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Le procureur consterné par l'ampleur du détournement

«Avez-vous un coeur monsieur Ould Abbès?»

12 Ans et 10 ans de prison ferme ont été requis à l'encontre des ex-ministres de la Solidarité, respectivement Djamel Ould Abbès et Saïd Barkat avec la saisie de tous les biens et revenus issus des délits. La partie civile estime le préjudice à plus de 1 857 milliards cts.

Passion et amertume. Le réquisitoire prononcé, hier, par le procureur général près le tribunal de Sidi M'hamed dans l'affaire de dilapidation au ministère de la Solidarité, était passionné et amer. Le jeune représentant du ministère public s'est dit consterné que de voir l'argent des «veuves et orphelins» détourné de sa vocation. Face au box des accusés où les deux ex-ministres de la Solidarité, Ould Abbès et Barkat, étaient assis au premier rang, le procureur s'est écrié: «De quoi est fait ce coeur et cette conscience qui permettent de tels agissements?». Revenant sur les faits qui sont reprochés aux mis en cause dans ce dossier, le procureur va relater l'histoire d'une dilapidation à grande échelle, opérée durant des années, au ministère de la Solidarité en utilisant les comptes des associations pour faire sortir plus d'un millier de milliards cts sous couvert d'aides financières recouvrant des actions de solidarité. Il citera ainsi l'opération d'acquisition de bus pour venir en aide à la wilaya de Ghardaïa, après les inondations. «157 bus ont été achetés dans ce cadre.

L'argent de la solidarité, El Wafi Ould Abbès et la villa Mahrez
Seulement neuf ont été réellement donnés à la wilaya. Le reste, on ne sait pas où il se trouve!» affirme le représentant du ministère public. Ce dernier va citer les dizaines de marchés accordés sans appels d'offres, le renflouement des comptes des associations sans conventions, mais aussi les retraits de grandes sommes d'argent injustifiés des comptes des associations, les faux chèques et l'argent de la Solidarité qui finissait son périple dans la villa Mahrez, entre les mains du fils aîné d'Ould Abbès, El Wafi pour entre autres, le financement des campagnes électorales. L'histoire ne se termine pas là. L'argent circulait sans contrôle à tel point que 22 milliards cts ont été versés dans les comptes de l'UMA (Union médicale algérienne) sans aucune convention. «En se rendant compte, le trésorier a heureusement remboursé cette somme au Trésor public», raconte le procureur pour confirmer la légèreté avec laquelle était géré l'argent public. Il y a mieux. «En deux ans, l'Onea a bénéficié de 170 milliards cts, mais pour ce faire, elle a recouru au changement de son statut. Cette association a accaparé l'action sociale à l'époque de Saïd Barkat», dit le parquet rappelant à l'ex-ministre, son refus d'acquérir des ambulances sous prétexte que le prix était excessif, malgré l'enveloppe de 40 milliards octroyés par l'Etat à cette opération. Il lui rappellera juste après les 350 véhicules acquis par le ministère de la Solidarité et les 90 milliards cts récupérés sans les comptes de l'Onea. Le magistrat s'interroge aussi comment on peut détourner des billets d'avion et les colonies de vacances destinés aux enfants du Sud, au profit des enfants des cadres du ministère? Pour tous, ces délits et d'autres, le parquet a requis des peines allant de 2 à 12 ans de prison ferme. Ainsi pour les deux ex-ministres, il demande respectivement 12 et 10 ans de prison ferme à Djamel Ould Abbès et Saïd Barkat, assortis d'une amende de 1 million de DA chacun et la saisie de tous les biens issus des infractions. Le président de l'Onea, également cadre au ministère de la Solidarité, Hamza Chérif encourt également 10 ans de prison ferme assortis de la même amende avec confiscation des revenus et fonds illégaux. Des peines de 8 ans de prison et d'un million de DA d'amende, ont été requises à l'encontre de l'ancien secrétaire général du ministère de la Solidarité nationale, Bouchenak Khaldi, et du directeur du protocole de Djamel Ould Abbès, Dejellouli Saïd, Ismaïl Benhabiles et Amer Sid Ahmed, des fonctionnaires au ministère, avec confiscation de tous leurs fonds illégaux. En fuite à l'étranger, le fils de l'ancien ministre Djamel Ould Abbès, El Ouafi, encourt une peine de 10 ans de prison avec confirmation du mandat d'arrêt international émis à son encontre. Pour les autres prévenus, des cadres et des agents du ministère de la Solidarité, le procureur a requis des peines d'emprisonnement de 2 à 3 ans et une amende allant de 500000 à 1 million DA.

