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Deuxième jour du procès de Abdelghani Hamel et sa famille

Des scandales à donner le vertige

La ténacité de la magistrate et son habileté mettent les accusés en contradiction parfois. Ils tentent des échappatoires et chacun finit par lancer, comme on verserait de l’eau sur le sable : «Je suis innocent.»

Le procès de l'ancien patron de la Sûreté nationale (Dgsn), Abdelghani Hamel et de sa famille a repris ce jeudi au tribunal de Sidi M`hamed. La présidente de la section des délits a entamé la séance en auditionnant Salima Laânani Hamel, épouse de l'ancien directeur général de la Sûreté nationale. La cinquantaine largement entamée, cette dame qui n'avait certainement pas pensé un seul jour se retrouver face à la justice, répond aux questions avec l'hésitation d'une mère qui ne veut pas donner l'impression de «noyer» ses enfants. Elle affiche son innocence, sans le dire ouvertement.
Le regard du juge
Les yeux baissés, écoutant quasi religieusement la juge, elle lève doucement la tête pour répondre. Seule de la famille Hamel à s'être présentée à la barre, tout en étant sous le régime du contrôle judiciaire, Salima Hamel, certainement conseillée par son avocat, nie en bloc les accusations. Ainsi, sur les deux locaux commerciaux à Ouled Fayet et à Chéraga, elle répond: «Mon seul projet commercial consistait en l'ouverture d'une crèche.» Ce n'est pas illégal. Et concernant «les 7000 euros trouvés dans votre compte?», interpelle la juge. «Ils m'ont été offerts en cadeau par mes enfants», répond la dame qui tente une posture digne, malgré une appréhension que trahit son regard fuyant. Un regard qu'elle «balade» entre son mari, ses fils et sa fille. Celle-ci, Chahinez Hamel, visiblement affaiblie par plusieurs semaines d'incarcération, semble tout de même s'être assez bien préparée.
Ses réponses quasi mécaniques sur un ton monocorde où l'on ne sent aucune émotion particulière, devaient l'éloigner d'une peine sévère. La loi est claire, il faut s'y tenir et ne montrer aucune faiblesse. Mais la jeune fille de 22 ans qui joue sa liberté dans ce procès, sait que la partie n'est pas facile. Et pour cause, la juge qui dirige son regard vers Chahinez après avoir consulté des documents sur son bureau ne prend pas de gants. «Vous possédez, en votre nom, une villa et deux logements entre Ben Aknoun et Chéraga. Comment vous les avez obtenus?» interroge la juge. Quasi mécaniquement, la prévenue rétorque: «Ces biens, je les ai eus grâce à mon père et mes frères». A-t-elle servi de prête-nom? Celui qui n'y verrait pas pareille opération serait aveugle. Mais le prête-nom n'a-t-il pas la même responsabilité pénale que l'auteur du délit? Les circonstances atténuantes! Il y aura certainement de cela lors des plaidoiries. Le père et les frères encaisseront tout. Cette impression s'est diffusée dans la salle et se voit même presque confirmée par la suite que prend l'interrogatoire. La juge: «Qu'en est-il des trois millions de dinars et des 1600 euros trouvés sur plusieurs de vos comptes?». Chahinez Hamel: «Ces sommes d'argent m'ont été offertes sous forme de cadeaux par mon père et mon grand-père.» Le système de défense est donc clair. La fille du Dgsn en profite et nie toutes les charges retenues contre elle par le tribunal. Rappelons que la fille de l'ex-patron de la police est accusée d'implication dans des actes de blanchiment d'argent, fausses déclarations et incitation d'agents publics pour l'obtention d'indus avantages. Les deux femmes ont fait ce qu'elles ont pu pour s'extraire de la «bande». C'est autrement plus difficile pour le fils, Chafik Hamel. La juge énumère des propriétés immobilières et foncières, toutes en son nom, dans les wilayas d'Alger et d'Oran. Il y a aussi le logement social dont il a bénéficié d'une manière illégale. Le parvenu parvient à peine à tenir le rythme soutenu de l'interrogatoire. Les preuves d'un comportement quasi mafieux sont vraiment accablantes. Chafik le sait bien et c'est pourquoi il essaye toutes les stratégies du monde pour s'en défaire. Il ne peut pas justifier légalement toutes les sociétés qu'il possède et celles où il est associé. C'est trop flagrant! Pas moins de 16 comptes bancaires! Les questions de la juge le confondent. La ténacité de la magistrate et son habileté le mettent en contradiction parfois.
Comportement mafieux
Il tente des échappatoires et finit par lancer, comme on verserait de l'eau sur le sable: «Je suis innocent.» Difficile à croire. Mais comme le père, la mère et la soeur, Chafik affirme sans conviction: «En aucun cas je n'ai exploité le poste de mon père pour l'obtention d'avantages.» Amiar et Mourad adoptent la même technique: répondre aux questions, tout en ne reconnaissant aucune charge retenue contre eux. A Amiar, la juge demande l'origine du foncier qu'il possède à Alger, Oran et Tlemcen, avec la même force dans la voix, le même ton ferme et la même détermination à avoir la vérité dans les réponses. «Je suis agriculteur. C'est avec mon argent que j'ai acheté ces terrains», répond Amiar, presque sûr d'avoir monté le meilleur système de défense de la famille. Il a une activité économique et la loi l'autorise à gagner de l'argent. Mais cette stratégie prend l'eau lorsque vient le tour de l'ex-directeur général de l'Office de promotion et de gestion immobilière (Opgi), Mohamed Rehaimia. Il est accusé de dilapidation de deniers publics et abus de confiance. «Je n'ai pas occasionné un quelconque dommage à l'Opgi, du fait des locaux vendus à l'épouse de Hamel», se défend-il. Niant tout rapport direct avec l'ex-Dgsn, Rehaimia s'en tient à son rôle de commis de l'Etat qui n'a rien fait d'autre qu'une opération commerciale, sans plus. L'ex-directeur de la Régie foncière de la ville d'Alger, Fayçal Maâchi, l'ex-directeur de l'industrie par intérim de la wilaya d'Oran et l'ancien directeur du cadastre (DCW) de la wilaya d'Oran, Samir Maâlam, tous devant répondre des mêmes charges que le DG de l'Opgi, adoptent le même discours. Les avocats savent qu'ils seront «scarifiés» par le réquisitoire de l'accusation et la défense de la famille Hamel. Le procès promet d'au-tres révélations avec la comparution de plusieurs témoins impotants, à l'image des
ex-ministres des Travaux publics et de la Santé, Abdelghani Zalène et Mohamed Boudiaf, de l'ex-Premier ministre, Abdelmalek Sellal et de l'ex-wali de Tipasa, Moussa Ghelaï.

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