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Abdelouahab Fersaoui, président de l’association RAJ, à L’Expression :

«Conjuguons nos efforts !»

Dans cet entretien, le président de l’assiociation RAJ, Abdelouahab Fersaoui, revient sur la conférence nationale et le contenu de la plate-forme consensuelle. Pour lui, cette conférence n’est pas une fin en soi. La plate- forme vise à élargir le consensus en vue de créer un rapport des forces nécessaire auprès du pouvoir réel pour imposer une transition démocratique et pacifique.

L’Expression : Le collectif des dynamiques pour le changement démocratique est parvenu à un consensus. Peut-on connaître les contours de la plate- forme?

Abdelouahab Fersaoui : Il est à signaler que la conférence nationale de la société civile de samedi coorganisée avec d’autres collectifs, notamment la Confédération des syndicats algériens, le Forum civil pour le changement. Les rencontres de concertation ont eu lieu depuis le 3 mai entre les trois collectifs ayant pour objectif : sortir avec une seule feuille de route consensuelle qui traduit les aspirations des Algériennes et des Algériens, exprimées dans le mouvement depuis le 22 février, à savoir la rupture avec le système et son changement. La plate-forme propose des mécanismes pour amorcer le processus de transition démocratique indépendamment des symboles actuels du système, rejetés par la rue, afin d’assurer le transfert du pouvoir au peuple, elle contient aussi des mesures nécessaires liées à l’exercice démocratique avant de revenir au processus électoral, car nous considérons que l’organisation de l’élection dans le contexte actuel ne changera rien, au contraire elle va prolonger la crise et ça va permettre le recyclage du système qui a prouvé ses limites et son échec sur tous les plans et qui représente un danger pour le pays.

Comment avez-vous réussi à arracher ce consensus au sein d’un collectif qui compte plus de 75 organisations et syndicats?
Ce consensus est historique et ce quelles que soient les insuffisances qu’il peut y avoir, il est le fruit d’un travail très important, un débat franc et même contradictoire a eu lieu durant ces rencontres de concertation, il y avait beaucoup de propositions, j’avoue que ça n’a pas été facile pour deux raisons principales. La première est comme vous le saviez inhérente au pouvoir algérien, notamment durant les 20 ans de règne de Bouteflika, qui a tout fait pour casser et affaiblir toutes formes de médiations dans la société, à savoir les partis politiques, les syndicats et les associations, nous n’avions pas, auparavant, des opportunités pour travailler ensemble, discuter nos contradictions. La deuxième est liée à la composante du collectif qui n’est pas homogène et au sein duquel on trouve des dynamiques de différents horizons et de différentes sensibilités et idéologies. Mais la volonté et la détermination des dynamiques présentes étaient au rendez-vous, ça a été un défi pour nous tous de trouver les compromis nécessaires afin de construire des consensus sans céder à nos principes. Durant ce processus, le mouvement a été la boussole pour le travail du collectif en essayant de traduire le consensus qui existe dans la rue à un autre consensus politique dans la société civile et dans la classe politique. Il est important de consolider et d’élargir ce consensus, car l’organisation de la conférence n’est pas une fin en soi, c’est le début d’un processus long et difficile qui demande plus de cohésion, de lucidité, d’engagement et de détermination.

Quelle sera la prochaine étape ?
Comme vous le savez, cette rencontre est réservée uniquement aux dynamiques de la société civile des trois collectifs, à savoir notre collectif pour une transition démocratique et pacifique, la Confédération des syndicats autonomes et le Forum civil pour le changement. Cet espace n’est pas fermé, il est ouvert aux autres dynamiques qui s’inscrivent dans la rupture avec le système. Comme je vous l’ai dit, cette conférence n’est pas une fin en soi, la plate-forme qui a été adoptée hier sera débattue dans la société, puis d’autres rencontres avec la classe politique et les personnalités nationales sont prévues et cela dans le souci d’élargir le consensus et de créer un rapport des forces nécessaire auprès du pouvoir réel pour imposer une transition démocratique et pacifique. Nous vivons des moments historiques et la responsabilité de tout un chacun est historique, c’est pour cela que nous sommes tous interpellés : partis politiques, société civile, personnalités nationales à conjuguer nos efforts et de laisser de côté notre égoïsme politique, nos divergences et d’être à la hauteur du mouvement qui demande le changement du système.

Vous plaidez pour une période de transition alors que le pouvoir rejette cette démarche et maintient l’option de l’élection comme solution de sortie de crise ...
Le peuple est déterminé à aller jusqu’au bout, il est clair dans ses revendications, il demande le changement du système. Il est temps que le pouvoir écoute le peuple et cesse sa fuite en avant, l’organisation de l’élection présidentielle dans le contexte actuel n’est pas une solution à la crise, au contraire c’est dangereux pour le pays.
La crise est politique et la solution ne peut être que politique indépendamment du cadre constitutionnel, la Constitution actuelle a perdu sa crédibilité, elle est violée à maintes reprises par le pouvoir, en plus, il n’y a aucun dispositif dans la Constitution qui prévoit la situation au-delà du 9 juillet, donc la période de transition est inéluctable et il ne faut pas avoir de complexe, nous ne sommes pas les premiers et nous n’avons pas d’autres solutions, il faut qu’on passe à l’ouverture d’un dialogue franc et sans conditions, ouvert à toutes les forces de la société pour trouver des mécanismes afin de réussir cette transition démocratique et assurer le transfert du pouvoir au peuple, un droit confisqué depuis l’indépendance.

Peut-on dire que le collectif représente le mouvement populaire?
Personne ne représente aujourd’hui le mouvement, d’ailleurs c’est ce qui fait sa force. Ce que nous faisons s’inscrit dans le cadre de notre mandat en tant que société civile, nous essayons de jouer notre rôle de médiation dans la société, d’être une force de proposition et d’actions sur le terrain. Notre initiative vise à renforcer le mouvement en essayant d’alimenter le débat et de donner un prolongement et un contenu politique aux revendications exprimées dans le mouvement.

On assiste actuellement à une série d’arrestations de hauts responsables…
Le peuple a longuement souffert de l’arbitraire de ceux qui ont gouverné le pays et qui ont mené l’Algérie droit dans le mur, donc demander les comptes à ces personnes est une demande populaire et légitime. Mais, il faut qu’on soit vigilant, car rien ne doit nous détourner de notre revendication principale qui est le changement du système. Aujourd’hui on pose la question « qui arrête qui ? » Nous savons tous que la justice algérienne n’est pas indépendante et elle ne peut pas l’être dans deux mois, cela nécessitera un long et profond travail dans le cadre d’un Etat de droit. Nous ne voulons pas l’instrumentalisation de la justice pour absorber la colère du peuple, pour le règlement des comptes, casser et diviser cette mobilisation afin d’assurer une transition clanique dans le système.

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