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Après l’assassinat d’une figure de la contestation en Irak

La mobilisation ne faiblit pas

Au lendemain de son assassinat, des centaines de personnes ont participé au cortège funéraire de Fahem al-Taï, un père de famille de 53 ans qui était de toutes les manifestations et a été abattu par des tireurs à moto, devant sa maison dans la ville sainte chiite de Kerbala.

L’assassinat d’une figure de la contestation dimanche soir en Irak n’a en rien entamé la mobilisation populaire sans précédent contre le pouvoir et son parrain iranien, déjà marquée par la mort de plus de 450 personnes depuis le 1er octobre. Dans ce contexte d’extrême tension, des roquettes ont blessé six militaires irakiens, hier, sur une base abritant des soldats américains à Baghdad. Il s’agit de la dernière d’une série d’attaques qui inquiètent les Américains, en crise ouverte avec Téhéran, dans un pays où les factions pro-Iran sont désormais intégrées aux forces régulières. Au lendemain de son assassinat, des centaines de personnes ont participé au cortège funéraire de Fahem al-Taï, un père de famille de 53 ans qui était de toutes les manifestations et a été abattu par des tireurs à moto devant sa maison dans la ville sainte chiite de Kerbala. Depuis le début du mouvement inédit réclamant le départ de l’ensemble du pouvoir actuel, plus de 450 personnes ont été tuées et 20.000 autres blessées, à Baghdad et dans le sud chiite. Ces violences —et la tuerie survenue, vendredi soir, près de la place Tahrir à Baghdad— n’ont fait que grossir le campement permanent sur ce site emblématique au cœur de la capitale.e.
Les 20 manifestants et quatre policiers tués vendredi soir sous les tirs ininterrompus d’hommes armés contre un parking à étages occupé par les manifestants a provoqué un choc national. Les chancelleries occidentales ont appelé l’Etat à ne pas laisser des groupes armés «opérer hors de son contrôle», alors qu’Amnesty a questionné le fait qu’un convoi lourdement armé ait pu traverser les barrages de Baghdad pour arriver jusqu’au parking, près duquel la police, déployée, n’est jamais intervenue. Sans désigner de coupable, les ambassadeurs de France, de Grande-Bretagne et d’Allemagne ont dit «encourager le gouvernement à s’assurer que (...) le Hachd al-Chaabi reste à l’écart des lieux des manifestations». Le Hachd, coalition de paramilitaires créée pour combattre le groupe Etat islamique (EI) en 2014, est désormais au cœur de toutes les attentions. Il est composé principalement de milices pro-Iran présentes de longue date en Irak mais qui ont renforcé leur présence à l’intérieur de l’appareil sécuritaire de l’Etat.
Après la tuerie de vendredi, le chef du Hachd nommé par l’Etat a ordonné à ses hommes de ne pas s’approcher des manifestants, ce que les protestataires ont perçu comme un aveu de culpabilité. Avant, pendant et après l’attaque du parking, des dizaines de personnes ont par ailleurs été enlevées et certaines sont toujours portées disparues, selon leurs proches. Depuis le début du mouvement, plusieurs militants ont été retrouvés morts dans différentes provinces et des dizaines d’autres enlevés, plus ou moins brièvement. La dernière en date est Zahra Ali, 19 ans, que son père a affirmé avoir retrouvé sans vie, portant des marques de torture. Vendredi, Zeid al-Khafaji, jeune photographe connu sur la place Tahrir, a été enlevé devant la porte de son domicile. Parallèlement à ces violences, les bases militaires américaines et l’ambassade des Etats-Unis ont été la cible de neuf attaques à la roquette en six semaines. Hier, ce sont quatre roquettes qui se sont abattues sur une base militaire jouxtant l’aéroport de Baghdad, faisant six blessés dont deux graves, dans les rangs des unités d’élite antiterroristes, unique force irakienne entraînée et armée par les Etats-Unis.
Ces attaques inquiètent les Etats-Unis qui envisagent de déployer 5.000 à 7.000 soldats supplémentaires au Moyen-Orient. Aucun de ces tirs n’a été revendiqué. Alors que les violences ont franchi un nouveau palier avec une attaque samedi contre la maison du leader chiite Moqtada Sadr —qui a pris le parti des manifestants—, les négociations politiques sont dans l’impasse. De nombreux noms sont évoqués pour remplacer le Premier ministre démissionnaire Adel Abdel Mahdi, mais tous sont issus de la classe politique inchangée depuis la chute, il y a 16 ans de Saddam Hussein. Face au rejet des manifestants, le grand ayatollah Ali Sistani, figure tutélaire de la politique irakienne, s’est déjà dégagé de toute responsabilité dans la formation du futur gouvernement, de même que Moqtada Sadr, qui contrôle le premier bloc parlementaire.
Le général iranien Qassem Soleimani, émissaire de Téhéran pour les affaires irakiennes, est à la manœuvre avec un dignitaire du Hezbollah libanais pour faire avancer les négociations, alors que le président Barham Saleh a jusqu’au 17 décembre pour désigner un nouveau chef de gouvernement.

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