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Présidentielle en Tunisie

Kaïs Saïed franchit les portes de Carthage

Kais Saied, farouchement indépendant, a exclu tout accord avec les partis. Ennahdha avait toutefois appelé à voter pour lui. En revanche, rares avaient été les appels explicites à voter pour Nabil Karoui.

Des milliers de Tunisiens sont descendus dans la rue, dimanche soir, pour fêter la très large victoire de l’universitaire Kaïs Saïed, donné par des sondages deuxième président élu au suffrage universel en Tunisie, avec plus de 40 points d’avance sur l’homme d’affaires controversé Nabil Karoui. M. Saïed, théoricien de la Constitution aux convictions conservatrices, a remporté plus de 70% des voix, selon les sondages ( 72,5% selon l’institut Emrhod, 76,9% selol’institut Sigma ). Immédiatement après l’annonce vers 20h00, des milliers de personnes se sont rassemblées sur l’avenue Bourguiba, dans le centre de Tunis, klaxonnant et chantant l’hymne national.
Les résultats officiels ne sont tombés qu’hier vers 17h30. Mais les jeux «étaient déjà faits». Kaïs Saïed a remercié «les jeunes qui ont ouvert une nouvelle page de l’histoire», lors d’une brève apparition devant ses partisans et la presse dans un hôtel. Environ 90% des électeurs de 18 à 25 ans ont voté pour lui, selon les estimations de Sigma, contre 49,2% des plus de 60 ans. «Je vais porter ce message de la révolution de 2011», a-t-il assuré. «Notre projet est basé sur la liberté. L’époque de la soumission est finie. Nous venons d’entrer dans une nouvelle étape de l’histoire», a-t-il martelé. Son rival Nabil Karoui, fondateur de Nessma TV poursuivi pour fraude fiscale et blanchiment, a déploré un «déni de justice», estimant avoir été très pénalisé par son incarcération, durant 49 jours, en pleine campagne électorale. «C’est comme faire les jeux Olympiques et on casse un genou avant de faire les 100 mètres», a-t-il déploré, ajoutant «On veut se défendre.»
Pour ce troisième scrutin en un mois, la participation a été nettement plus élevée qu’au premier tour, atteignant 57,8% avec seulement 70% des bureaux pris en compte. Pour le premier tour, moins d’un électeur sur deux s’était déplacé. Kaïs Saïed, qui n’a aucune expérience du pouvoir et s’est entouré d’une poignée de partisans néophytes en politique, était arrivé en tête du 1er tour, après une campagne de terrain low cost, créant un séisme au sein de la classe politique. Le parti d’inspiration islamiste Ennahdha, arrivé en tête des législatives du 6 octobre, avec 52 sièges au Parlement (sur 217), a appelé ses partisans à se rendre dans le centre de Tunis pour fêter la victoire de Kaïs Saïed. Ce dernier, farouchement indépendant, a exclu tout accord avec les partis. Ennahdha avait toutefois appelé à voter pour lui. En revanche, rares avaient été les appels explicites à voter pour M. Karoui.
La mort en juillet du premier président tunisien élu démocratiquement au suffrage universel, Béji Caïd Essebsi, a avancé la présidentielle de quelques mois, précipitant le pays dans une période politique mouvementée, avec l’arrestation fin août de Nabil Karoui, qui caracolait dans les sondages - une arrestation politique selon lui. Le premier tour mi-septembre a emporté l’ensemble de la classe politique en place depuis 2011. Candidat sans parti, M. Saïed, 61 ans, avait obtenu 18,4% des voix, en exaltant les valeurs du soulèvement de 2011 et en prônant une décentralisation radicale. M. Karoui, 56 ans, avait obtenu 15,6% des voix depuis la prison. Les deux hommes, en rupture avec l’élite politique, ont bénéficié du vote sanction d’électeurs exaspérés par les chamailleries politiciennes et l’horizon économique bouché. Si la sécurité s’est nettement améliorée ces dernières années, après une série d’attentats terroristes dévastateurs en 2015, le chômage continue de ronger les rêves, notamment des jeunes, et l’inflation grignote un pouvoir d’achat déjà faible. Alors que la Constitution de 2014 fait la part belle au Parlement, les regards se tournent vers Ennahdha, chargé de former le nouveau gouvernement, une tâche ardue. « Nous avons commencé nos consultations», a indiqué Rached Ghannouchi qui devra rallier de nombreux autres blocs pour atteindre la majorité de 109 sièges au Parlement. «En principe, c’est Ennahdha (qui dirige le gouvernement) mais après les consultations, plusieurs scénarios sont possibles», a-t-il souligné. L’hypothèse d’un gouvernement de technocrates est ainsi évoquée.

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