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Démocratie et presse: même combat!

I nterpellé pour des babioles financières avant-hier à l´aéroport international d´Alger, Mohamed Benchicou, directeur du quotidien Le Matin, a été relâché peu après avoir été entendu au commissariat de l´aéroport. Les policiers, qui l´ont entendu sur ordre du ministère de l´Intérieur, ne portaient ni cagoule ni appareil à fausser la voix.
Des témoins oculaires ont même signalé qu´aucune brutalité n´a été portée sur M.Benchicou. Craint-on si fort la presse, aujourd´hui qu´on en ait arrivé à introduire des civilités qui, il y a vingt ans, auraient fait rire de rage les dernières recrues à la torture du général Pinochet? Il semble, en tout cas, que beaucoup de choses ont changé depuis le fameux 5 octobre 1988 aussi bien dans les moeurs que dans les comportements.
Peut-on, pour qualifier ce qui se passe, parler de révolution en marche? Ce serait sûrement une erreur dans la mesure où dans un pays qui a connu plusieurs décennies d´autoritarisme que ne pouvaient atténuer ni le magistère de la presse ni celui d´un Parlement, tous les deux interdits d´exister pendant une longue période, on ne peut prétendre pouvoir métamorphoser les choses en invoquant le Saint-Esprit. Pour autant, l´Algérie, qui reste un pays encore déstructuré par endroit, un pays aux potentialités économiques prouvées mais auquel incombe devoir de revoir probablement toute l´organisation de sa gestion économique et sociale, a certainement fourni des efforts considérables pour tenter de se rapprocher du point de rupture d´avec son passé houleux.
L´existence d´une presse indépendante, même si elle n´est pas parfaite, prouve, s´il en est besoin, que les efforts évoqués ont été réellement fournis. Des efforts insuffisants sans doute, puisque non contents de voir en elle le «diable en personne», certaines franges du pouvoir, dont les hommes ont réussi jusqu´ici à se faire passer pour d´honnêtes citoyens, se sont finalement vu dépeindre en première page de nos quotidiens en vulgaires malfrats. Voilà, pour faire court, à quoi sert la presse dans un pays comme l´Algérie qui n´a cessé, depuis des lustres, de se faire passer pour un pays démocratique. Or, peu de gens ignorent en l´an 2003, que la notion même de démocratie, née en Grèce dans l´Antiquité, a pu voir ses principes cardinaux se graver rapidement sur l´esprit humain.
L´autre erreur à ne pas commettre serait de croire qu´un pouvoir en place, même le plus près des principes humanistes et du progrès, accepterait aussi facilement de partager son pouvoir, qui est généralement exorbitant, avec la société civile ou encore avec le peuple comme on dit habituellement. Partager son pouvoir? Mais c´est justement là que le bât blesse. Comment? Essayons d´y voir un peu plus clair. En effet, lorsqu´une presse, qui a évolué dans l´adversité la moins tolérante durant une longue période, parvient avec l´appui d´une société civile qui est arrivée après des combats répétés à se défaire de la peur qui lui nouait les tripes pendant de longues décennies, cette presse-là pourra alors exercer son magistère sans que des mesures exceptionnelles lui soient opposées comme aujourd´hui. Alors nous pourrions parler de «quatrième pouvoir». L´affrontement que vit la presse algérienne avec les pouvoirs publics ces jours-ci, n´est en fait qu´une péripétie, comparé à ce que la presse a enduré pendant la période terroriste. Plus de 70 journalistes sont morts pour que l´Algérie vive en démocratie. Or, il se trouve que dans les plis et replis du pouvoir en place, par refus de l´alternance, des gens n´ont cessé de manipuler les médias et même le corps des walis sans parler de l´administration centrale et des êtres de tout poil qu´on a mobilisés pour tenter d´empêcher que ne se produise la rupture définitive avec l´ombre du régime né lors du coup d´Etat du 19 juin 1965. La démocratie et la presse, qui vivent consubstantiellement toutes les vicissitudes dues aux relents réactionnaires de la vie des nations, n´ont pratiquement jamais perdu de bataille. Qui voudrait qu´elles perdent celle en cours?

De Quoi j'me Mêle

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