale et les images des reines berbères Tin Hinan (IVe siècle), Kahina Dihya (VIIe siècle) et Lalla Fatma N'Soumer (1830-1863); des reines qui ont dirigé jadis les sociétés matriarcales du Maghreb, mais dont l'histoire a été négligée dans l'enseignement scolaire. J'ai commencé ma recherche suite à la disparition du squelette de Tin Hinan après la rénovation du Musée du Bardo à Alger. Lalla Fatma N'Soumer, par exemple, a été une figure essentielle du mouvement de résistance contre l'invasion coloniale française. Tin Hinan a traversé le désert du Sahara à pied pour échapper à l'oppression romaine. Kahina Dihya a été décapitée en raison de sa position influente alors qu'elle dirigeait les troupes contre la conquête arabe. Alors, quel rôle, peuvent jouer des cartes postales coloniales et l'imagerie des reines berbères aujourd'hui, et comment ces images se sont-elles inscrites dans la perception des corps
féminins? Comment peuvent-elles influencer l'émancipation de la femme algérienne contemporaine? Les questions sociales et les études de genre liées aux relations hommes-femmes dans la société algérienne contemporaine sont indéniablement liées aux études postcoloniales que nous devons prendre en considération.

Le corps comme métaphore d'un lieu, d'une géographie où l'appartenance identitaire semble un élément essentiel dans votre travail. Pourriez-vous nous en parlez?
Dans mes travaux antérieurs, comme la série de six performances «Prends ta place» réalisée à Alger en 2012 dans des lieux étudiés selon une sociologie de genre, particulière à une géographie et une société: les cafés, les rues, les stades de football, les plages, les salons de coiffure et les marchés aux vêtements, tout comme dans mes travaux artistiques récents, je continue l'exploration de la représentation du corps féminin à travers l'histoire et l'histoire de l'art, spécifiquement en Afrique du Nord, montrant aujourd'hui un besoin fondamental de créer des images fiables de femmes fortes dans un pays miné par un Code de la famille injuste, dont plusieurs femmes algériennes ont demandé son abolition pendant les manifestations du Hirak.
Cela me fait penser à ce que le psychiatre et philosophe algérien Frantz Fanon, qui a soutenu la guerre d'indépendance de l'Algérie, a écrit: «Dans le monde que je traverse, je me crée sans cesse», ce qui souligne la complexité et l'importance fondamentale de l'impact de la société sur le corps physique et le psychisme. Or, je crois que les artistes africains doivent identifier ce qu'ils doivent transmettre à leur société et aux générations suivantes. Je considère l'art comme un prolongement de l'humanité. Nous devons prendre conscience de la nécessité de créer un regard distancié sur les images établies pour s'ouvrir à des concepts renouvelés et stimulant la pensée critique de la société à travers l'art.

Cette exposition fait-elle suite à une résidence artistique? Dans quelles conditions travaillez-vous compte tenu de la situation sanitaire qui prévaut actuellement dans le monde?
Cette exposition fait suite à ma résidence d'artiste à Stockholm, en Suède, au début de l'année 2020, nous avons inauguré l'exposition à distance, sans public et sans vernissage pour éviter la propagation du coronavirus, il existe toutefois un lien Internet pour visiter virtuellement l'exposition.
Le Comité suédois des subventions aux arts a largement soutenu ce projet d'exposition et je l'en remercie grandement pour son engagement à soutenir les artistes. Il est crucial durant ces temps difficiles de pandémie, où l'on doit rester chez soi pour continuer à travailler et à créer des oeuvres en tant qu'artiste, que les institutions soutiennent les projets artistiques et les expositions pour nous permettre à tous de survivre grâce à l'art qui nous éveille le corps et l'esprit.

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