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Entretien avec Abdelmadjid Attar

«Nous n'avons pas de politique énergétique»

Ancien P-DG de Sonatrach et ministre de l’Hydraulique, Abdelmadjid Attar est l’un des experts les mieux avertis des questions énergétiques. Il revient dans cet entretien, sur les enjeux que sous-tend la loi sur les hydrocarbures.

L'Expression: Globalement, quelle appréciation faites-vous de la loi sur les hydrocarbures?
Abdelmadjid Attar : Le projet de loi est bien sûr globalement bon. Une nouvelle loi aurait dû même être établie il y a longtemps, bien avant 2014, au lieu d'être simplement amendée en 2013. C'est le moment choisi qui n'est pas bon et encore moins l'urgence invoquée pour la simple raison qu'entre 2013 et aujourd'hui, le monde entier est entré dans une nouvelle ère, un nouvel environnement aussi bien énergétique qu'économique, qui impose la mise en oeuvre d'une véritable politique énergétique dont la loi pétrolière n'est qu'un volet ou un maillon devant être obligatoirement lié à d'autres volets ou préoccupations majeures: indépendance et sécurité énergétique, transition énergétique, risques climatiques, environnement et développement durable, le tout tenant compte des intérêts des générations futures et non de celles d'aujourd'hui.

S'il n'existe aucun risque de bradage de la souveraineté nationale sur les richesses du sous-sol, qu'est-ce qui ne va pas dans cette loi?
Il n'y a effectivement aucun risque de bradage de la souveraineté nationale, en dehors de quelques améliorations et précisions destinées surtout à éviter des situations de blocage ou de conflits en arbitrage dans le futur et ma position à ce sujet a été largement reprise par la presse. Ce n'est pas la loi qui ne va pas, mais ce qui peut en découler dans son application dans le futur par des institutions, un gouvernement, un Parlement, un système politique et un mode de gouvernance qui vont certainement survenir dès 2020 et que personnellement je ne connais pas encore. Imaginez que demain, cette nouvelle Algérie au sens large que nous souhaitons tous, vienne à décider de «tout effacer et recommencer à zéro» à travers une véritable politique énergétique qui tient compte des autres défis que j'ai évoqués.
Il est très probable que cela se fera non seulement avec des textes d'application (de cette nouvelle loi), mais aussi en tenant compte des autres défis. Il sera alors possible de voir survenir des contradictions ou des situations de non-application de la nouvelle loi. Cela pourrait entraîner alors une sorte d'instabilité législative, et c'est ce qui fait fuir en général les partenaires potentiels dont le secteur des hydrocarbures algérien en a tant besoin je le reconnais.

Cette loi prend-elle en charge la nécessité d'une politique énergétique nationale?
Cette loi n'est qu'un volet de la politique énergétique, et surtout des nouvelles stratégies en la matière, développées de plus en plus par tous les pays, qu'ils soient producteurs ou importateurs de ressources énergétiques. A ma connaissance, il n'y a pas encore de politique énergétique en Algérie, mais seulement des politiques sectorielles, parfois tout juste des programmes sectoriels répétitifs d'année en année. Le Conseil national de l'énergie lui-même ne s'est réuni qu'une seule fois il y a plus de 20 ans.

Le gouvernement veut adopter cette loi sous le sceau de l'urgence, pensez-vous que cette attitude est la bonne?
Je reconnais qu'il y a effectivement deux types ou niveaux d'urgence, celui du gouvernement qui veut préserver la rente pour financer ses programmes (sociaux surtout) à court terme, et celui de la Sonatrach qu'on met sous pression pour non seulement contribuer au maintien de la rente, mais aussi assurer la sécurité énergétique du pays à long terme avec les mêmes ressources énergétiques (réserves), alors qu'elle n'a ni les moyens (financiers surtout) ou de moins en moins à cause de la chute du baril, ni la liberté d'action (en matière d'initiatives et d'innovation) pour le faire.
Or, cette loi n'aura aucun effet immédiat à cette hauteur dans les mois et même les deux ou trois années à venir, en matière de niveau de production (rente), de réserves ou de recettes d'exportation qui ne dépendent que du prix du baril hélas!
C'est tout cela et tout ce que je viens de dire précédemment qui me permet de penser qu'il n'y a pas d'urgence, ou au moins que l'urgence invoquée n'est pas opportune, et que même si cela est le cas, il aurait été préférable et plus rassurant aussi bien en interne qu'en externe de renforcer l'adhésion populaire autour de l'élection présidentielle, de rassurer les partenaires potentiels de Sonatrach en matière de partenariat et la Sonatrach ou Alnaft savent le faire parfaitement, et enfin laisser ce «chantier» au futur président, car cette précipitation laisse croire qu'il n'y a pas de confiance dans ce qui va advenir de l'Algérie au-delà du 12 décembre 2019.

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