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17 octobre 1961 : les faits sont têtus

«A cinq mois de la fin de la guerre d’Algérie, le 17 octobre 1961, Paris a été le lieu d’un des plus grands massacres de l’histoire contemporaine. Ce jour-là, des dizaines de milliers d’Algériens manifestent pacifiquement contre le couvre-feu qui les vise depuis le 5 octobre et la répression organisée par le préfet de police de la Seine, Maurice Papon. La réponse sera terrible. Des dizaines d’Algériens, entre 150 et 200, sont exécutés. Nombreux sont ceux qui furent noyés dans la Seine. Pendant des décennies, ce crime de la guerre d’Algérie sera occulté. » Le témoignage de l’historien Gilles Manceron, dans La Triple Occultation d’un massacre, aura contribué à lever le voile imposé par une large frange de la classe politique française sur une des pages les plus sombres de l’ histoire coloniale. La gravité du crime a été relevée par deux historiens britanniques ( Jim House et Neil MacMaster, in Les Algériens, la République et la terreur d’Etat ) pour qui les massacres du 17 octobre 1961 ont été « la répression la plus violente jamais subie par une manifestation de rue, en Europe occidentale ». Mais l’occultation des faits fut imposée par l’ Etat français, pour des raisons multiples dont la plus évidente est que ce crime a été commis au mépris de toutes les lois en vigueur et dans une totale impunité. Pierre Vidal-Naquet qui s’est interrogé sur les facteurs de cette occultation a conclu à une « énigme ». Depuis, il y a eu la « reconnaissance » prudente du président Hollande mais, officiellement, ni Maurice Papon, rattrapé en 1998 par ses exactions durant l’occupation allemande, ni le Premier ministre Michel Debré, dont le rôle a été prééminent, ni le ministre de l’Intérieur, Roger Frey, qui a piloté la machine n’ont eu, à ce jour, de comptes à rendre, sinon à la justice divine. L’Histoire raconte que le général de Gaulle, « pris » par le référendum d’autodétermination, aurait été « très irrité » par ce massacre en plein Paris où les loups, cette fois, venaient de l’intérieur. Pourtant, il faut bien reconnaître qu’il s’est employé, lui aussi, à jeter un voile « pudique » sur cette sinistre dérive de l’Etat français qui a usé de la censure et mis fin, sans état d’âme, aux rares instructions judiciaires, toutes sanctionnées, d’ailleurs, par des non-lieux. Autre déni, il y a eu tous ces décrets d’amnistie pour les auteurs du « maintien de l’ordre en France » et l’omerta absolue sur l’ensemble des archives. Mais, comme le disait Lénine, « les faits sont têtus ». 

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