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Obligation du port des masques

Il y a encore du chemin à faire…

Les masques ne sont pas encore au rendez-vous. Les services de sécurité sensibilisent. Les citoyens trouvent des excuses qu’ils estiment valables…

Après deux jours de confinement presque total, les rues du pays retrouvaient, hier, leur foule. Comme durant le Ramadhan, les citoyens étaient autorisés à vaquer à leurs occupations jusqu'au couvre-feu (17h pour la capitale, Ndlr). Les marchés étaient donc pleins de monde, tout comme les magasins encore autorisés à exercer. On se bouscule pour les fruits et légumes, pour le pain ou encore à l'entrée des cafés qui vendent «clandestinement» ce qui est considéré comme un précieux liquide pour les Algériens. On aurait presque oublié la «présence» du coronavirus, tellement la vie semble reprendre son cours normal chez certains. Il aura fallu le passage d'une voiture de police pour nous le rappeler. Les forces de l'ordre ont repris en force leur travail de sensibilisation. Elles parcourent les quartiers et à l'aide des haut-parleurs interpellent les citoyens sur l'obligation de porter les masques et les sanctions que les contrevenants risquent. «Pour votre santé et celle de vos proches, protégez-vous. Le port du masque est obligatoire, ceux qui refusent de le porter s'exposent à une forte amende», lançaient des policiers en faisant retentir les sirènes de leurs voitures, ce qui amusait certains alors que d'autres n'y prêtaient même pas attention...à voir leur attitude détachée, on croirait qu'ils sont des exemples parfaits du respect des consignes sanitaires dictées par les services de santé. Eh bien pas du tout! En plus du non-respect des distances de sécurité, leurs visages n'étaient pas...masqués! «Je ne payerai pas l'amende.» En fait, les personnes ne portant pas un masque étaient beaucoup plus nombreuses que celles qui en portaient. Nous nous sommes rapprochés (plus d'un mètre) de certains d'entre eux pour leur faire remarquer qu'ils risquaient une forte amende et même la prison. La réponse est unanime: «Qu'ils me mettent 1 000 amendes, je ne les payerai pas. Je n'ai pas d'argent pour payer, ils ne peuvent pas m'obliger à le faire, ce n'est pas comme s'ils allaient me retirer mon permis de conduire». Et la prison: «Trois jours ça nous fera du repos et une expérience a raconter.» Des réponses toutes prêtes qui, incroyablement, sont servies par la majorité des personnes interrogées. On «ose» alors chercher les raisons qui les poussent à ne pas se conformer à l'obligation de porter un masque. Chacun trouve une excuse qu'il estime valable. «Il m'étouffe, je ne le supporte pas», nous confie par exemple une quinquagénaire sortie faire quelques courses. Un jeune d'une trentaine d'année lui répond sèchement: «Portez-le vous, ne vous inquiétez pas pour moi.» Un autre du même âge met en avant le fait qu'il était difficile d'en porter un toute la journée et de travailler avec. «Il fait trop chaud, ca m'étouffe. Je le porte, cependant, quand je rentre dans un magasin ou un endroit fermé», dit-il en sortant de sa poche sa «bavette», maltraitée, comme pour apporter les preuves de ses dires. Néanmoins, l'excuse qui revient le plus est celle des prix. «C'est trop cher. Je n'ai pas encore trouvé celle de 40 dinars dont les autorités ont parlé.
Et même à 40 dinars, cela reste trop cher pour moi», s'emporte un père de famille. «Je n'arrive pas à joindre les deux bouts et ils veulent que je m'achète un masque.
Cet argent est mon budget de deux jours», crie-t-il avant d'être rejoint par deux autres personnes qui dénoncent cette «obligation». «On peut fabriquer soi-même ses masques.» «Nous n'avons pas les moyens. C'est à peine si on arrive à nourrir nos familles. Ces masques sont pour nous un luxe», soutiennent-ils. « Ils sont vendus en moyenne 150 dinars. Ça fait 750 dinars pour une famille de cinq personnes», poursuivent-ils avant d'être interrompus par un quadragénaire qui, lui, était bien...protégé. «Regardez, je n'ai pas eu besoin de me ruiner pour un masque. Ma femme me l'a cousu à la maison avec du tissu qu'elle avait déjà. J'en ai plusieurs et elle les désinfecte tous les soirs», dit-il fièrement. «On n'a pas besoin d'un truc luxueux, l'essentiel est que cela nous protège», ajoute-
t-il non sans rappeler que leur santé et celle de leurs proches étaient en jeu. Même si cet homme fait «tomber» l'argument du prix, on décide de se rendre dans les pharmacies et les magasins de produits parapharmaceutiques pour avoir une idée claire des prix et de la disponibilité. Premier constat, c'est disponible, mis à part les masques FFP2 qui sont plus rares et sont réservés au personnel médical. Néanmoins, les masques à 40 dinars n'existent nulle part. Les bavettes chirurgicales sont vendues entre 80 et 120 dinars l'unité! Les masques en tissu entre 180 et 300 dinars l'unité, tout dépend de la qualité alors que les FFP2 sont cédés entre 650 et 1 000 dinars l'unité chez les rares «commerçants» qui en disposent et qui acceptent de les vendre à des personnes qui ne sont pas aux premières lignes de la guerre face au Covid-19. Voilà donc un petit tempo du premier jour de l'obligation du port des masques. Ce n'est pas gagné!

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