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Le chef d’état-major et un président de région tués en Ethiopie

Les raisons d’un coup d’Etat avorté

Le Premier ministre Ahmed Abiy tente de démocratiser l’Ethiopie, améliorant la liberté de la presse, le respect des droits de l’homme. Il a fait arrêter, pour cela, des dizaines de chefs militaires et des services de renseignement. Il a réussi la paix avec l’Erythrée, après un conflit de plus de 20 ans.

L’Ethiopie a connu samedi une tentative de coup d’Etat perpétrée par un « groupe armé » dans la région autonome d’Amhara, au nord-ouest du pays. Le gouvernement a indiqué que cette tentative est intervenue dans l’Etat régional d’Amhara, un des neuf Etats autonomes de l’Ethiopie et deuxième région la plus peuplée, en soulignant qu’elle avait pour but de « saborder la paix chèrement acquise dans la région ». Elle doit « être condamnée par tous les Ethiopiens et le gouvernement fédéral a toutes les capacités pour vaincre ce groupe armé », avait aussitôt averti le bureau du Premier ministre Abiy Ahmed. Ce n’est que le lendemain que des informations plus précises ont commencé à être diffusées, Abiy Ahmed ayant annoncé lui-même, hier, que le chef d’état-major de l’armée et le président régional de l’Etat d’Amhara ont été tués au cours de ce putsch avorté dont le principal auteur serait un haut responsable de l’armée, soutenu par d’autres membres.
C’est ainsi que la porte-parole du Premier ministre Billene Seyoum a indiqué que le chef d’état-major de l’armée éthiopienne a été tué samedi soir par son garde du corps, quelques heures après le début de la tentative de coup d’Etat. Comme elle a également confirmé la mort du président de l’Etat de l’Amhara, Ambachew Mekonnen, un autre haut responsable ayant été grièvement blessé. Ce serait un « commando de tueurs » dirigé par le chef de la sécurité de l’Amhara qui a fait irruption dans le siège de la présidence de région où avait lieu une importante réunion et aurait blessé mortellement les deux responsables. « Plusieurs heures plus tard, dans ce qui semble avoir été une attaque coordonnée, le chef d’état-major des forces armées éthiopiennes, Seare Mekonnen, a été assassiné à son domicile par son garde du corps », a précisé la porte-parole du gouvernement, ajoutant qu’un général à la retraite présent sur les lieux a lui aussi été tué. Selon d’autres sources concordantes, on sait que le garde du corps a été arrêté, alors que le chef de la sécurité de l’Amhara, Asaminew Tsige, reste en fuite. Tard hier, la télévision d’Etat a, à son tour, révélé que l’instigateur de la tentative de putsch serait un général de l’armée éthiopienne « à la tête de l’appareil de sécurité de l’Etat ». Alors que le Premier ministre Ahmed Abiy est monté au front pour dénoncer le coup d’Etat avorté et demandé à « tous les Ethiopiens » de demeurer vigilants, la situation paraissait relativement calme même si Internet était totalement coupé.
Deuxième pays le plus peuplé d’Afrique, avec quelque 100 millions d’habitants, l’Ethiopie reste aussi le plus pauvre malgré de spectaculaires progrès au cours de ces dernières années. L’arrivée au pouvoir, l’année dernière, du Premier ministre Ahmed Abiy s’est accompagnée d’une série de réformes en vue de dynamiser davantage l’économie et ainsi de réduire l’extrême pauvreté du plus grand nombre d’Ethiopiens, sachant que le revenu annuel moyen ne dépasse pas les 800 dollars par habitant. Or, sa tâche est loin d’être facile dans un pays dominé par les deux plus importantes ethnies, celles des Amharas et des Oromos à l’avant-garde des grandes manifestations qui ont entraîné la chute de l’ancien Premier ministre Hailemariam Desalegn. En lui succédant en avril 2018, Abiy qui est un Oromo, tente de démocratiser l’Ethiopie, légalisant des groupes dissidents, améliorant la liberté de la presse et veillant au respect des droits de l’homme. Il a fait, en 2018, arrêter des dizaines de responsables de l’armée et des services de renseignement, coupables d’atteintes graves en la matière. Il a réussi enfin le pari d’une paix retrouvée avec l’Erythrée après un conflit de plus de 20 ans. Mais c’est dans le domaine économique où son programme de réformes mené tambour battant se heurte à de fortes résistances qu’il faut chercher les raisons d’un mécontentement de plus en plus manifeste, alors que les heurts interethniques viennent s’ajouter de façon récurrente pour des conflits liés à la terre et à l’exploitation des ressources. Dans cette phase de transition extrêmement délicate, certaines sphères d’influence cherchent aussi à imposer leur diktat en fonction de leurs intérêts. Preuve que l’Ethiopie est dans une phase des plus instables.

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