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Nabil Karoui arrêté, Hafedh Caïd Essebsi malmené

La Tunisie sous les coups de l’intérim

En somme, la Tunisie est en train de vivre une drôle de situation, avant même que ne commence la campagne présidentielle, le 2 septembre prochain. D’ores et déjà, tout le monde est averti que tous les coups sont permis, y compris ceux en-dessous de la ceinture.

Le candidat à la présidentielle tunisienne Nabil Karoui et son frère Ghazi ont été arrêtés, vendredi soir, par les forces de l’ordre à Medjez El Bab, a confirmé, hier, un communiqué du ministère de l’Intérieur. Un mandat d’arrêt a en effet été émis à son encontre pour des accusations de blanchiment d’argent. L’affaire était pendante, depuis déjà un mois et demi, avec une inculpation pour blanchiment d’argent, raison pour laquelle des juges d’instruction et la chambre d’accusation ont procédé à son arrestation, en cette période estivale, au risque de provoquer une grave crise politique. Réagissant aux critiques et aux accusations aussitôt déversées par les milieux politiques et les réseaux sociaux, le ministère de l’Intérieur a rendu public un communiqué pour apporter des « précisions concernant l’arrestation de Nabil Karoui », indiquant qu’une brigade a exécuté le mandat de dépôt émis par la justice à l’encontre de Nabil Karoui, au niveau de l’autoroute Tunis – Béja, et soulignant que le mis en cause en a pris acte auprès des unités sécuritaires qui l’ont conduit à la prison d’El Mornaguia.
Hier, l’Instance chargée des élections en Tunisie ( ISIE ) a indiqué que Nabil Karoui, malgré son emprisonnement, figure toujours dans la liste des candidats retenus pour le scrutin présidentiel du 15 septembre. Pourtant, si son nom est bel et bien « sur la liste préliminaire des candidats » et peut-être sur celle définitive du 31 août prochain, on voit mal comment il pourrait mener campagne à partir de la cellule d’El Mornaguia. Les candidatures de personnes condamnées au pénal peuvent être acceptées en Tunisie, sauf si les jugements sont assortis d’une interdiction de se présenter, a tenu à expliquer le porte parole de l’ISIE. Voire. Dans une première réaction, Rached Ghannouchi, le chef du parti islamiste Ennahdha, principale force au Parlement, a affirmé n’être «pas ravi de cette arrestation», a-t-il indiqué. Nabil Karoui ainsi que son frère Ghazi Karoui sont visés par une instruction judiciaire du pôle financier, en 2017, après le dépôt par l’ONG anti-corruption I-Watch d’un dossier les accusant de fraude fiscale. Le juge d’instruction au pôle financier avait décidé, en juillet dernier, «le gel de leurs biens et de leurs fonds financiers» et les avait informé d’une interdiction de quitter le territoire. Nabil Karoui, qui reste constamment en tête de plusieurs sondages sur les intentions de vote, affirme être victime «de tentatives pour remettre en cause sa popularité croissante». Ennahdha a, en outre, manifesté sa crainte que le politique n’interfère dans les décisions de justice, perturbant le processus électoral, après qu’un ancien membre de son conseil de la Choura, Hatem Boulabiar, eut affirmé son « implication » dans l’arrestation de Nabil Karoui, sur Nessma tv. Le parti de Ghannouchi a dénoncé avec force ces affirmations qui visent à « induire en erreur » l’opinion tunisienne.
Autre motif d’agitation et de colère dans les milieux politiques, en cette veille de campagne électorale tunisienne, le représentant légal de Nidaa Tounes, Hafedh Caïd Essebsi, a dénoncé, dans sa page Facebook parue vendredi soir, le « mauvais traitement dont il a été victime à l’aéroport Tunis-Carthage », à son retour de l’étranger. Hafedh Caïd Essebsi a explicitement accusé le chef du gouvernement, Youssef Chahed d’avoir commandité ces dépassements que les forces sécuritaires basées à l’aéroport et les agents de la Douane lui ont fait subir, avec des fouilles « indécentes et offensantes », méthodes qui, selon le secrétaire général du Courant démocratique (Attayar) et candidat à la présidentielle, Mohamed Abbou, « rappellent les pratiques du régime Benali ».
En somme, la Tunisie est en train de vivre une drôle de situation avant même que ne commence officiellement la campagne présidentielle le 2 septembre prochain. D’ores et déjà, tout le monde est averti que tous les coups sont permis, y compris ceux en-dessous de la ceinture. Quant à l’Etat, il ne peut que s’habituer à un contexte totalement inédit, au lendemain de la démission volontaire et calculée de Youssef Chahed qui a « délégué » ses pouvoirs de chef du gouvernement à son ministre Kamel Morjane. Ce nouveau chef du gouvernement par intérim s’ajoute donc à la présence des deux autres intérimaires que sont le président de la République Mohamed Ennaceur et le président de l’Assemblée des Représentants du peuple Abdelfatah Mourou, mandaté par son parti pour porter les couleurs d’Ennahdha au scrutin du 15 septembre. Un sacré méli-mélo.

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