1200 milliards pour les coloniesde vacances
Dans son plaidoyer, la partie civile composée du représentant du Trésor public et de celui du ministère de la Solidarité, a fait état d'un préjudice dépassant les 1 857 milliards de centimes, dont ont bénéficié quatre associations présidées par l'ancien ministre de la Solidarité, Ould Abbès. Elle a aussi révélé que l'Onea a bénéficié de 1 370 milliards cts en tant qu'intermédiaire pour superviser l'acquisition des outils et les opérations de solidarité, mais il s'agissait en réalité d'un subterfuge pour «éviter le recours aux marchés publics». Le montant couvrant l'acquisition des 1 200 ordinateurs destinés aux lauréats du bac, session 2008, a atteint 86 milliards cts. Seulement 226 appareils ont été remis à l'Onec (Office national des examens et concours), le reste distribué à des personnes qui n'ont aucun lien avec les catégories bénéficiant des aides de l'Etat. Quelque 1200 milliards cts ont été dilapidés par l'Association de solidarité, de paix et de perspectives (présidée par Ould Abbès) dans le cadre du Plan Bleu avec l'organisation des colonies de vacances au profit des enfants du Sud, mis finalement à la disposition d'autres familles, dont des enfants de cadres du ministère.
En prenant la parole, la défense de Djamel Ould Abbès qui a été la première à s'avancer vers la barre, a tenté, pendant des heures, de prouver l'innocence de son mandant. Composée de trois avocats, le premier a insisté sur la politique sociale en Algérie qui concerne tous les secteurs. «Les études, le logement ou encore le médicament, tout est gratuit en Algérie, l'Etat social et solidaire. Ce qu'a dépensé le ministère n'est vraiment rien devant ce que dépense le pays pour ces citoyens», a affirmé l'avocat avant d'insister sur la différence entre les subventions accordées aux associations et les aides financières établies par convention. Selon lui, en 10 ans, le ministère n'a déboursé que 515 milliards cts comme aides des comptes du ministère «et on nous demande de rembourser 1800 milliards cts! Sur quelle base? Y a-t-il eu une expertise?». Outre l'absence d'expertise, les avocats vont aussi rappeler que les opérations de solidarité ont bien été menées rappelant que plus de 140000 enfants du Sud ont connu la joie de la mer. Ils soutiennent aussi que les bus acquis n'ont peut-être pas été distribués à Ghardaïa, mais ont bien servi d'autres APC, clubs sportifs ou organismes de l'Etat. «La Cour suprême a bien bénéficié d'un bus tout autant que la prison d'El Harrach» va lâcher la défense. Insistant sur le fait que le juge du délit ne prononce son verdict que sur des preuves concrètes et non l'intime conviction, la défense soutient que dans le dossier présenté par l'accusation, il n'y a rien qui incrimine son client et que ce dernier n'a pas mis un dinar dans sa poche. Elle réfute au procureur le recours à l'article 48 du Code pénal car la qualité de son client est celle d'un agent public et non d'un fonctionnaire. De ce fait, la peine maximale qui peut-être requise est de 10 ans. Mais, comme le fera remarquer la défense, «il y a prescription puisque les faits datent de plus de 10 ans». Elle demande alors la relaxe pour son client. La même demande a été faite par les avocats des autres prévenus dont les plaidoiries se sont poursuivies jusqu'à une heure tardive. Le verdict sera rendu dans les jours à venir.

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