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Trains de vie

C’est une réalité méconnue mais qui n’en demeure pas moins, cruelle, dans un pays où la justice sociale est un credo permanent : l’impôt en Algérie, depuis l’indépendance du pays, est un des domaines où l’injustice s’avère la plus pesante. Qui plus est, elle concerne en premier lieu l’Etat lui-même puisque des estimations situent à plus de 12 000 milliards de DA les sommes qui échappent indûment au Trésor public, soit presque le double du budget national. Ce n’est un secret pour personne que de nombreuses catégories échappent totalement à l’impôt, sous quelque forme que ce soit, et que ce sont surtout les fonctionnaires qui s’en acquittent, bon gré mal gré, «à la source» puisque le montant est défalqué sur la fiche de paie. Selon l’Association nationale des conseillers fiscaux, la pression de l’impôt est très forte en Algérie mais le problème reste qu’elle ne s’exerce en réalité que sûr une partie de la population. Or, quand on sait que près de 50% de l’activité économique du pays se fait dans l’informel, on comprend vite pourquoi des fortunes se sont bâties à une cadence effrénée, visibles à l’œil nu et affichées jusqu’à l’indécence, compte tenu de l’absence d’une attention fiscale soutenue qui porterait, entre autres aspects, sur le train de vie des concernés.
Cela dit, il n’y a pas que le secteur informel qui échappe, depuis des lustres, à cette attention théorique, d’autant plus théorique d’ailleurs qu’elle s’accompagne, société oblige, d’un fardeau non moins informel qui s’appelle la corruption. Plusieurs tentatives ont été faites qui visaient à drainer les acteurs de l’informel vers un exercice beaucoup plus transparent, mais en vain. On comprend pourquoi. Qui aurait envie, dans ce no man’s land, de paraître au grand jour et de tomber sous le couperet du redressement le plus soft possible ? Il faut noter que d’autres exemples expliquent, faute de pouvoir les justifier, ces défiances : de simples fonctionnaires dont il est très facile d’évaluer les revenus depuis le début de leur carrière affichent pignon sur rue, très au-dessus de leurs ressources légales et cela dans la tanquillité la plus sidérante. Les remèdes tels que la révision des taux d’imposition ne sont rien d’autre qu’un cautère sur une jambe de bois et ce n’est certainement pas de cette façon qu’il y aura un jour une véritable justice fiscale dans le pays. Au fait, dans les années 80, l’APN avait débattu d’un impôt sur la fortune, vite décrié, et à deux reprises, elle a dû revoir à la hausse le barème sous la pression des concernés de l’époque, avant... d’abandonner purement et simplement l’ambition. L’essentiel n’est-il pas de contenter tout le monde et son père ?

De Quoi j'me Mêle

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